Réalisé par Ida Panahandeh
Avec
Sareh Bayat, Pejman Bazeghi et Navid Mohammad Zadeh
Édité par Memento Distribution
Nahid, jeune divorcée, vit seule avec Amir Reza, son fils de 10 ans dans une petite ville au bord de la mer Caspienne. Selon la tradition iranienne, la garde de l’enfant revient au père mais ce dernier a accepté de la céder à son ex-femme à condition qu’elle ne se remarie pas. La rencontre d’un nouvel homme qui l’aime passionnément et veut l’épouser va bouleverser sa vie de femme et de mère.
Nahid, lauréat du Prix d’avenir au dernier festival de Cannes dans la sélection Un certain regard, est le deuxième film de fiction de la documentariste iranienne Ida Panahandeh, après un téléfilm réalisé en 2011, The Story of Davood and the Dove.
Nahid est le passionnant portrait d’une femme confrontée à un choix crucial : conserver la garde de son fils pour qu’il échappe à la mauvaise influence de son père, immature et toxicomane, ou enfin goûter au bonheur en acceptant la demande en mariage de Massoud.
Si ce thème est universel, Nahid offre également une découverte de l’état des moeurs dans l’Iran provincial, ici dans une petite ville portuaire sur les rivages de la mer Caspienne. Qu’un tel film ait été bien accueilli par le public iranien, selon les dires de la réalisatrice dans l’entretien en bonus, montre un relatif recul de l’intégrisme religieux. Nahid valorise sans détours la détermination de l’héroïne à résister aux pressions de sa famille et de celle d’Ahmad, le père d’Amir Reza. Elle ne se résigne à un enfermement consenti dans la cellule familiale pour rester auprès de son fils et empêcher qu’il suive les traces de son père. Une autre scène montre Nahid papotant avec sa soeur et éclatant de rire en pleine prière.
On découvre dans Nahid une curieuse institution. Comme il ne serait pas toléré, particulièrement dans une petite communauté, qu’un homme et une femme vivent ensemble sans être mariés, les Iraniens ont inventé le » mariage temporaire « , pour trois mois, par exemple. Moyen mi-chèvre, mi-chou auquel Nahid a recours pour convoler avec Massoud sans violer tout à fait l’interdiction stipulée dans son arrangement de divorce.
Le rôle-titre est solidement tenu par Sareh Bayat, découverte en 2011 dans le magnifique film d’Asghar Farhadi, Une séparation (une autre édition sur DVD et Blu-ray par Memento Films) couronné par l’Oscar du meilleur film étranger.
Une réalisation sobre, sans afféteries, une photographie stylée, dans une palette désaturée aux couleurs blafardes de l’hiver, donnent au film le ton réaliste qu’imposait le sujet. Nahid débute et se termine sur le même plan, filmé d’une plage, de la mer qui s’étend avec l’horizon pour seule limite. Peut-être le symbole d’une invitation à parcourir le champ libre qui s’ouvre à l’émancipation de la femme dans certains pays, avec l’aide modeste du cinéma…
Nahid (101 minutes) et ses bonus tiennent sur un DVD-9 logé dans un digipack de 7 mm, décoré sur ses quatre faces du fameux plan sur la mer Caspienne. Le menu fixe et musical propose le film dans sa seule version originale, avec sous-titres imposés.
En supplément, un entretien avec la réalisatrice et l’actrice principale (10’) en persan avec traduction simultanée. Pour la réalisatrice, la vision du film dépasse les frontières du Moyen-Orient : la femme peut être poussée par toutes les cultures aux choix que Nahid doit faire, obligée de protéger son indépendance par le mensonge. Pas de drame sans mensonge, affirme-t-elle, en se référant à Hamlet. Pour finir, une bande-annonce.
L’image (1.85:1) est précise, stable et agréablement constatée dans toutes les conditions d’éclairage avec le choix d’une palette peu saturée, aux couleurs de l’hiver.
Le son Dolby Digital 5.1, propre, restitue les dialogues avec clarté et procure, dans certaines scènes en extérieur une fugace sensation d’immersion. Le très discret accompagnement musical où domine le luth bénéficie d’aigus cristallins.
Crédits images : © Memento Films