Years and Years - Saison 1 (2019) : le test complet du DVD

Years and Years

Réalisé par Simon Cellan Jones
Avec Jade Alleyne, Maxim Baldry et Sharon Duncan-Brewster

Édité par Studiocanal

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Le 20/11/2019
Critique

Une minisérie mêlant farce et tragédie imagine ce que pourrait devenir le monde dans la prochaine décennie. À ne pas manquer !

Years and Years - Saison 1

L’histoire commence à Manchester quelque temps après le Brexit et se termine à l’aube de 2031, au sein de la famille des Lyons, composée de quatre frères et soeurs : Stephen, l’aîné, conseiller financier, Edith, parcourant le monde pour dénoncer les injustices, Rosie, venant d’accoucher de Lincoln dont on ne verra jamais le père, un Chinois, et Daniel, un fonctionnaire municipal gay qui, tombé amoureux de Viktor, un réfugié ukrainien, se sépare de Ralph qu’il venait d’épouser. La mère des quatre est décédée et leur père a fondé une nouvelle famille avec Julie. À l’occasion de chaque fête, les frères et soeurs se retrouvent dans la grande maison de Muriel, leur grand-mère. Les difficultés économiques engendrées par le Brexit, le vacillement des équilibres mondiaux et l’apparition sur la scène politique du Royaume Uni d’une populiste, Vivienne Rook, vont changer le cours de la vie des Lyons…

Years and Years est la dernière création de Russell T. Davies, un des scénaristes britanniques les plus inventifs. La minisérie Dark Season révéla en 1991 ses talents d’écriture et fit connaître une jeune débutante, Kate Winslet, trois ans avant que Peter Jackson n’assure sa réputation internationale avec Créatures célestes (Heavenly Creatures, 1994). Queer As Folk, qu’il créa en 1999, attira outre-Atlantique l’attention sur Russell T. Davies : il participera à l’adaptation américaine, Queer as Folk US (2000-2005, 83 épisodes). Deux longs regards sur les communautés gays, un thème qu’il reprendra avec deux miniséries créées en 2015, Cucumber et Banana.

Years and Years - Saison 1

Un autre sujet l’a particulièrement intéressé, la science-fiction. Il a contribué à la saga Doctor Who (2005) par l’écriture de 34 épisodes, de 2005 à 2015, créé Torchwood en 2006 (41 épisodes), The Sarah Jane Adventures en 2007 (54 épisodes) et Wizards vs. Aliens en 2012 (36 épisodes).

Years and Years combine les deux sujets, en accordant une place importante à la relation entre Daniel et Viktor et à l’imagination d’un futur proche.

Years and Years commence sur le ton de la comédie dont un des ressorts est le personnage de Vivienne Rook, brillamment interprété par Emma Thompson. Cet avatar en jupons de Donald Trump commence à attirer l’attention au cours d’un débat télévisé où on lui demande son avis sur la crise palestinienne. Sa réponse, « When it comes to Israel and Palestine, I don’t give a fuck! », cause des convulsions sur les réseaux sociaux dans les vingt secondes. Ce qui ne l’empêche pas d’enfoncer le clou en ajoutant « Kiev, Yemen, Qatar, I simply do not give a fuck! », puis de réagir à la mort d’Angela Merkel par « Bon débarras ! ». Une recette déjà éprouvée, semble-t-il, pour améliorer son score dans les sondages de popularité. Elle accouche d’une idée qui a dû, un jour ou l’autre, effleurer plus d’un d’entre vous : faire passer un test de QI aux électeurs : « Au-dessus de 70, on peut voter. »

Progressivement, le drame prend le pas sur la comédie avec, notamment, les répercussions sur la famille d’une répétition de la crise financière d’octobre 2008. Pour survivre, Stephen, après avoir perdu son emploi et ses économies, livre des colis à vélo, et Rosie a retapé un camion des années 30 pour vendre des burgers !

Years and Years - Saison 1

Le drame ne frappe pas que les Lyons. Si les saillies de Vivien Rook amusaient d’abord la galerie, son arrivée aux responsabilités inquiète maintenant, dans un contexte d’instabilité géopolitique : Donald Trump, en guise de sanction de la Chine, lance un missile nucléaire sur une île artificielle (bilan : 45 000 morts), l’extrême gauche gouverne l’Italie, la loi martiale est décrétée en Hongrie, les migrants sont systématiquement expulsés… dans le meilleur des cas, etc.

L’imagination fertile de Russell T. Davies fait progresser la science à grands pas : on peut se faire implanter des processeurs pour être « synchronisé », connecté à tout, sans le truchement d’un smartphone ou d’un ordinateur. Devenir « digitale », c’est le rêve de Bethany, la fille de Stephen et Celeste. La crémation des cadavres a été remplacée par un procédé plus écologique, l’hydrolyse alcaline qui liquéfie les cadavres, plus facilement évacuables. On voit apparaître sur les rayons d’alimentation de la viande artificielle, « élevée en laboratoire ». Dans un tout autre domaine, un des amants de passage de Rosie à un robot au vocabulaire réduit, mais doté d’un accessoire pour… fellations !

Years and Years derrière son humour noir et ses élucubrations burlesques peut, notamment en raison de l’ascendant pris par le drame sur la comédie et de l’émergence de visions pré-apocalyptiques, être aussi perçu comme une forme d’avertissement sur les dangers auxquels est, aujourd’hui, exposée la démocratie par la montée du populisme aux bords opposés de l’éventail politique, par l’intoxication colportée par les réseaux sociaux, à coup de tweets lapidaires (suivez mon regard) ou de fake news, par le désamour des représentants élus, communément désignés comme des empêcheurs de l’exercice d’une prétendue « démocratie directe »…

S’il vous arrive d’être concerné par ces questions, n’hésites plus : offrez-vous Years and Years, une série étonnante, intelligente, inventive, servie par une excellente distribution et des dialogues pleins de sel.

Il n’y aura pas de suite a annoncé en septembre Russell T. Davies qui s’affaire à la création d’une nouvelle série, Boys, sur l’arrivée du Sida.

Years and Years - Saison 1

Présentation - 3,0 / 5

Years and Years (6 x 57 minutes) tient sur deux DVD-9 logés dans un boîtier non fourni pour le test, effectué sur check discs.

Le menu animé… et muet (une rareté) propose la version originale, avec sous-titres optionnels, et un doublage en français, les deux au format audio Dolby Digital 5.1.

Sous-titres pour malentendants.

Bonus - 0,0 / 5

Aucun bonus vidéo.

On aurait pourtant bien aimé un entretien avec Russell T. Davies.

Image - 5,0 / 5

L’image numérique (2.00:1), parfaitement définie, avec des couleurs naturelles, agréablement contrastées, et des noirs denses assure une parfaitement lisibilité de tous les plans, y compris pendant les nombreuses scènes de nuit.

Son - 4,5 / 5

Le son Dolby Digital 5.1 de la version originale restitue clairement les dialogues dans un bon équilibre avec le discret accompagnement musical. Une sollicitation cohérente des canaux latéraux réussit à créer une sensation d’immersion dans l’ambiance des scènes filmées en extérieur et, même, en intérieur.

Ce constat s’applique au doublage en français, assez bien fait.

Crédits images : © Studiocanal

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 20 novembre 2019
Une vision inventive, servie par une excellente distribution et des dialogues pleins de sel, de ce pourrait être le monde de demain avec la montée du populisme et l’intoxication colportée par les réseaux sociaux, à coup de tweets lapidaires ou de fake news.

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Years and Years - Saison 1
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