Naked War (2014) : le test complet du DVD

Femen: Naked War

Réalisé par Joseph Paris

Édité par Éditions Montparnasse

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Le 12/10/2017
Critique

Naked War

Le mouvement féministe Femen fut fondé à Kiev en 2012 par trois jeunes femmes, Anna Hutsol, Oksana Chatchko et Alexandra Chevtchenko. Leur objet : défendre la cause des femmes en protestant contre la prostitution, contre les religions, contre toute soumission ou exploitation, d’où qu’elle vienne… Son mode opératoire : apparaître torse nu en public, un slogan peint sur le corps. Au fil du temps, leur mouvement s’est internationalisé. Joseph Paris les a suivies un temps, caméra à la main…

Un vent d’Est

Avec Naked War, son premier film, tourné en 2014 (la même année que Je suis FEMEN, réalisé par Alain Margot), sorti directement en vidéo, Joseph Paris entre dans l’intimité du groupe Femen, interroge les fondatrices ukrainiennes et d’autres qui ont grossi les rangs du mouvement, une Allemande, une Française et, plus inattendue, une Tunisienne.

Naked War, « la guerre nue », c’est l’image qu’elles veulent donner de leur mouvement, notamment par la posture martiale qu’elle prennent à chaque manifestation, fermement campées sur leurs jambes, les bras levés, bien droits, pour scander leurs slogans ou brandir des pancartes.

Joseph Paris les suit dans la préparation de quelques actions : l’invention des slogans, courts, en anglais, langue universelle dans laquelle elles s’expriment aisément, la répétition des gestes, l’apposition des peintures de guerre, le plan d’attaque.

Naked War

In gay we trust!

Naked War filme à Paris l’action sur le terrain, sur le champ de bataille pour rester dans la métaphore guerrière, quand les jeunes femmes surgissent sur la scène du salon du porno au beau milieu d’un strip-tease pour dénoncer la marchandisation du corps féminin, quand elles perturbent un défilé de l’association Civitas contre le mariage pour tous, avant d’être sérieusement rudoyées par le service d’ordre, ou encore, quand elles viennent, à l’occasion de la démission du Pape Benoît XVI, sonner les cloches nouvellement fondues de Notre-Dame, encore exposées dans la nef pour fustiger la position du Vatican sur l’avortement et l’homosexualité… La présence d’esprit du réalisateur qui a continué à filmer après que le service d’ordre ait éteint l’éclairage de la nef nous vaut une surprenante séquence : l’éclairage stroboscopique des flashes des journalistes renforce considérablement l’impact de l’image !

Le réalisateur souligne les images par ses propres commentaires, en français ou en anglais selon la version choisie, chaleureusement favorables aux jeunes femmes, avec l’appui de deux observateurs, l’écrivain et poète Anne Le Brun et le philosophe Benoît Goetz, dont les commentaires n’ajoutent rien d’essentiel au « poids des images ».

On sort de Paris à deux occasions, pour une protestation sur le stade de Kiev, en plein milieu de l’Euro 2012, une autre atteinte au « sacré », le football, dont les Femen voulaient épingler les dérives mercantiles. Puis, à Tunis, sur l’avenue Bourguiba, où trois d’entre elles, des françaises, sont allées demander la libération d’Amina Sboui, une de leurs sœurs d’armes, emprisonnée pour avoir posté sur le net une photo d’elle, poitrine nue, exhibant le slogan Fuck your morals!

On peut, bien entendu, contester les méthodes choisies par les Femen pour communiquer leurs idées, plus facilement que battre en brèche leur pertinence. S’attaquer à la prostitution, à l’homophobie, à la liberté de pensée… tout ça est infiniment louable. Mais Naked War a le grand mérite de montrer qu’on peut, sans violence (qui vient toujours de ceux qui réagissent contre la présence des perturbatrices), attirer fortement l’attention du public, ce que les jeunes « guerrières » ont indiscutablement réussi à faire.

Naked War

Édition - 7 / 10

Naked War (58 minutes) tient sur un DVD-9 logé dans un boîtier de 14 mm, glissé dans un étui. Le menu animé et musical propose deux versions. Une version, dite originale, dans laquelle le réalisateur commente les images en anglais, langue des sous-titres de dialogues en ukrainien et en français. Et une version « française », dans laquelle le réalisateur commente son film dans sa propre langue et dans laquelle les dialogues en anglais et ukrainien sont sous-titrés en français.

En dépit de la bonne maîtrise de l’anglais de Joseph Paris, la version française s’impose aux francophones.

Les sous-titres, incrustés dans l’image, sont placés beaucoup trop haut dans le cadre.

Pas de supplément. Juste la bande-annonce de deux documentaires édités par les Éditions Montparnasse : La Possibilité d’être humain, une discussion des fondements de la société actuelle, et Lettre à Anna, un hommage à Anna Politkovskaïa, journaliste opposée à Vladimir Poutine, assassinée le 7 octobre 2006, auquel s’ajoute une analyse critique de la Russie d’aujourd’hui.

L’image (1.78:1) est particulièrement nette, lumineuse et bien contrastée, sans aucun défaut de compression (toute la place disponible sur le DVD double-couche a été utilisée pour ne loger qu’une heure de film). La qualité des archives filmées insérées dans le montage est variable, mais toujours acceptable.

Le son Dolby Digital 2.0 stéréo des deux versions restitue avec une surprenante clarté les mesures dépouillées et syncopées de l’accompagnement musical au piano et, très correctement les dialogues. Là encore, la qualité peut fléchir dans certaines archives. Toutefois, la faible séparation des deux voies ne permet pas de discerner d’effet stéréo.

Naked War

Crédits images : © Joseph Paris - LaClairière Production

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
7 / 10
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Philippe Gautreau
Le 12 octobre 2017
Naked War, tourné au sein des FEMEN, le premier film de Joseph Paris, a le grand mérite de montrer que ces jeunes "guerrières" ont réussi, sans recourir à la violence, a fortement attirer l’attention sur leur combat : la défense de la cause des femmes, la protestation contre l’homophobie.

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Naked War
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