Mahomet (2001) : le test complet du DVD

Réalisé par Chema Sarmiento

Édité par ARTE ÉDITIONS

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Le 10/06/2003
Critique

Ce documentaire est composé de 5 volets de 52 minutes chacun.

1. Vers la prophétie : Mahomet naît à La Mecque, six mois après la mort de son père Abdallah, pauvre caravanier de la tribu des Qoraïch, maîtres de la cité. À la mort de sa mère, alors qu’il n’a que cinq ans, Mahomet est confié à la garde de son oncle, caravanier lui aussi. Au cours de ses déplacements, il découvre d’autres cités, d’autres cultures.
Si les Qoraïchites adoraient alors plusieurs dieux, dont Alat, la divinité féminine, Hoza, la puissante et Manat, la mort, d’anciens textes assyriens et babyloniens se référaient à un dieu unique.

2. La révélation : Mahomet a 40 ans, en l’an 601 de l’ère chrétienne, quand un « ange » lui ordonne de lire un texte l’assurant que c’était « la parole de Dieu ». À partir de là, selon la tradition, les versets, qui allaient plus tard composer le Coran, lui seront dictés, sur une période de 23 ans.

3. Médine et la loi : Mahomet, après avoir converti ses proches, émigre avec eux à Yatrib (qui deviendra Médine), à 350 km au nord, pour échapper aux persécutions des Mecquois, inquiets du développement du monothéisme. Nous sommes en 622 de l’ère chrétienne, l’année de l’hégire, qui marque le début de l’ère musulmane. La cité, où cohabitent plusieurs tribus arabes et juives, nommera Mahomet aux fonctions d’arbitre, de juge de paix. Deux messages de tolérance lui sont alors dictés : « Il n’y a pas de contrainte en religion » et « celui d’entre vous qui le veut, peut croire et celui qui le veut, peut ne pas croire ». Un pacte est alors signé avec les juifs. Peu à peu, les musulmans s’arment pour mener des razzias ou résister au siège des infidèles. Peu à peu, aussi, la religion s’arabise : Mahomet fait remonter la révélation à Abraham, donc à la première source connue du monothéisme, considérant ainsi les religions judéo- chrétiennes comme des déviances. La tribu juive des Qorayza est anéantie en une seule journée : les 900 hommes sont décapités, les femmes et enfants sont vendus comme esclaves.

4. Le pouvoir et La Mecque : alors que s’est élaboré l’essentiel des prescriptions, réparties en trois catégories (commandements, interdictions, choses licites), Mahomet a renforcé son influence et sa puissance. En 630, à la tête d’une armée de plus de 10.000 hommes, il assiège La Mecque, brise les idoles de la Kaaba et impose l’Islam.

5. Le Coran : Mahomet, avant de mourir, en 632, reçoit une dernière « révélation » : l’annonce de la fin de la prophétie. Si la plupart des versets ont été transcrits par les compagnons de Mahomet, de son vivant, sur les « planches » éparses, c’est bien après sa mort que les versets, regroupés en sourates, seront rassemblées dans le Coran, principalement sous le règne de Othman. L’ordonnancement des sourates ne suit pas leur chronologie : les plus longues sont au début du livre, les plus courtes à la fin. Des difficultés d’interprétation résultent du délicat déchiffrage de l’écriture arabe qui procédait alors du nabatéen : seules les consonnes étaient tracées et une même graphie pouvait figurer plusieurs consonnes. De plus, les hadiths, récits de la vie du prophète, provenant de multiples sources, sont devenus, pour certains musulmans, aussi importants que les versets du Coran. D’autres difficultés d’interprétation sont nées d’une contradiction entre deux sourates, qui ne peut pas être levée en raison des incertitudes sur leur chronologie, ou encore de « versets équivoques », qui côtoient les « versets explicites ». Une grande place laissée à l’interprétation explique que certains musulmans croient à l’absence de contrainte en religion, alors que d’autres sont convaincus qu’il est légitime d’imposer l’Islam à tous les « infidèles »…

Se succèdent photos de paysages, interviews d’historiens et de religieux (pas toujours aisé de distinguer les uns des autres), lecture du Coran et récits de la vie du prophète. Sont également insérés, avec plus ou moins d’à propos, des documents d’archive sur le pèlerinage de La Mecque.

Un document foisonnant… Une grande page d’histoire sur la naissance d’une religion qui allait devenir la religion de la péninsule arabique, avant de se répandre hors de ses frontières, tout en se divisant entre plusieurs tendances, schisme après schisme. Le point de vue sociologique n’est pas négligé : on voit, notamment, comment l’Islam a accordé un statut à la femme et comment, dans le temps, ou sous l’influence de contingences locales, ce statut a régressé.

En contrepoint, une splendide musique originale pour instruments orientaux composée par deux… Canadiens, Gaëtan Gravel et Serge Laforest.

Le sujet aurait gagné à être sensiblement resserré, en élaguant parmi les trop nombreux intermèdes où des enfants psalmodient des versets coraniques ou récitent des extraits des hadiths, d’autant que 11 autres récits se retrouvent dans les suppléments.

Présentation - 3,5 / 5

Un surétui protège le boîtier keep case contetant deux DVD joliment sérigraphiés en noir, avec caractères entrelacés mats se détachant du fond brillant.

L’image est belle, bien contrastée. Mais le choix du format 4/3 plein écran, maintenant désuet, est contestable : le format 16/9 s’imposait pour les plans de paysages et d’architecture.

Les suppléments, contenus à la fin du deuxième disque, ajoutent de courts récits à tous ceux, déjà bien nombreux, du film. Pas indispensable…

Les menus sont fixes, élégants, dans ce style oriental (cela s’imposait !), sur fond de musique originale. Il sont proposés avec un choix entre trois langues. Chacun des cinq titres est découpé en une vingtaine de chapitres, repérés par des vignettes fixes et un résumé succinct des faits marquants de la vie de Mahomet.

Choix entre trois versions audio (français, allemand, anglais) en Dolby Digital 2.0, sans différence perceptible de qualité.

On peut, à la volée, changer de version audio et choisir les sous-titres (ou les supprimer).

Bonus - 3,0 / 5

Onze récits des faits et gestes de Mahomet, en langue arabe avec sous-titres.
Ces récits n’ajoutent pas grand-chose à tous ceux, déjà fort nombreux, parsemés sur chacun des cinq titres (on peut, à l’occasion, se demander si l’ajout de bonus à un documentaire présente un quelconque intérêt).
1. le voyage nocturne (3’06”)
2. l’entrée du prophète à Médine (1’47”)
3. « oui, j’ai tué l’oncle du prophète » (2’29”)
4. Mahomet miséricordieux (30”)
5. la désignation d’Ali comme successeur (2’01”)
6. la mort du prophète (2’05”)
7. la construction de la première mosquée d’Égypte (1’34”)
8. Moad Ibn Jalal et les sources de la législation (1’01”)
9. l’arbitrage
10. Karbala dans la mémoire des chiites (1’47”)
11. dans le mausolée du petit-fils du prophète (58”)

Image - 4,0 / 5

L’image est contrastée, les couleurs sont éclatantes. Mais, une fois de plus : dommage que le document n’ai pas été filmé en 16/9 (ou, pire encore, qu’il ait été recadré en 4/3) !

Son - 4,5 / 5

Le son stéréo est clair, mettant en valeur l’excellente musique originale pour instruments orientaux.

Les voix sont correctement enregistrées, tant celles du son direct que celles du doublage.

Coup de chapeau, au passage, pour la qualité du doublage : il ne donne jamais, quelle que soit la langue, dans le registre gnangnan qui nous est souvent infligé !

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Panasonic 36PG50F 16/9 82 cm
  • Philips 957
  • Panasonic 36PG50F
  • Enceintes frontales Energy XL-16B, arrières Sony SS-SR15, Caisson de graves Pioneer S-W150-S