Un inspecteur vous demande (2015) : le test complet du DVD

On a mis les petits plats dans les grands ce soir de 1912 chez le patron d’une filature, Arthur Berling. Sybil, son épouse, Eric, son fils, et lui célèbrent les fiançailles de sa fille Sheila avec Gerald Croft, l’héritier d’un riche industriel. À la fin du repas, quand le porto est servi pour un toast au bonheur des fiancés et que les hommes allument un cigare, Edna, la servante, annonce au maître de maison : « Monsieur, un inspecteur vous demande. » L’officier de police vient l’interroger sur Eva Smith, une jeune ouvrière qu’il a licenciée voilà deux ans et qui vient de se suicider…

Un inspecteur vous demande (An Inspector Calls) est l’adaptation pour la BBC d’une pièce de J.B. Priestley (1894-1984), un prolixe écrivain anglais, auteur d’une trentaine de romans, d’une dizaine de nouvelles et d’une vingtaine de pièces de théâtre, sans compter des essais, critiques littéraires, ouvrages historiques, récits de voyages et scénarios pour la télévision.

Un inspecteur vous demande, sa pièce la plus populaire, a été adaptée une première fois en 1948 pour la télévision, en 1954 pour le grand écran par Guy Hamilton, en France par Pierre Sabbagh, en 1972, dans la case d’Au théâtre ce soir, mais aussi en Russie, à Hong Kong… Et l’adaptation qui nous intéresse aujourd’hui, réalisée en 2015, n’est pas la dernière : l’acteur britannique Jason Farries l’a choisie pour son premier film, sorti en juin 2018 dans les salles du Royaume Uni.

L’adaptation de 2015, due à Helen Edmundson, a été réalisée par la talentueuse Aisling Walsh, plusieurs fois primée, notamment en 2003, aux festivals d’Amiens et de Cherbourg pour Song for a Raggy Boy, un récit sur les abus subis par les enfants dans une maison de redressement catholique d’Irlande en 1939. Son dernier film, Maudie, sorti en 2016, a glané une bonne vingtaine de prix. Ces deux films sont disponibles en vidéo au Royaume Uni.

Cette version d’Un inspecteur vous demande, salué par le Prix du meilleur drame unitaire décerné par les critiques de télévision (Broadcasting Press Guild) bénéficie d’une réalisation soignée, tant des scènes d’extérieur, celles des flashbacks, que de celles filmées dans la salle à manger des Berling, dans des décors qui n’ont rien à envier aux autres coproductions de la BBC, dans une suite de plans rapprochés mettant en valeur le jeu des sept acteurs principaux.

Dans le rôle de l’inspecteur, David Thewlis, vu récemment dans la saison 3 de Fargo, dans celui d’Arthur Berling, Ken Stott, le Balin de la saga Le Hobbit, dans celui de Sybil Berling, Miranda Richardson (Avril enchanté, Parade’s End), dans celui de Sheila, Chloe Pirrie (Guerre & Paix (BBC), version 2016, The Crown), dans celui d’Eric, Finn Cole (Peaky Blinders, Animal Kingdom) dans celui du fiancé Gerald Croft, Kyle Soller (Poldark (BBC 2015)) et enfin, dans celui d’Eva Smith, Sophie Rundle vue notamment dans Enquêtes codées (The Bletchley Circle) et dans Peaky Blinders.

Malheureusement, le thème de l’indifférence des riches envers la dureté et la précarité de la vie des ouvriers et des employés au début du XXème siècle perd une grande partie de son impact en raison du didactisme de la pièce de J.B. Priestley, asséné avec la légèreté d’un marteau-pilon, que peine à racheter l’habile double twist final.

Un inspecteur vous demande (81 minutes) tient sur un DVD-9 logé dans un boîtier épais de 14 mm.

Le menu animé et musical propose le film dans sa seule version originale au format audio Dolby Digital 5.1, avec sous-titres imposés, placés trop haut sur l’image.

Pas de bonus vidéo, non plus. Juste l’habituel Espace découverte de Koba Films avec bande annonce ou extrait de quatre séries : Call the Midwife, La Maison d’Apre-Vent (Bleak House), La Folle aventure des Durrell (dont seule la saison 1 nous est parvenue) et Meurtres au Paradis - Saison 6.

L’image (1.77:1), précise et, à la fois, d’une texture délicate, offre, dans une palette chaude, des couleurs naturelles, bien étalonnées, avec des noirs denses. D’élégants clairs-obscurs mettent en valeur les décors.

Le son Dolby Digital 5.1 restitue avec une parfaite clarté les dialogues et avec finesse l’agréable accompagnement musical de Dominik Scherrer (Ripper Street, The Missing). Une discrète sensation d’immersion, surtout pour les flashbacks en extérieur, est procurée par une timide, mais cohérente sollicitation des voies latérales.

Crédits images : © Drama Republic 2015