Erendira (1983) : le test complet du DVD

Eréndira

Réalisé par Ruy Guerra
Avec Irène Papas, Claudia Ohana et Michael Lonsdale

Édité par LCJ Editions & Productions

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Le 09/09/2015
Critique

Eréndira

Eréndira, 14 ans, est l’esclave de sa grand-mère avec laquelle elle vit seule dans une grande maison au milieu du désert. Un soir, épuisée par les corvées de la journée, elle s’effondre sur le lit, oubliant d’éteindre le chandelier. La maison brûle entièrement. Pour se rembourser du dommage, la grand-mère oblige Eréndira à se prostituer.

Premier gage de qualité, Eréndira est l’adaptation faite par Gabriel García Márquez, auteur du scénario, de son roman « L’Incroyable et Triste Histoire de la candide Eréndira et de sa grand-mère diabolique ».

Second gage de qualité, la réalisation a été confiée au Brésilen Ruy Guerra, un des initiateurs, au début des années 60, du Cinema novo avec deux films, La Plage du désir (Os Cafajestes) et Les Fusils.

Eréndira aurait pu être un drame sordide si Gabriel García Márquez et Ruy Guerra n’avaient pas choisi d’en faire un conte surréaliste où s’invitent le rêve et la magie qu’on peut retrouver dans le film mexicain Les Épices de la passion d’Alfonso Arau (Como agua para chocolate, 1992), une autre histoire de jeune fille asservie.

Certes, le sort d’Eréndira n’est pas enviable : elle tient en se répétant « Soy feliz ». Pourtant, « délivrée » par des moines et enfermée dans un couvent avec d’autres filles qui ont « fauté », elle choisira, après un mariage émancipateur qui la soustrait à l’autorité religieuse, de retourner auprès de sa grand-mère.

Irene Papas est stupéfiante dans son interprétation de la grand-mère, un monstre effrayant en comparaison de la douce Eréndira interprétée par Cláudia Ohana (alors l’épouse de Ruy Guerra) ou du personnage d’Ulysse, fragile éphèbe joué par le danseur Oliver Wehe qu’on ne reverra plus sur les écrans. Figurent aussi dans la distribution deux de nos compatriotes : en premier Michael Lonsdale dans le rôle du démagogue sénateur Onésimo, en pleine campagne électorale. Sa devise : « Onésimo es distinto » que certains complètent :  » Onésimo est différent : il est pire que les autres ! ». Puis Rufus, le photographe-philosophe, témoin et commentateur des infortunes d’Eréndira, un peu à la manière du choeur de la tragédie grecque.

Participent aussi à la l’originalité du film, ses décors, ceux de la demeure détruite par l’incendie, la tente de fortune à l’abri duquel Eréndira propose ses charmes, l’immense chapiteau sous lequel la grand-mère a reconstitué un palais fastueux. Ou encore, les décors naïfs peints sur toile destinés à donner un aperçu du futur enchanteur qu’Onésimo promet à tous.

Autre atour du film, sa poésie : le papillon de papier qu’Eréndira veut attraper en plein vol se transforme en un dessin quand il se pose sur un mur ; les flacons deviennent phosphorescents dès qu’Ulysse pose la main dessus ; dans les oranges qu’il cultive naissent des diamants, etc.

Ajoute à la poésie, en écho à l’histoire, la belle chanson de Margaret de Pierre Mac Orlan, mise en musique par l’accordéoniste V. Marceau, interprétée ici par Irene Papas :
Oui j’ai laissé là mes joues innocentes,
Oui à Tampico je me suis défleurie,
Je n’étais alors qu’une adolescente,
Beaucoup trop sensible à des tas d’profits.

Difficile de ne pas céder à l’envoûtement d’un tel film…

Eréndira

Édition - 6,5 / 10

Le DVD-5 est présenté dans un encombrant boîtier de 14 mm. Le menu propose le choix entre version originale (avec sous-titres français optionnels) et un doublage en français, les deux au format Dolby Digital stéréo.

En supplément, au journal de 13 heures d’Antenne 2 du 15 mai 1983, Gabriel García Márquez parle rapidement du film (4’), des décors surréalistes de la campagne d’Onésimo, de la prestation d’Irene Papas. Ensuite, au journal du soir, interrogé pendant 3 minutes par France Roche, il rappelle qu’Eréndira fut une pièce de théâtre avant d’être un roman, puis un film. Toujours attiré par le cinéma, il pensait qu’un film pouvait aller plus loin qu’un livre. Il a changé d’avis après avoir découvert toutes les contraintes qui pèsent sur la réalisation d’un film.

Dernier bonus : la chanson de Margaret par Irene Papas, accompagnée au piano, au cours de l’émission Champs Élysées du 19 novembre 1983 (2’).

L’image (1.85:1), propre, à peine affectée çà et là par un léger fourmillement, montre quelques signes de son âge, avec des couleurs légèrement passées et une définition faiblarde dans les arrière-plans ou dans les scènes peu éclairées où les noirs tendent à se boucher. La qualité d’ensemble reste cependant très acceptable et les défauts constatés ne peuvent altérer le plaisir de voir ou revoir le film.

Le son Dolby Digital stéréo, propre et assez aéré, diffuse avec clarté et dans un bon équilibre les dialogues, la musique et les bruits d’ambiance, dans les deux versions. Le volume d’ensemble est plus élevé dans la version française.

Eréndira

Crédits images : © Les Films du Triangle, Films A2, Ciné Qua Non, Atlas Saskia Film, Austra, Ministère de la Culture de la Republique Française, Regina Ziegler Filmproduktion, ZDF

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
6,5 / 10
Avis

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Philippe Gautreau
Le 9 septembre 2015
Cette fable poétique raconte les heurs et malheurs de la douce Eréndira, obligée par sa grand-mère à vendre ses charmes. Le roman de Gabriel García Márquez, un conte de fées pour les grands, est devenu, grâce au talent de Ruy Guerra, un inoubliable livre d'images.

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