Le Nom de la rose (2019) : le test complet du DVD

The Name of the Rose

Réalisé par Giacomo Battiato
Avec John Turturro, Rupert Everett et Damian Hardung

Édité par Wild Side Video

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Le 25/11/2019
Critique

Une nouvelle lecture du fameux roman d’Umberto Eco, différente de celle faite par Jean-Jacques Annaud dans son film, en 1986.

Le Nom de la rose

En 1327, Louis IV de Bavière, le futur empereur du Saint-Empire Romain, proclame la séparation des pouvoirs temporel et spirituel, ce qui lui vaut l’excommunication par le pape français Jean XXII, installé en Avignon, qui revendique sa suprématie sur tous les princes. La papauté perçoit aussi dans la règle de l’ordre des franciscains, prônant la pauvreté, une autre menace contre l’église catholique. Jean XXII envoie William of Baskerville, un frère franciscain, participer à un échange sur ce thème dans une abbaye bénédictine du Piémont. Le pape, méfiant, dépêche, pour surveiller les débats, Bernard Gui, le grand inquisiteur, celui qui avait fait condamner au bûcher Fra Dolcino, un prêcheur d’inspiration franciscaine qui avait conduit une révolte populaire. Un novice, Adso von Melk, le fils d’un général du Saint-Empire, suit William, chargé, dès son arrivée à l’abbaye, d’enquêter sur la mort suspecte d’un moine…

Le Nom de la rose est la troisième adaptation pour l’écran du roman d’Umberto Eco Il Nome della rosa, publié en 1981, après celle du film Le Nom de la Rose, réalisé par Jean-Jacques Annaud en 1986, et La Abadía del crimen, un obscur téléfilm, diffusé en Espagne en 1987.

Umberto Eco avait cédé les droits d’adaptation de son roman à 11 Marzo Film, coproducteur de la minisérie avec Palomar, Tele München Gruppe et Rai Fiction. Le scénario, qu’Umberto Eco aurait approuvé avant sa mort survenue en 2016, est plus proche du roman que ne l’était celui du film, centré sur la recherche de l’auteur des assassinats.

Le Nom de la rose

Le Nom de la rose, réalisée avec un généreux budget de 26 millions de dollars, diffusée en mars 2019 en prime time par OCS Max, s’ouvre, en effet, assez largement sur le contexte historique du règne de Jean XXII, troublé par la révolte de Fra Dolcino, par le schisme provoqué par Louis IV de Bavière et par la condamnation des richesses, principe fondateur de l’ordre des franciscains. La minisérie accorde aussi une place importante aux discussions doctrinaires, particulièrement dans les épisodes 7 et 8, à l’occasion du procès de Remigio, le bibliothécaire.

Elle porte aussi une beaucoup plus grande attention aux femmes, alors que le film se limitait à la présence, certes inoubliable, de la jeune paysanne qui se prostituait pour manger et avait déniaisé Adso. La minisérie développe le personnage de « la ragazza », mineur dans le roman, et invente celui d’Anna, la prétendue fille de Dolcino, déterminée à venger la mort de ses parents, brûlés vifs sur ordre de Bernard Gui.

Ces libertés prises avec le modèle ont fait couler beaucoup d’encre. Si elles ne s’imposaient pas, elles pimentent l’action, favorisent l’implication émotionnelle du spectateur vis-à-vis des personnages en permettant à la série de toucher un public plus large.

D’autres critiques, en oubliant la portée philosophique du roman qui en fait une oeuvre difficile à mettre en images, ont relevé l’aspect bavard de la minisérie qui parvient, pourtant, à exposer les idées développées par Umberto Eco, presque escamotées par Jean-Jacques Annaud, auquel Umberto Eco avait d’ailleurs reproché de réduire la dimension du roman à celle d’une enquête de Sherlock Holmes.

Le Nom de la rose

Les décors de l’abbaye, construits à Cinecittà, sont réussis, avec des « tricheries » techniques indécelables (révélées, dans le supplément logé sur le disque 4, par les grands panneaux verts surplombant la façade des édifices, à partir de quelques cinq mètres au-dessus du sol). Le reste de la série a été tourné en décors réels dans les Abruzzes, en Ombrie et à Rome. Et la représentation du labyrinthe de la bibliothèque, loin d’être aussi impressionnante que celle du film, crée un cadre suffisamment mystérieux.

Le Nom de la rose tire également des atouts de sa distribution. John Turturro donne une intéressante présence à William of Baskerville, dans un registre, voulu par le scénario, plus grave et plus austère que celui proposé par Sean Connery. Rupert Everett parvient, sans cabotinage, à communiquer la profonde noirceur de Bernard Gui et Michael Emerson, l’inquiétant Ben Linus de Lost, l’ambiguïté du personnage de l’abbé. Le jeune Allemand Damian Hardung s’acquitte bien du rôle d’Adso. Mais Stefano Fresi, malgré un savant maquillage, ne réussit pas à faire oublier la fantastique interprétation de Salvatore par Ron Perlman.

Le Nom de la rose confirme la maîtrise de la mise en scène de Giacomo Battiato, souvent démontrée, notamment dans deux téléfilms exploitant deux registres différents, celui de la comédie légère avec Le Jeune Casanova (Il Giovane Casanova, 2002) et celui du drame absolu avec Résolution 819, un documentaire-fiction diffusé en 2008 sur les massacres de Srebrenica.

Le Nom de la rose

Présentation - 3,0 / 5

Le Nom de la rose (8 épisodes d’une durée cumulée de 413 minutes) tient sur trois DVD-9 et son supplément (92 minutes) sur un quatrième disque, tous logés dans un boîtier non fourni pour le test, effectué sur check discs.

Le menu animé et musical propose les épisodes dans leur version originale en anglais, au format audio DTS Digital Surround 5.1 ou Dolby Digital 2.0 stéréo, avec sous-titres imposés qui auraient pu être placés plus bas sur l’image, et dans un doublage en français au format Dolby Digital 5.1.

Sous-titres pour malentendants.

La minisérie est sortie dans une édition Blu-ray au Royaume Uni et en Allemagne.

Bonus - 3,0 / 5

Dans les secrets du Nom de la rose (92’, en italien et en anglais, sous-titré). Giacomo Battiato, auteur d’une thèse universitaire sur l’hérésie cathare, dit s’être toujours intéressé à l’époque médiévale. Il a veillé à ce que l’esprit du livre d’Umberto Eco, dont le succès a surpris en raison de sa complexité, soit respecté dans l’écriture du scénario, centré sur les tensions entre le pape français Jean XXII et l’ordre des franciscains. On y trouve des thèmes résonnant encore aujourd’hui, l’égalité des hommes et des femmes, la protection des réfugiés fuyant la guerre, l’intégrisme religieux… qui font de la minisérie, trois fois plus longue, une oeuvre très différente du film de Jean-Jacques Annaud. Suit un défilé des principaux acteurs évoquant leur personnage, Fabrizio Bentivoglio (Remigio), Alessio Boni (Fra Dolcino), James Cosmo (Jorge da Burgos), Michael Emerson (l’abbé), Antonia Fotaras (la fille), Stefano Fresi (Salvatore), Damian Hardung (Adso von Melk), Roberto Herlitzka (Alinardo, le vieux moine annonciateur de l’apocalypse, Richard Sammel (Malachia), Greta Scarano (Margherita Da Trento et Anna) et, last but not least, John Turturro, dans le froc de William of Baskerville.

On reste frustré d’avoir trop peu d’informations sur la réalisation de la série, limitées à une brève intervention de John Conroy, directeur de la photographie, et à un aperçu impressionniste des moyens mis en oeuvre par quelques aperçus du tournage. On aurait, par ailleurs, gagné un bon quart d’heure sans les coups d’encensoir échangés entre les participants.

Le Nom de la rose

Image - 5,0 / 5

L’image numérique (178:1), bien définie, dans une chaude palette de couleurs délicatement désaturées, assure une parfaite lisibilité de toutes les scènes, y compris celles filmées à l’intérieur de l’abbaye, souvent en clairs-obscurs, à la seule lumière des bougies.

Son - 5,0 / 5

Le son DTS Digital Surround 5.1 de la version originale, avec une assez large ouverture de la bande passante, une bonne dynamique, restitue avec clarté les dialogues et donne une belle ampleur à l’accompagnement musical. Sa répartition équilibrée sur les cinq canaux crée une cohérente sensation d’immersion dans l’ambiance.

Ces observations valent pour le doublage en français, un peu moins percutant.

Crédits images : © 2018 - 11 Marzo Film, Palomar

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Philippe Gautreau
Le 26 novembre 2019
Cette minisérie créée par Giacomo Battiato nous invite à une relecture du roman d’Umberto Eco différente de celle qu’avait faite Jean-Jacques Annaud dans son inoubliable film, il y a plus de trente ans. Bien réalisée, avec une solide distribution, elle révèle un peu plus de la portée philosophique de l’œuvre originale.

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