Coffret G.W. Pabst - Le Mystère d'une Âme : le test complet du DVD

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Georg Wilhelm Pabst
Avec Greta Garbo, Werner Krauss et Asta Nielsen

Édité par Tamasa Diffusion

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Le 17/02/2020
Critique

Une édition remarquable de 2019 : 12 films de Pabst dont 8 inédits, 5 heures de compléments et un livret par un des spécialistes du cinéaste.

Coffret G.W. Pabst - Le Mystère d'une Âme

Ce coffret regroupe douze films majeurs de Georg Wilhelm Pabst, dont huit étaient encore inédits en vidéo en France : L’Amour de Jeanne Ney, L’Enfer blanc du Piz Palü, Quatre de l’infanterie, La Tragédie de la mine, Don Quichotte, Le Procès, La Fin de Hitler et C’est arrivé le 20 juillet. Avec, en plus, les chefs-d’oeuvre impérissables que sont La Rue sans joie, Loulou, Journal d’une fille perdue et L’Opéra de quat’sous, pour la qualité des restaurations et l’intérêt des compléments, G.W. Pabst - Le Mystère d’une âme est une des éditions majeures de 2019.

La Rue sans joie (Die freudlose Gasse, 1925, 1.33:1, muet, noir et blanc en version teintée, musique orchestrée par Aljocha Zimmermann, Dolby Digital 2.0, 151 minutes). Restauration par le Filmmuseum Mûnchen de l’assemblage de plusieurs copies rescapées des destructions par la censure, sans 600 mètres manquants de la version originale de 3 738 mètres, soit une trentaine de minutes. Adapté d’un roman de Hugo Bettauer, ce drame en neuf actes observe divers milieux de la société viennoise pendant la dépression qui suivit la première guerre mondiale… La prostitution apparaît souvent comme la seule échappatoire à la misère des foyers pauvres où sévissent alcoolisme et violence. Le film qui propulsa Greta Garbo à Hollywood.

L’Amour de Jeanne Ney (Die Liebe der Jeanne Ney, 1926, 1.33:1, noir et blanc, muet, musique orchestrée par Bernd Thewes, Dolby Digital 2.0, 106 minutes). Restauration 2K par L’Immagine Ritrovata à partir de copies et contretypes du Filmuseum München et du MoMA. L’adaptation d’un roman d’Ilja Ehrenburg dans laquelle Jeanne, la fille d’un diplomate français en poste en Crimée, découvre que son amant est un bolchevik lorsqu’il fait exécuter son père. Elle se réfugie chez son oncle à Paris. Mais le jeune homme vient la retrouver… Dans la distribution, Brigitte Helm qui sera, l’année suivante, Maria et le robot dans le Metropolis de Fritz Lang. Aussi un reportage saisissant sur le Paris des années 20, avec ses façades noires et l’intense activité autour des Halles.

Loulou (Die Büchse der Pandora, Variationen auf das Thema Frank Wedekins Lulu, 1929, 1.33, noir et blanc, muet, accompagnement musical de Willy Schmidt-Gentner, Dolby Digital 1.0, 135 minutes). Reconstitué et restauré à partir de copies des années 50 et 60, fortement endommagées. Ce drame en huit actes, inspiré par plusieurs pièces de Frank Wedekin, conte l’histoire d’une jeune femme très libre qui détruit tous les hommes auxquels elle se lie. Le chef-d’oeuvre qui a immortalisé Louise Brooks.

Coffret G.W. Pabst - Le Mystère d'une Âme

L’Enfer blanc du Piz Palü (Die weiße Hölle vom Piz Palü, 1929, 1.33 :1, noir et blanc, muet, musique Ashley J. Irwin, Dolby Digital 2.0, 134’), restauration 2K par ZDF Spielfilm à partir d’un négatif nitrate. Le docteur Johannes Kraft erre seul dans la montagne, inlassablement, là où sa jeune épouse, Maria, emportée par une avalanche, disparut dans une crevasse… (Un intertitre, « Not in den Bergen! » négligemment traduit par « Pas dans la montagne ! » au lieu de « Détresse dans la montagne ! »). Avec Leni Riefenstahl dans le rôle de Maria.

Journal d’une fille perdue (Tagebuch einer Verlorenen, 1929, 1.33:1, noir et blanc, muet, accompagnement au piano par Javier Perez de Azpeitia, Dolby Digital 2.0, 112 minutes). Restauration 2K après reconstitution dans sa version originale, pour réparer les coupes de la censure, par L’Immagine Ritrovata, la Cineteca di Bologna, le Deutsche Filminstitut et la Friedrich Wilhelm Murnau Stiftung, à partir d’un négatif contretype conservé par l’Institut du Film Danois. Le soir de sa première communion, Thymian, la fille d’un pharmacien couche avec le préparateur et tombe enceinte. Rejetée par sa famille qui la fait enfermer dans un foyer pour filles-mères, la jeune fille abandonnée de tous, apprenant la mort de son enfant, s’échappe pour trouver refuge dans une maison close… Le second film de Pabst avec Louise Brooks. Une violente dénonciation de l’hypocrisie, deuxième adaptation du roman de Margarete Böhme, publié en 1905, après celle réalisée en 1918 par Richard Oswald.

Quatre de l’infanterie (Westfront, 1918, Vier von der Infanterie, 1930, 1.20:1, noir et blanc, Dolby Digital 1.0, 92 minutes). Restauration 2K par Alpha-Omega et la Deutsche Kinemathek et par Digimage Classics Paris, à partir d’un positif dupliqué conservé par le British Film Institute. Pendant une permission, trois soldats allemands courtisent Madeleine, une jeune française. Hans, leur ami est resté sur le front… (Une oeuvre pacifiste, adaptée d’un roman d’Ernst Johannsen publié en 1929).

L’Opéra de quat’sous (Die 3 Ggroschen-Oper, 1931, 1.20:1, noir et blanc, Dolby Digital 1.0, 106 minutes). Restauration 2K opérée en 2006 à partir du négatif conservé par la Bundesarchiv-Filmarchiv. Une guerre des gangs sévit à Soho entre la bande de Peachum, le roi des mendiants, et Macheath, dit « Mackie Messer », le surineur, qui courtise la fille de Peachum. Une adaptation de la pièce de théâtre musical de Bertolt Brecht et Kurt Weill de 1928, elle-même inspirée du ballad opera (pièce musicale satirique) de 1728, The Beggar’s Opera, sur un livret de John Gay et une partition de Johann Christoph Pepusch. Pabst a, parallèlement, réalisé une version française, sortie à Paris le 6 novembre 1931, avec Albert Préjean, Florelle et Gaston Modot.

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La Tragédie de la mine (Kameradschaft, 1931, 1.20:1, noir et blanc, Dolby Digital 1.0, 86 minutes). Restauration 2K par la Deutsche Kinemathek à partir d’un positif dupliqué du British Film Institute et, pour la fin du film, d’un négatif du CNC. Le scénario, inspiré par l’explosion des mines de Courrières, dans le Pas-de-Calais, qui fit en 1906 1 099 morts, situe l’accident sur la frontière entre la France et l’Allemagne pour servir le propos de Pabst, souligné par le titre original, « Camaraderie » : prêcher l’amitié franco-allemande en montrant des mineurs de Westphalie venir au secours des Français. « Derrière notre frontière à nous, il n’y a que deux ennemis, le gaz et la guerre ! » dit un mineur français aux Allemands. Un film bilingue avec des acteurs et figurants des deux pays.

Don Quichotte (1933, 1.20:1, noir et blanc, Dolby Digital 1.0, 82 minutes). Restauration 2K par Hiventy pour Les Films du Panthéon, avec le soutien de la Cinémathèque Française, à partir de négatifs originaux nitrates. C’est Paul Morand qui a écrit cette adaptation du roman El Ingenioso Hidalgo Don Quijote de la Mancha, publié par Miguel de Cervantes en 1605. Rappeler que les deux rôles principaux sont tenus par Feodor Chaliapin, le fameux chanteur d’opéra qui avait fui la dictature soviétique pour s’installer à Paris, et par Dorville, le nom de scène de Georges-Henri Dodane, chanteur comique et acteur français, et que l’accompagnement musical est composé par Jacques Ibert, c’est dire la place que Pabst a donné à la musique dans ce divertissement populaire.

Le Procès (Der Prozeß, 1948, 1.37:1, noir et blanc, Dolby Digital 1.0, 103 minutes). Dans un village hongrois, en 1882, Ester, une adolescente, fuit la maltraitance de sa maîtresse. La rumeur qu’elle aurait été enlevée par les Juifs et victime d’un assassinat rituel est le point de départ d’un vibrant plaidoyer contre l’antisémitisme. Salué à la Mostra de Venise par le Prix international du meilleur film et l’attribution du Prix du meilleur acteur à Ernst Deutsch.

La Fin de Hitler (Der letzte Akt, 1955, 1.37:1, noir et blanc, Dolby Digital 1.0, 107 minutes). Berlin, avril 1945. Hitler refuse d’accepter l’inévitabilité de la défaite et décide de rester dans son bunker et de rejeter toute idée de capitulation, contre l’avis de son état-major… Un message s’affiche avant le titre : « Ce film narre l’histoire d’une époque qui ne doit jamais se reproduire…. Cette oeuvre film résolument antinazie est marquée par l’hallucinante interprétation par Albin Skoda d’Adolf Hitler, dont un des derniers ordres aurait été, le 27 avril 1945, trois jours avant son suicide, pour retarder de deux heures l’avancée de l’Armée rouge vers son bunker, de provoquer l’inondation de 25 kilomètres des galeries du métro qui fit un millier de victimes civiles. Oskar Werner interprète un capitaine assassiné alors qu’il tentait de faire annuler cet ordre. Ses dernières paroles à un soldat de 15 ans seront « Sag nicht mehr jawohl! » (Ne dis plus jamais oui !).

C’est arrivé le 20 juillet (Es geschah am 20. Juli, 1955, 1.37:1, noir et blanc, Dolby Digital 1.0, 75 minutes). Une relation de l’attentat contre Hitler planifié par le colonel Claus von Stauffenberg et quelques officiers généraux le 20 juillet 1944 dans la Wolfsschanze (tanière du loup) et du déclenchement du plan de prise des commandes du pays baptisé Unternehmen Walküre. Sur un scénario coécrit par Gustav Machatý, le réalisateur d’Extase (Ekstase, 1933), le film avec Hedy Lamarr qui déchaîna la censure partout où il fut projeté.

Coffret G.W. Pabst - Le Mystère d'une Âme

Présentation - 5,0 / 5

Le Coffret G.W. Pabst - Le Mystère d’une âme, d’un poids respectable (un peu plus d’un kilo et demi) referme, dans un épais cartonnage noir articulé, un solide digipack à douze volets dans lesquels sont glissés treize DVD (10 DVD-9 et 3 DVD-5) ainsi que trois Blu-ray BD-50.

Douze films, un par DVD, plus un DVD avec le documentaire Looking for Lulu, également disponible en complément du Blu-ray Loulou. Trois des films Loulou, L’Enfer blanc du Piz Palü et Journal d’une fille perdue, sont disponibles sur deux supports, DVD et Blu-ray.

De beaux menus fixes et musicaux proposent les films parlants dans leur version originale, avec sous-titres optionnels jaunes, toujours parfaitement lisibles, mais qui auraient pu être placés plus bas sur l’image.

À l’intérieur du coffret, un livret de 132 pages, intitulé Correspondance imaginaire, par Pierre Eisenreich (Positif), une suite de lettres adressées en 2019 au cinéaste disparu en 1967, évidemment restées sans réponse, une « correspondance à sens unique, mais suffisamment investigatrice pour brosser le portrait de cet homme dont l’existence a connu les engagements les plus honorables comme les plus compromettants, en réponse aux conflits mondiaux de la première moitié du XXème siècle. »

La première lettre, introduction, passe rapidement en revue la filmographie de Pabst, au temps du muet avec les iconiques Loulou et Journal d’une fille perdue qui valurent à Louise Brooks son statut de star planétaire, « le parti pris pour les pauvres et la paix » avec La Rue sans joie et L’Amour de Jeanne Ney, le début du parlant avec Quatre de l’infanterie en 1930, L’Opéra de quat’sous et La Tragédie de la mine en 1931, puis « l’irréparable collaboration avec le IIIème Reich », suivie d’une période de rachat avec Le Procès, en 1948, et La Fin de Hitler, en 1955..

Les lettres suivantes, Votre vie, 1 à 4 et celles portant le titre des films majeurs évoquent la vie et l’oeuvre du cinéaste. Sa naissance en 1885 à Raudnitz (aujourd’hui en République Tchèque), la scolarité à Vienne, les débuts au théâtre, comme acteur et metteur en scène au Deutsche Volkstheater de New York, son internement en France dans un camp de ressortissants d’une nation ennemie, de 1914 à 1919, le retour à Vienne, le tournage des premiers films en 1921, la sortie de La Rue sans joie en 1925 qui lança la carrière de Greta Garbo, puis « un nouveau tournant esthétique » avec L’Amour de Jeanne Ney, en 1927 et Loulou, en 1928, la réalisation de L’Enfer blanc du Piz Palü pour effacer le scandale provoqué par Loulou, Journal d’une fille perdue en 1929, les premiers films parlants, Quatre de l’infanterie, en 1930, L’Opéra de quat’sous et La Tragédie de la mine, en 1931, qui lui valut la Légion d’honneur. Les dernières lettres sont consacrées à Le Procès, ainsi qu’à La Fin de Hitler et C’est arrivé le 20 juillet, sur l’Opération Walkyrie, deux films résolument antinazis.

Le livet se referme sur un regret de l’auteur des lettres : « Comme j’aurais aimé vous rencontrer ! », sur la filmographie de Pabst et sur une bibliographie, dans laquelle figure le dossier coordonné par Pierre Eisenreich dans le numéro 693 de Positif, paru en novembre 2018.

Coffret G.W. Pabst - Le Mystère d'une Âme

Bonus - 5,0 / 5

Présentation de La Rue sans joie par Pierre Eisenreich (6’). Deux personnages principaux, Maria et Grete, en font un film féministe, d’un réalisme cru, un portrait au vitriol de l’aristocratie et de la finance. Le seul film teinté de Pabst.

Présentation de L’Amour de Jeanne Ney par Pierre Eisenreich (7’). Film protéiforme, passant de la violence des affrontements entre bolchéviques et Russes blancs au calme de Paris dont il offre une vision étonnamment réaliste (une annonce du néoréalisme).

Version alternative US de L’Amour de Jeanne Ney (96’). Une version plus courte d’une vingtaine de minutes, avec des intertitres en anglais.

Présentation de Loulou par Pierre Eisenreich (9’). Le film le plus connu de Pabst, un chef-d’oeuvre absolu, subversif, l’adaptation de plusieurs pièces de Frank Wedekin, critique acerbe de la faiblesse des hommes à assumer leur libido. Le film, qui fut un échec commercial, assurera, beaucoup plus tard, la célébrité de Louise Brooks que Pabst avait remarquée dans Une fille dans chaque port (A Girl in Every Port, Howard Hawks, 1928, édité sur DVD aux USA).

Looking for Lulu, un documentaire de Hugh Munro Neeley (1998, raconté par Shirley MacLaine, 1.33:1, couleur, 60’). Une passionnante évocation de Louise Brooks, The Girl in the black helmet, par ceux qui l’ont connue. Le rappel du viol qu’elle subit à l’âge de 9 ans, de ses débuts comme danseuse, à 14 ans, dans la troupe des Denishawn Dancers, puis aux Ziegfeld Follies à 17 ans, son arrivée à Hollywood à 18 ans, en 1925, ses deux films avec Pabst, le retour à Hollywood où l’attendent la disgrâce et l’oubli. Puis la découverte tardive de son talent, en 1953, notamment grâce à Henri Langlois, et son investissement dans l’écriture d’articles qui seront recueillis dans Lulu in Hollywood, publié en 1982. Elle meurt en 1985, à l’âge de 76 ans. Un émouvant document, avec une interview de l’actrice en 1976.

Présentation de L’Enfer blanc du Piz Palü par Pierre Eisenreich (7’). Pour se refaire après l’échec commercial de Loulou, Pabst coréalise ce film, sur un thème populaire, l’alpinisme, avec Arnold Fanck, un spécialiste du genre. Une remarquable prouesse technique.

Présentation de Journal d’une fille perdue par Pierre Eisenreich (6’). L’argent rapporté par L’Enfer blanc du Piz Palü permit à Pabst de produire seul un film dont le sujet scabreux aurait été rejeté par les studios. Un aboutissement de la mise en scène et du montage du film muet « où chaque plan est une réponse au regard précédent du personnage ».

Coffret G.W. Pabst - Le Mystère d'une Âme

Naked on My Goat (2015, essai documentaire de David Cairns, 1.33:1, noir et blanc, raconté par Fiona Watson, Dolby Digital 1.0, 12’). Derrière ce titre étrange (« Sur mon bouc, je suis nue »), celui que donna Louise Brooks à une autobiographie qu’elle détruisit, David Cairns rend un hommage inspiré au cinéma de Pabst, essentiellement illustré par des extraits de Journal d’une fille perdue.

Présentation de Quatre de l’infanterie par Pierre Eisenreich (5’). Le premier film parlant de Pabst, radicalement différent des précédents, le premier volet d’une « trilogie communautaire » qui se poursuivra avec L’Opéra de quat’sous et La Tragédie de la mine. Une oeuvre pacifiste, montrant le chaos de la guerre de manière abstraite, surtout par le son.

La Ligne Siegfried (Movietone News, 2’). Un montage par les services d’information américains d’archives antérieures à la seconde guerre mondiale sur les fortifications allemandes de la première guerre mondiale, agrandies par Hitler en 1938.

Présentation de L’Opéra de quat’sous par Pierre Eisenreich (7’). Pabst revient sur ses thèmes favoris, le pouvoir de l’argent et la sexualité, dans une imaginative reconstitution de Soho. Bertold Brecht désapprouva cette adaptation qui gommait le conflit social, un élément essentiel de sa pièce.

Un opéra du peuple (20’), « raconté » par Christine Roger : Bertolt Brecht et Kurt Weill voulaient interpeller le spectateur, par le contenu politique du livret et par la modernité de la musique. C’est donc sans surprise que la pièce sera interdite en 1933 après l’accession de Hitler au pouvoir. Un complément repris de L’Opéra de quat’sous édité par Rimini Éditions en mars 2016.

Présentation de La Tragédie de la mine par Pierre Eisenreich (7’). Le dernier volet de la « trilogie communautaire » de Pabst, une oeuvre pacifiste en réaction aux haines nationalistes montrant des hommes désireux de vivre en harmonie, un élan dont les femmes paraissent tenues à l’écart.

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Courrières 1906 (2019, 27’). Amy Benadiba, conservatrice du Centre historique minier de Lewarde, rappelle en détail la catastrophe du 10 mars 1906 survenue dans trois fosses de la Compagnie des mines de Courrières avec une probable explosion de grisou, suivie d’un « coup de poussière » qui, en quelques secondes, a incendié les galeries et provoqué leur effondrement. Les pompiers de Paris et des équipes allemandes sont venues, après quelques jours, renforcer les secours locaux. Ils trouveront très peu de survivants. Mais 13 hommes réussiront à sortir sans aide de la fosse le 30 mars. Cette catastrophe a fait progresser la sécurité dans les mines. Le film de Pabst retrace assez bien, mais en l’accélérant, l’enchaînement des événements de 1906.

La vie dans les cités minières (20’), un entretien avec Isabelle Mauchin, conservatrice de la Cité des Électriciens qui a pour vocation de faire inscrire au patrimoine mondial de l’UNESCO le bassin minier de Bruay-la-Bussière, dans le Pas-de-Calais. Une intéressante description des conditions de vie dans les « corons » auxquels succéderont les « cités pavillonnaires », des lieux de vie assurant la fourniture de services gratuits pour attirer la main-d’oeuvre.

Présentation de Don Quichotte par Pierre Eisenreich (5’). La montée du nazisme a poussé Pabst à quitter l’Allemagne pour tourner en Algérie L’Atlantide (Die Herrin von Atlantis, 1932) puis Don Quichotte dans le sud de la France. Pabst trouve « une forme d’alter ego » dans le personnage du « roman de toutes les illusions » qui inspira tant de cinéastes.

Présentation de Le Procès par Pierre Eisenreich (7’). Le premier film d’après-guerre de Pabst, le film du « rachat », un brûlot contre l’antisémitisme qu’il avait eu l’intention de réaliser dès 1933. Tourné en Autriche, le film est une réussite esthétique. Il ne sera pas distribué en Allemagne, toujours en cours de dénazification et écarté aux USA.

Présentation de La Fin de Hitler par Pierre Eisenreich (7’) : une dénonciation hallucinante de l’inanité, de la folie du nazisme dans une ambiance claustrophobe. Pabst reprend l’idée d’une scène de Paracelse, qu’il réalisa en 1943, dans l’étrange danse de mort des officiers et des femmes enfermés dans le bunker.

Afrika (4’), une bande d’actualités destinée au public espagnol montre la commémoration par Rudolf Hess, le 9 novembre 1939 de l’attentat de la Bürgerbraükeller de Munich en 1923 qui manqua Hitler mais fit 8 morts et 63 blessés dans les rangs des nazis. Hitler salue les cercueils de soldats morts au combat.

Présentation de C’est arrivé le 20 juillet par Pierre Eisenreich (6’). Une relation chronologique des événements, à la manière d’un reportage, « avec des personnages à la limite de l’abstraction », paraissant dépassés par l’ampleur de leur projet.

Bombing plot (8’). Quelques heures après l’attentat, Hitler reçoit la visite de Benito Mussolini. Suit un extrait de la session du tribunal du peuple présidé par un juge qui aboie des injures à l’encontre de prévenus soupçonnés d’avoir été complices de l’attentat du 20 juillet. Suit la décoration du major Remer, « le soldat politique », pour avoir fait échouer l’opération Walkyrie.

Extraits UFA (3’) Die deutsche Wochenschau, les actualités cinématographiques, montrent Hitler au chevet des officiers blessés lors de l’attentat du 20 juillet.

Film-annonce (3’).

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Image - 4,5 / 5

L’image en noir et blanc (1.33:1 pour les films muets, 1.20 pour les quatre premiers films parlants, 1.37:1 pour les trois derniers (sur les Blu-ray : 1080p pour Loulou, 1080i pour L’Enfer blanc du Piz Palü et Journal d’une fille perdue) est, dans l’ensemble, propre, stable agréablement contrastée avec des noirs denses et un fin étalonnage des niveaux de gris.

L’image de La Rue sans joie et celle de Le Procès est affectée par des taches et rayures résiduelles, un bruit vidéo variable et une légère instabilité lumineuse qu’on retrouve également dans L’Amour de Jeanne Ney. Des défauts inhérents à l’état de conservation des matériaux qui ont servi à la reconstitution des films, jamais vraiment gênants.

L’image de Loulou, de L’Enfer blanc du Piz Palü, de Journal d’une fille perdue, de L’Opéra de quat’sous, de La Tragédie de la mine et de Don Quichotte est d’une surprenante qualité. Non seulement a-t-elle été parfaitement nettoyée, mais aussi magiquement réétalonnée, offrant des blancs lumineux, des noirs denses et un délicat dégradé de gris.

Son - 5,0 / 5

Le son Dolby Digital 1.0 des films parlants est, lui aussi, d’une extraordinaire propreté, débarrassé des bruits parasites par une restauration qui n’a laissé subsister qu’un souffle à peine discernable. Le spectre sonore reste, inévitablement, concentré dans le medium et l’accompagnement musical, au défilement très régulier, n’est que peu affecté par quelques saturations dans les passages forte.

Les compositions accompagnant les films muets, des enregistrements récents, sont d’une irréprochable qualité, au format Dolby Digital 2.0.

Crédits images : © Tamasa Diffusion

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
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Philippe Gautreau
Le 18 février 2020
Douze films majeurs, soigneusement restaurés, de Georg Wilhelm Pabst, dont huit encore inédits en vidéo en France, un livre de Pierre Eisenreich, critique et historien spécialiste de l’œuvre du cinéaste, cinq heures de bonus font de ce précieux coffret produit par Tamasa Diffusion l’une des éditions remarquables de l’année 2019.

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