Réalisé par Martin Scorsese
Avec
Robert De Niro, Sharon Stone et Joe Pesci
Édité par TF1 Studio
Tout commence par ce qui pourrait être la fin quand, en 1983,
Sam « Ace » Rothstein (Robert De Niro), directeur du Casino
Tangiers de Las Vegas, tourne la clé de contact de sa voiture
piégée à l’explosif.
C’est Nicky Santoro (Joe Pesci), son ami d’enfance, qui, en
voix off, raconte l’histoire, en remontant à l’époque bénie
où les gogos venaient de partout, au lieu d’aller à
Disneyland comme maintenant, et laissaient à Vegas, bon an
mal an, un milliard de $ puisés dans leurs économies. « Les
seuls gagnants, c’est nous ! », assure Nicky.
Sam, un petit bookmaker en délicatesse avec la justice, prend
très à coeur le job de directeur de casino que lui confie la
mafia. Aucun détail ne lui échappe ! Les tricheurs son vite
repérés par des arnaqueurs « repentis » (payés par le casino)
et les employés incompétents expulsés sans préavis. Sam gagne
une nouvelle respectabilité et se fait appeler « Monsieur »
Rothstein.
Tout doit être régulier. Enfin… presque tout, si l’on
oublie qu’une partie de la recette est discrètement prélevée
de la « salle des comptes » (où Sam lui-même n’a pas accès) et
transférée en cash à Kansas City pour alimenter la caisse
noire du syndicat des camionneurs.
Le « professionnalisme » de Nicky, responsable de la
« sécurité », n’a rien à envier à celui de Sam. Père de famille
attentionné, petit homme enjoué, Nicky ne peut plus contrôler
son « efficacité » quand on le met en colère ; bricoleur avec
ça, il sait comment utiliser un étau pour… faire parler les
plus réticents !
Alors que les bénéfices du casino s’envolent, que tout marche
comme une horloge, les choses vont se gâter.
Sam s’entiche de Ginger, une call girl (époustouflante Sharon
Stone !), au point de l’épouser et d’avoir un enfant avec
elle ; mais la belle, même devenue »Madame » Rothstein, a
toujours le béguin pour Lester Diamond (James Woods), son ex
souteneur.
Nicky, devenu incontrôlable, finit par être inscrit sur la
liste noire, ce qui lui vaut l’interdiction d’entrer dans
tout casino. Endossant alors l’apparence d’un bon commerçant,
propriétaire d’une bijouterie et d’un restaurant, il commet
des casses, parfois sanglants.
L’arrogance de Sam et les provocations de Nicky mettent le
casino dans le collimateur du FBI…
Ce film est une brillante démonstration de l’art de Martin
Scorsese. Le récit est déroulé avec une grande maestria : pas
de place laissé à l’ennui tout au long des trois heures - ou
presque - que dure le film, avec une alternance savamment
orchestrée de scènes dramatiques, tendres ou comiques et,
aussi, de moments d’une violence paroxystique, à la limite du
soutenable. Le récit, lui-même, est captivant. Mais l’aspect
« documentaire » du film (adapté, nous dit-on, d’une histoire
vraie), renforce encore son intérêt.
Et les acteurs ! Ce n’est quand même pas rien d’avoir, dans
un seul film, Robert De Niro, Sharon Stone, Joe Pesci et
James Woods, au meilleur de leur forme, sans compter une
pléiade d’acteurs chevronnés dans les seconds rôles et une
cohorte de figurants.
Un film phare dans l’oeuvre de Scorsese, après
Mean Streets (1973, indisponible aujourd’hui, à
rééditer bien vite s’il vous plait !) Taxi Driver (1976, disponible en édition limitée),
GoodFellas (Les affranchis, 1990),
en attendant, bien sûr, la sortie de
Gangs of New York. Un vide à combler d’urgence :
After Hours, une cauchemardesque et brillante comédie noire,
réalisée en 1985 (alors qu’une controverse avec les studios
avait repoussé la réalisation de
La Dernière tentation du Christ), est toujours absente
des catalogues de la zone 2 comme de la zone 1.
L’esthétique des menus a été soignée, dans les tons sang et
or, sur fond noir, tous accompagnés du magnifique choeur
d’ouverture de la Passion selon St. Matthieu de Jean-
Sébastien Bach, repris du superbe générique du film. Les
menus sont sobrement animés, sauf l’introduction du menu
principal.
Le film est divisé en 9 chapitres, sans titres. Le découpage
en chapitres est joliment présenté, chacune des six faces de
dés à jouer ouvrant l’accès à un, puis deux, puis trois,
etc… chapitres, repérés par le visage d’un des acteurs en
médaillon et un numéro. Plus recherché que vraiment
pratique…
Le menu audio offre le choix entre une version DD 5.1 et DTS.
Sous-titres disponibles pour les malentendants et piste
« Audiovision » pour les mal voyant.
Martin Scorsese (VF et VOST, 1.33:1, 60’) est un
intéressant documentaire tiré de la collection « Les
réalisateurs ». Tout commence par une courte introduction de
Jodie Foster, qui voit en Martin Scorsese le plus grand
réalisateur américain du moment. Il est issu d’une famille
d’ouvriers italo-américains vivant en bordure du Bowery, l’un
des plus difficiles quartiers de Manhattan.
L’image (cinéma et télévision) a joué un grand rôle dans
l’éducation du jeune Scorsese dont parents n’achetaient
jamais de livres : cela le conduira à l’école de cinéma de la
New York University. Deux courts métrages primés avant le
premier long, Who’s That Knocking at My Door?, réalisé en
1969. Puis, c’est Hollywood avec Boxcar Bertha, produit en
1972 par Roger Corman. Suivra Mean Streets, écrit par
Martin Scorsese, le film qui le révéla à la critique,
décrivant la faune de Little Italy, bien que tourné à Los
Angeles ; ce film marquera le début d’une longue
collaboration avec Robert De Niro. Puis c’est la renommée
mondiale avec la palme d’or décernée à Taxi Driver au
festival de Cannes 1976, où Jodie Foster tenait le rôle
d’Iris, qui lui fera réussir son passage du statut d’acteur
enfant à celui d’acteur adulte, etc., etc.
Ce documentaire, richement illustré de scènes de films, de
photos de plateau, laisse, opportunément une grande place aux
confidences de Martin Scorsese, jamais ennuyeuses.
Passionnant ! Un modèle du genre !
The Real Casino (VOST, 1.33:1, 14’) fournit
d’intéressantes anecdotes livrées par des témoins de
l’époque, notamment de mafiosi qui ont connu les personnages
qui ont inspiré Sam et Nicky, qu’on nous montre sur des
photos ou des bouts de films. Les mafiosi qui régnaient sur
Vegas venaient de Chicago. Tony Spilotro, dont on nous dit
qu’il se faisait un point d’honneur de tuer lui-même ceux qui
gênaient l’organisation, était apparemment aussi méchant et
incontrôlable que le Nicky du film.
Les filmographies de Martin Scorsese, Robert De Niro,
Sharon Stone et Joe Pesci ont l’air complètes. Dommage,
toutefois, que le titre original des films n’y figure pas.
Un effort aurait pu être fait la bande-annonce, dont
l’image, d’une qualité déplorable, a été recadrée en 4/3 et
doublée en français.
Le tournage se limite à bien peu : 15 photos d’une
méchante qualité technique.
Le Lien Internet conduit à des économiseurs d’écran et
à 5 fonds d’écran.
Parfaite résolution, y compris au fond des lointaines
perspectives de l’immense salle du casino ! Couleurs vives,
contrastées. Un éblouissement de couleurs : les néons du
« Strip » ne font pas dans la sobriété !
La compression ne laisse paraître aucun défaut, du même
niveau de qualité que pour l’édition précédente de TF1 Vidéo.
Le son est très clair, sans effets spectaculaires, donnant
une impression réaliste de profondeur, assez cohérente. Une
courte scène de mitraillage (à 138’) est assez saisissante
(vous n’assistez toutefois qu’à la guerre des gangs ;
n’attendez donc pas les effets spectaculaires de Pearl Harbor
ou de Windtalkers).
Un défaut un peu gênant dans la version doublée en français
(le doublage est supportable) : dans les scènes se déroulant
dans de grands espaces, la salle du casino par exemple, les
voix paraissent très mates, sans cohérence avec l’ambiance
sonore dans laquelle elles baignent.