Réalisé par Arunas Zebriunas
Avec
Lina Braknyte, Valeriy Zubarev et Bronius Babkauskas
Édité par ED Distribution
C’est le dernier jour des vacances pour l’intrépide et solitaire Vika, 11 ans. Elle a passé l’été avec son grand-père, qui part à la rame relever ses filets, chaque jour si le temps le permet. Il est parti seul ce matin : Vika doit attendre son père qui vient la chercher. Elle garde ses distances vis-à-vis des garçons qui se lancent des défis bravaches. Romas, un garçon de son âge, différent des autres, gagnera toutefois sa confiance. Elle lui confiera ses secrets, découverts sur la côte déchiquetée, les rochers aux formes étranges, les endroits où ils renvoient l’écho de sa voix…
La Jeune fille à l’écho (Paskutinė atostogų diena, en lituanien « Le dernier jour de vacances »), réalisé en 1964 par Arūnas Žebriūnas, sorti dans nos salles par E.D. Distribution en septembre 2020, est adapté d’Ekho, un roman pour enfants du Russe Youri Naguibine, cosignataire du scénario et scénariste d’autres films, dont Dersou Ouzala (Dersu Uzala, Akira Kurosawa, 1975).
La Jeune fille à l’écho est un des films importants tournés au temps de l’émergence du cinéma lituanien, au début des années 60, resté sous l’étroite surveillance des censeurs soviétiques jusqu’à l’indépendance du pays après l’effondrement du communisme.
La Jeune fille à l’écho met en scène des enfants. Les deux adultes du film, le grand-père et le père de Vika ne font qu’une courte apparition. Arūnas Žebriūnas, formé au VGIK à Moscou, s’est expliqué sur ce choix : « J’ai commencé à faire des films avec des enfants à cause de la censure. (…) L’atmosphère qui régnait dans le monde de l’art en Union Soviétique était répugnante. (…) Quand j’ai commencé à tourner des films avec des enfants, toutes les exigences du parti se sont volatilisées ». Ce qui n’empêchera pas le film d’être interdit après quelques projections, la nudité de Vika dans deux scènes ayant été jugée choquante. Les deux récompenses du film à l’étranger, en 1965, le Grand prix dans la section jeunesse à Cannes et la Voile d’argent à Locarno, ont contraint les censeurs à lever l’interdiction.
La Jeune fille à l’écho se distingue par la simplicité de son thème naturaliste : la liberté dont profite la fillette, sans la tutelle des adultes, et le touchant récit d’amours enfantines. Mais aussi, et surtout, par la beauté de la photographie de la côte de Crimée par Jonas Gricius, chef-opérateur de Héros vivants (Gyvieji didvyriai, 1959), un autre film d’enfants dont Arūnas Žebriūnas avait réalisé un des sketches.
La Jeune fille à l’écho devrait être une irrésistible invitation à découvrir le seul autre film d’Arūnas Žebriūnas disponible dans nos catalogues vidéo, La Belle (Grazuole, 1969), sorti par ED Distribution en février 2019. Et, peut-être, d’élargir la recherche à d’autres films lituaniens récents dont nous avons rendu compte, Summer (Sangailes vasara, Alanté Kavaïté, 2014) et Frost (Sharunas Bartas, 2017).
La Jeune fille à l’écho (64 minutes) et ses suppléments (15 minutes) tiennent sur un DVD-5 inclus dans un fin digipack.
Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, en lituanien, avec sous-titres optionnels, au format audio Dolby Digital 2.0 mono.
Dans la couverture du digipack, une réduction à 53,5 x 35,5 cm de l’affiche. Au verso, sur neuf pages au format 17,5 x 12 cm, un texte illustré, avec le synopsis et de courts articles sur le film, sur les enfants dans le cinéma soviétique et sur l’émergence du cinéma lituanien. Un plus appréciable, mais pas très pratique à lire.
A Memoriam, hommage à Arūnas Žebriūnas (13’), une interview, non datée, dans l’intimité du foyer familial. Après l’obtention d’un diplôme d’architecture, il décide de devenir réalisateur et aborde le cinéma comme décorateur. Il contribue, avec d’autres réalisateurs, au film Les Héros vivants, (Gyvieji didvyriai, 1959) l’adaptation de trois nouvelles. Puis, on lui confia la direction de Kanonade, en 1961, qui sera terminée par un autre. On l’envoie étudier la réalisation à Moscou, avec Mikhail Romm, qui encourageait ses élèves à trouver leur propre style. La Jeune fille à l’écho, son premier film à « passer les frontières » et à obtenir des prix, l’a déterminé à continuer d’en tourner d’autres avec des enfants. Le suivant sera La Belle, qu’il tient pour son oeuvre la plus réussie. C’est avec Pain aux noix (Riesutu duona, 1978) qu’il pense avoir trouvé son style. Il a obtenu en 2011 le Prix de la culture et des arts de Lituanie pour l’ensemble de son oeuvre, deux ans avant sa mort, à l’âge de 82 ans.
Bandes-annonces La Belle, de Jinpa : Un conte tibétain (Zhuang si le yi zhi yang, Pema Tseden), Prix du meilleur scénario à Venise dans la section Orizzonti, et du poignant De l’autre côté de la porte (Tobira no muko, Laurence Thrush, 2008).
L’image (1.33:1), finement résolue, stable, lumineuse, délicatement contrastée (sauf dans quelques plans de paysages, surexposés), débarrassée de toute trace de dégradation de la pellicule par une restauration à laquelle on peut reprocher un lissage excessif du grain, propose un fin dégradé de gris, soigneusement étalonné.
Le son Dolby Digital 2.0 mono, bien nettoyé lui aussi, pratiquement sans souffle, est affecté par une saturation et quelques rares distorsions de l’accompagnement musical.
Crédits images : © Lietuvos Kinostudija, Lithuanian Film Studio