Les Monstres - Saison 1 (1964) : le test complet du DVD

Herman, copie crachée de la créature du Frankenstein, est le chef de la famille Munster. Mais c’est son épouse qui porte la culotte, Lily, la fille de Grandpa le vampire, un savant fou qui vit sous le même toit, le plus souvent à huit mètres sous terre, dans la cave où il s’adonne à ses expériences de chimie. En cherchant dans tous les recoins, on trouvera, souvent niché dans un placard exigu, Eddie, dix ans, un petit loup garou, le fils de Lily et Herman. N’oublions pas Marilyn, la nièce qu’ils hébergent, une belle blonde dont les prétendants prennent leurs jambes à leur cou dès leur première présentation à la famille.

La série Les Monstres (The Munsters), une parodie des films de monstres des studios Universal, créée par les deux scénaristes Ed Haas et Norm Liebmann, dura deux saisons cumulant 70 épisodes de 24 minutes. Elle apparut sur les petits écrans le 24 septembre 1964, très exactement six jours après le lancement par ABC TV d’une autre série du même tabac qui tint l’antenne pendant 64 épisodes, La Famille Addams (Série) !

Les Munster résident au 1313 Mockingbird Lane, dans une maison victorienne construite sur le terrain des studios Universal pour le tournage, en 1946, de So Goes My Love, réalisé par Frank Ryan, un biopic sur Maxim Hiram, inventeur en 1899 de la mitrailleuse et aussi… d’un piège à souris !

Les Munster se méfient du monde extérieur, rempli de gens étranges, mais font des efforts, désespérés et désespérants, pour s’intégrer dans la communauté de Mockingbird Heights, une petite ville fictive de Californie.

Le principal ressort humoristique de la série repose sur l’idée que se font les Munster de la normalité, inquiétés par l’apparence physique et les manières de ceux qui les entourent. La série joue, également, sur une inversion des valeurs : Les Munster prennent leur repas quand tous les plats sont bien froids et sont fiers de leur jardin quand fleurs et arbustes sont morts, mais prennent grand soin des mauvaises herbes, soigneusement arrosées.

Les dialogues sont émaillés de jeux de mots aussi inventifs qu’impossibles à traduire et les gags à répétition se succèdent à bon rythme, tel celui de l’apparition du corbeau Charlie qui a pris la place du traditionnel coucou et se mêle de la conversation dès qu’un membre de la famille demande à quelle heure doit avoir lieu tel ou tel événement. D’autres animaux se manifestent de temps à autre, Igor, la chauve-souris qui orbite autour de Grandpa, le vampire aux allures de pingouin, et le chat noir de la maison au rugissement de panthère. L’animal de compagnie qu’on entend souvent mais qu’on ne fait qu’entre-apercevoir, c’est Spot, le dragon qui se cache sous les escaliers.

Fred Gwynne, d’une taille bien modeste en comparaison des 9 pieds (2,74 mètres) que lui attribue le scénario, toisant cependant 1,96 mètre, fait revivre une créature de Frankenstein plutôt caricaturale, tandis qu’Yvonne De Carlo conserve la beauté de Sephora qu’elle incarnait dans Les Dix commandements de Cecil B. de Mille, version de 1956. Le personnage de Marilyn change d’interprète au cours de la série : à partir de l’épisode 14, Beverley Owen est remplacée par Pat Priest, plus effacée.

Deux remakes ont été entrepris, l’un toujours sous l’égide d’Ed Haas et Norm Liebmann, The Munsters Today (1988-1991), 73 épisodes, sorti sur DVD seulement en zone 1. En 2012, une seconde tentative, sous le titre Mockingbird Lane, a tourné court après le tournage du pilote d’une quarantaine de minutes.

Les Monstres contient son lot de trouvailles, comme l’ineffable voiture customisée que Lily offre à Herman pour son anniversaire ou les miroirs qui se brisent à chaque fois qu’un membre de la famille s’y contemple un peu trop longtemps… Mais on peut finir, après une quinzaine d’épisodes, par ressentir la répétition de situations déjà vues.

Les Monstres, malgré cette réserve, reste un agréable divertissement.

Les Monstres, saison 1 (38 x 24 minutes) et ses suppléments (60 minutes) tiennent sur six DVD-9 logés dans un boîtier (non fourni pour le test, pas plus que le livret de 12 pages qu’il doit contenir). Un menu verdâtre, animé par une brume méphitique, sur le motif musical insistant du générique, propose les épisodes en version originale, avec sous-titres optionnels, et dans un doublage en français, les deux en mono Dolby Digital 2.0.

Elephant Films comble, avec cette édition, un manque dans le catalogue des séries vintage. La livraison de la saison 2 (30 épisodes de 24 minutes) n’a pas encore été annoncée.

Sur le disque 4, le pilote inédit de la série (13’, en couleurs), avec, dans les rôles de Lily et d’Eddie, deux autres acteurs que ceux qui seront finalement retenus.

Sur le disque 5, un amusant portrait de famille (couleurs, 24’, la durée d’un épisode) : un outil statistique perfectionné a sélectionné les Munsters comme l’archétype de la famille américaine moyenne. Grandpa, comte de Transylvanie, est ulcéré par cet étiquetage vulgaire et les journalistes dépêchés par un magazine pour interviewer la famille n’imaginent pas ce qui les attend.

Enfin, sur le disque 6, un bonus inédit commandé par Elephant Films en 2016, Universal Munsters (22’). Romain Nigita, journaliste spécialisé dans les séries, passe en revue la galerie des monstres qui ont hanté les studios Universal pendant trois lustres, de 1930 à 1945, incarnés par Bela Lugosi qui endossa pour la première fois la cape du comte transylvanien dans le Dracula de Tod Browning en 1931, l’année où Boris Karloff commence à apprendre à marcher en titubant dans le Frankenstein de James Whale, avant, quelques mois après, de s’emmitoufler dans les bandelettes de La Momie. Toutes ces redoutables créatures vous attendent, avec leurs congénères, dans l’indispensable Universal Pictures Monsters - Coffret 8 films sorti en 2012 et toujours disponible, à petit prix, avec un bon lot de bonus ! Les choses commencent à se gâter quand le filon s’épuise pour céder la place à des parodies, toujours sous la bannière de Universal, avec le duo Abbott et Costello, de 1950 à 1955.

L’image (1.33:1) offre un noir et blanc soigneusement débarrassé des marques du temps avec des blancs lumineux et des noirs denses. Les contrastes accentués, particulièrement dans les premiers épisodes, deviennent ensuite plus doux, avec de bons dégradés de gris.

Le son Dolby Digital 2.0 mono, bien nettoyé, restitue clairement les dialogues, malheureusement « agrémentés » de rires en boîte dans la version originale. Ils ont disparu dans le doublage en français, plus mat et, une fois n’est pas coutume, légèrement trop en retrait.

Crédits images : © Elephant Films