L'Etincelle : Une histoire des luttes LGBT+ (2019) : le test complet du DVD

Réalisé par Benoît Masocco
Avec Robert Badinter, Jenny Bel'Air et Dustin Lance Black

Édité par Epicentre Films

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Le 28/07/2020
Critique

Il aura fallu beaucoup de détermination et de temps, dans les larmes et la joie, pour que les homosexuels finissent par gagner le droit de vivre au grand jour…

L'Etincelle : Une histoire des luttes LGBT+

Les homosexuels ont dû agir pour que change l’attitude envers eux des autorités et de la société. Ce montage d’entretiens et d’archives retrace cette histoire, des années 60 à nos jours, des deux côtés de l’Atlantique, à New York, Paris, San Francisco et Amsterdam.

L’Étincelle : une histoire des luttes LGBT+, un documentaire sorti dans nos salles en juillet 2019, est l’oeuvre de Benoît Masocco, journaliste, réalisateur de plusieurs courts métrages et d’un long, En ballotage, édité sur DVD par Outplay en 2013.

Entrelaçant entretiens avec plusieurs témoins et archives filmées, avec de l’aide Damien Labbé pour le montage, le documentaire dure un peu plus d’une heure et demie, un temps très court pour traiter ce sujet, sur cinq ou six décennies et dans trois pays.

L’Étincelle : une histoire des luttes LGBT+ réussit pourtant, en rappelant les repères les plus marquants, à retracer clairement l’histoire de ces luttes. Les principaux jalons, aux USA, sont les émeutes de Stonewall à New York, en 1969, qui déclenchèrent la première Gay pride, en 1970, l’élection de Harvey Milk au conseil municipal (supervisory council) de San Francisco et son assassinat le 27 novembre 1978, l’apparition du Sida en 1981, la vague de décès à Castro Street où résidait la majorité de la communauté LGBT qui avait commencé à émigrer à San Francisco en 1972…

L'Etincelle : Une histoire des luttes LGBT+

Il faut moins de deux minutes pour entendre cette phrase dont la stupidité pousserait à s’esclaffer si elle ne rappelait toutes les souffrances qu’elle a, aux yeux de certains, légitimées : « Il apparaît facile d’enrayer une homosexualité naissante, c’est-à-dire de rendre l’individu normal. » La vision de l’homosexualité comme une maladie (mais toujours regardée comme une perversion par les religions monothéistes) est, en effet, aujourd’hui dépassée, notamment, dans la civilisation occidentale, bien que subsistent des poches de résistance : certains états d’Amérique tolèrent encore la « conversion sexuelle », un thème récemment illustré par deux films émouvants, Boy Erased (Joel Edgerton, 2018), Come As You Are (The Miseducation of Cameron Post, Desiree Akhavan, 2018).

Et, bien qu’elles soient hors du champ d’investigation du documentaire, certaines cultures, particulièrement celles de la plupart des pays où l’islam est la religion d’état, les relations homosexuelles sont encore considérées comme un crime sévèrement réprimé et même, dans les communautés qui imposent la charia, exposent leurs auteurs à être lapidés à mort ou, par mesure de clémence, précipités du haut de la terrasse d’un immeuble de dix étages, une exécution que montre le documentaire Salafistes (François Margolin et Lemine Ould M. Salem, 2016).

L’Étincelle : une histoire des luttes LGBT+ prend acte de l’amélioration de la condition des homosexuels auxquels la loi garantit la liberté de s’aimer et, même, dans 27 nations, de se marier. Plusieurs intervenants insistent, à juste titre, sur le chemin qu’il reste à parcourir pour que, dans ces mêmes pays, l’homosexualité soit acceptée par tous, pour que les discriminations auxquelles elle expose ne soient plus qu’un vieux souvenir.

L’Étincelle : une histoire des luttes LGBT+, outre son intérêt historique et documentaire auprès des jeunes générations, a su capter l’émotion des intervenants, leur peine, encore présente, au souvenir des ravages du Sida dans les années 1990, quand l’apparition des taches sombres du sarcome de kaposi annonçait une mort prochaine et douloureuse. Mais aussi leur joie à l’évocation des acquis de leur lutte et des progrès de la médecine.

L'Etincelle : Une histoire des luttes LGBT+

Présentation - 3,0 / 5

L’Étincelle : une histoire des luttes LGBT+ (99 minutes) et ses suppléments (93 minutes) tiennent sur un DVD-9 logé dans un digipack.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, en français et en anglais, au format audio Dolby Digital 2.0 stéréo, avec sous-titres optionnels, en français pour les séquences en anglais, en anglais pour celles en français, qui auraient pu être placés plus bas sur l’image.

Bonus - 4,0 / 5

Autour de L’Étincelle, avec Benoît Masocco (20’). C’est en constatant que la plupart des lieux gays du Marais avaient fermé que l’idée lui est venue que c’était « le bon moment » de raconter dans un documentaire, cinquante ans après Stonewall, une histoire du mouvement gay. Pour cela, il lui a fallu convaincre de témoigner des personnes âgées aujourd’hui de 60 à 80 ans, qui ont pu, avec le temps, « s’hétéro-centrer. » « Une histoire un peu folle, colorée (…) de la communauté gay », précise Daniel Labbé, monteur du film. La recherche, délicate, des archives, a été facilitée par le fonds amassé par la LGBT Society de San Francisco, d’où les deux complices sont revenus, en comptant les interviews et les archives, avec 200 heures de rushes « pour raconter une histoire (…) et immerger le spectateur dans les époques, dans les lieux (…) et dans les ambiances sonores », reconstituées par une nouvelle sonorisation des archives. Cinquante entretiens, « des moments émouvants » et quatre ans de travail sur un thème, celui de l’homophobie qui, malheureusement, reste d’actualité en des temps où, dans plusieurs pays, les homosexuels sont exposés à la mort, par la loi ou la vindicte populaire. L’Étincelle est « autant un hommage qu’un cri d’alerte ».

Entretien avec Robert Badinter (22’). L’homophobie est « enracinée » dans la tradition judéo-chrétienne, le Lévitique regardant l’homosexualité comme une « abomination ». Ce regard n’a pas changé : il a valu deux ans d’emprisonnement à Oscar Wilde et poussé plus d’un au suicide. Difficile, sur ce point de contredire Robert Badinter. Mais il est impossible de ne pas lui reprocher sa présentation biaisée de la portée de la loi du 27 juillet 1982, qu’il a soutenue devant le parlement. Alors qu’il prétend qu’elle avait abrogé « le délit d’homosexualité », elle a simplement retouché une loi sur la protection des mineurs en abaissant à 15 ans l’âge de la majorité sexuelle. Les poursuites pour des relations sexuelles librement consenties avec une personne, du même sexe ou du sexe opposé, devenaient impossibles si cette personne avait plus de 15 ans (c’était 18 ans depuis 1974, 21 ans avant). Autrement dit, il n’y avait plus, en France, de « délit d’homosexualité »… depuis 1791 ! À juste titre, cette fois, il stigmatise les états à législation intégriste musulmane qui sanctionnent durement l’homosexualité, jusqu’à la peine capitale, devant une indifférence trop générale.

L'Etincelle : Une histoire des luttes LGBT+

Entretien avec Marie-Jo Bonnet (22’), historienne, cofondatrice du FHAR. Elle rappelle la prise de conscience du besoin des femmes de s’affranchir du pouvoir des hommes, née en 1968, à un moment où « la société était mûre »., où le MLF, à l’intérieur duquel militaient beaucoup de lesbiennes, faisait paraître chez Maspero Le Torchon brûle. Se renforçait le besoin de vivre son homosexualité au grand jour, de l’égalité dans les relations sexuelles. Elle évoque le support de plusieurs hommes homosexuels, notamment de Guy Hocquenghem, fondateur du journal Tout !. Elle voit le mariage pour tous, « coupé de la réalité sociale », comme une trahison du féminisme. « La lutte des droits est terminée, mais pas la lutte culturelle (…) et politique. »

Entretien avec Bertrand Delanoë (12’), maire de Paris de 2001 à 2014. Ne cherchant, ni à cacher son homosexualité, ni à la dissimuler, il a accepté, alors qu’il était sénateur et candidat à la mairie de Paris, de participer à un débat organisé par M6 sur le PACS, persuadé « qu’il y avait une telle violence homophobe que se dérober serait une lâcheté » et qu’il fallait combattre pour l’égalité entre les homos et les hétéros et entre les hommes et les femmes. Des progrès ont été faits, mais il faut rester sur ses gardes : « le jour où on penserait que c’est fini, alors, là, on serait encore plus en danger ! »

Entretien avec Didier Lestrade (15’), cofondateur d’Act Up-Paris et du magazine Têtu. « N’ayant jamais vu un groupe aussi attentif et professionnel qu’Act Up », créé aux USA, associant « militantisme et art (…), ancré dans la jeunesse (…) et ouvrant sa porte à tout le monde », il s’est senti obligé de créer une succursale à Paris. Elle a toujours reçu le soutien des media, mais est restée en butte à l’état, à l’industrie pharmaceutique… et à certains homosexuels. Un des buts était d’orienter la recherche médicale vers plus d’efficacité, un objectif atteint dès le début des années 2000, après quoi « le militantisme s’effrite ».

Film-annonce et bandes-annonces de L’Inconnu du lac (Alain Guiraudie, 2013), de Coby (Christian Sonderegger, 2017) et de Bambi (Sébastien Lifshitz, 2013).

Biofilmographie de Benoît Masocco.

L'Etincelle : Une histoire des luttes LGBT+

Image - 4,0 / 5

L’image (1.78:1) en plans serrés des entretiens est irréprochable, nette et soigneusement étalonnée. La qualité des archives, la plupart au ratio 1.33:1, peut varier, les plus dégradées étant aisément rachetées par leur valeur documentaire.

Son - 4,0 / 5

Le son Dolby Digital 2.0 stéréo restitue les entretiens avec clarté. On apprécie également le travail réalisé pour sonoriser les archives (dont on nous dit que beaucoup d’entre elles, filmées par des amateurs, étaient muettes) et l’attention portée à la synchronisation du son et de l’image.

Crédits images : © BENOIT MASOCCO - CAPA

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 30 juillet 2020
Ce documentaire, entrelaçant des archives filmées et d’émouvants témoignages, tient la gageure, en seulement une heure et demie, de rappeler clairement l’histoire des luttes LGBT+, des années 60 à nos jours, à New York, San Francisco, Paris et Amsterdam pour que chacun puisse vivre sa sexualité au grand jour, quelle que soit son orientation.
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Brady20
Le 17 juin 2020
Enfin un film qui nous raconte avec des mots simples et surtout avec beaucoup d'émotion l'histoire de la lutte LGBT, un film ludique et pédagogue qui serait même très utile à montrer dans les classes et les universités ! Bravo !

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