Réalisé par Jessica Hobbs
Avec
Emily Watson, Ben Chaplin et Mark Bonnar
Édité par Koba Films
Une femme menottée est conduite dans un fourgon cellulaire à l’Old Bailey, la Cour d’assises de Londres. C’est le docteur Yvonne Carmichael, la cinquantaine, chercheuse dans la thérapie génique. Il y a neuf mois, au sortir d’une présentation de ses recherches devant les parlementaires, elle s’est laissé séduire par un inconnu qu’elle reverra régulièrement, Mark Costley, dont un des fantasmes était de faire l’amour dans les lieux publics, la nuit tombée. La découverte de son adultère par un collègue a bouleversé la vie d’Yvonne…
La jaquette de Sous influence (Apple Tree Yard) proclame : « par les créateurs de Broadchurch », ce qui est doublement faux : Broadchurch n’a qu’un créateur, Chris Chibnall, qui n’a rien à voir avec l’autre aventure. La seule connexion qu’on puisse trouver entre les deux séries est que la réalisatrice d’Apple Tree Yard, Jessica Hobbs, a réalisé deux des vingt-quatre épisodes de Broadchurch.
Le scénario de Sous influence (Apple Tree Yard), coécrit par Amanda Coe et Louise Doughty, est une adaptation du roman éponyme de cette dernière, publié en 2013, Apple Tree Yard, le nom d’une ruelle située entre Piccadilly Circus et St James’s Park.
Fear: that’s what makes animals of us all
La peur, c’est ce qui fait de nous des animaux… C’est ce que pense Yvonne dans le fourgon cellulaire qui l’amène devant ses juges dès la première scène de la minisérie. Un flashback nous ramènera neuf mois en arrière, dans le hall des Houses of Parliament, là où débute sa liaison avec Mark Costley. Ce qui pourrait n’être qu’une banale histoire d’adultère bascule dans le drame, dans l’horreur même, quand Yvonne, au milieu du premier épisode, est brutalement violée par un collègue à la fin d’une soirée trop arrosée.
Sous influence (Apple Tree Yard), en flirtant avec le genre du thriller, tire une grande partie de son impact d’un scénario et de dialogues crédibles rendant intensément compte du traumatisme causé par un viol et des multiples conséquences qu’il entraîne, de la peur qu’il engendre et de la honte à l’idée d’être livrée en pâture à l’opinion qui pousse la victime à ne pas porter plainte.
Emily Watson, dans une interprétation sobre, retenue, réussit à faire ressentir, avec un même naturel, le plaisir que tire Yvonne de sa liaison avec Mark et l’impact du viol dans sa vie. Le remarquable film de Lars von Trier, Breaking the Waves, l’a placée au niveau des meilleures actrices britanniques et elle a confirmé son talent dans une soixantaine d’oeuvres, parmi lesquelles se distinguent Les Cendres d’Angela (Angela’s Ashes, Alan Parker, 1999), Appropriate Adult (Jullian Jarrold, Neil McKay, 2011, saluée par quatre BAFTA), Le Mari de la ministre (The Politician’s Husband, 2013, qui lui valut un FIPA d’or à Biarritz en 2014), deux brillantes miniséries uniquement disponibles au Royaume Uni. Lui donne la réplique, dans le rôle de l’énigmatique Mark Costley, Ben Chaplin, vu dans Mad Dogs - Saison 1, saison 1, 2011, et dans son remake américain dans lequel son nom est en tête d’affiche.
Sous influence (Apple Tree Yard), une histoire poignante, racontée sans sensiblerie, captive l’attention jusqu’à l’élégant twist final, au point qu’on en arriverait presque à ne plus entendre la musique d’accompagnement, aussi intrusive que peu inspirée.
Sous influence (Apple Tree Yard) (4 x 58 minutes) tient sur deux DVD-9 logés dans un keep case de 14 mm.
Le menu animé et musical propose la version originale, avec sous-titres optionnels placés trop haut, et un doublage en français, les deux au format Dolby Digital 2.0 stéréo.
Pas de bonus vidéo.
L’image 1.78:1, finement résolue, lumineuse, affiche des couleurs naturelles, bien étalonnées assurant une agréable lisibilité de l’image dans les scènes de jour, comme dans celles de nuit.
Le son Dolby Digital 2.0 stéréo de la version originale, en dépit du niveau systématiquement trop élevé de l’accompagnement musical, restitue clairement les dialogues, placés plus en avant dans le doublage en français. Les deux voies sont faiblement séparées.
Crédits images : © Kudos