Réalisé par Bo Widerberg
Avec
Johan Widerberg, Marika Lagercrantz et Tomas von Brömssen
Édité par Malavida Films
1943. Alors que ses camarades de classe ne parlent que de sexualité, un amour interdit naît entre Stig, jeune lycéen et son professeur Viola. Stig est attiré par cette femme belle et mature, Viola aime chez Stig sa jeunesse et son innocence. Mais il rencontre fortuitement Frank, le mari de Viola, représentant de commerce, alcoolique et fantasque. Une étrange relation d’amitié va naître entre eux.
La Beauté des choses (Lust och fägring stor), nommé à l’Oscar du meilleur film étranger, récompensé à Berlin par l’Ours d’argent, écrit, réalisé et monté par Bo Widerberg, sera le dernier titre d’une filmographie interrompue par le cancer en 1997, à l’âge de 66 ans. Cette dernière oeuvre évoque, sans pudibonderie, l’éveil de la sexualité chez les adolescents. Chez les filles, mais surtout chez les garçons qui tentent, maladroitement, de dissiper une partie du mystère en posant des repères chiffrés : longueur « normale » d’un pénis, nombre moyen de va-et-vient dans un coït…
Pas moins de cinq longs métrages de Bo Widerberg furent sélectionnés à Cannes pour la Palme d’or, de 1964 à 1979, parmi lesquels Elvira Madigan qui assura en 1967 sa renommée internationale. Mais aucun ne fut primé, pas même Victoria, dont l’échec déçut beaucoup le réalisateur.
La Beauté des choses traite avec délicatesse de la relation sexuelle d’un adolescent et d’un adulte, comme l’avait fait, avec Le Blé en herbe, Claude Autant-Lara en 1954, l’année de la mort de Colette, ou Alberto Lattuada en 1978, dans Cosi come sei, avec une histoire au parfum d’inceste, ou encore, sur un ton dramatique, Luis Buñuel en 1960 avec La Jeune fille (La Joven, 1960). La relative maturité de Stig et le fait qu’il prend l’initiative de la relation, la rend douce. Une douceur reflétée par la classification « tous publics » et soulignée par l’illustration musicale, avec l’extrait d’un des Kindertotenlieder de Mahler, magnifiquement chanté par Kathleen Ferrier, et, revenant comme un leitmotiv, l’aria Lascia ch’io pianga du Rinaldo de Haendel.
La Beauté des choses est parfaitement servi par les trois acteurs principaux, bien dirigés par le réalisateur. Johan Widerberg, le fils du réalisateur, alors âgé de 20 ans, s’acquitte de son rôle avec une aisance apparemment très naturelle en face de Marika Lagercrantz, une actrice célèbre en Suède et, à l’étranger, depuis le rôle de Cecilia Vanger dans Millénium, le film (Män som hatar kvinnor, Niels Arden Oplev, 2009) et Millénium, la série (Millennium, Daniel Alfredson, Niels Arden Oplev, 2010). Soulignons également l’interprétation touchante de Frank, le mari de Viola, par Tomas von Brömssen que Bo Widerberg avait déjà employé dans L’Homme de Majorque (Mannen från Mallorca, 1984) et dans Le Chemin du serpent (Ormens väg på hälleberget, 1986).
La Beauté des choses vient s’ajouter à la longue liste des films de Bo Widerberg édités depuis 2015 dans la Collection Malavida Collector qui fut récompensée, pour les 9 titres (dont 8 d’Europe de l’Est) édités en 2020, par le Prix de la meilleure collection décerné par le jury Blu-ray/DVD du Syndicat Français de la Critique de Cinéma et des films de télévision. Il ne manque plus dans l’intégrale des longs métrages de Bo Wiberberg pour le grand écran que Heja Roland! (1966) et Victoria (1979).
La Beauté des choses (125 minutes) et ses suppléments (97 minutes) tiennent sur un DVD-9, logé, comme les autres disques de la collection, dans un digipack.
Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, en suédois, au format audio MPEG 2.0 mono, avec sous-titres incrustés dans l’image, placés trop haut sur le cadre.
À l’intérieur du digipack, un livret de 20 pages s’ouvre sur un préambule du critique Kjell
Häglund auquel Bo Widerberg avait avoué la part autobiographique du scénario, et se poursuit avec un long entretien pendant lequel le réalisateur évoque sa jeunesse, ses succès et ses échecs (particulièrement celui de Victoria en 1979), les moments heureux et les passages difficiles de sa vie, ses vues sur les acteurs, particulièrement sur Thommy Berggren, l’acteur de tous ses films de 1963 à 1971, sur l’érotisme qui fit la réputation internationale du cinéma suédois…
Le Dernier film de Bo Widerberg (59’, 2014). Ce documentaire de Stefan Nylén, auteur de quatre autres films sur l’oeuvre de Widerberg, rassemble le témoignage des acteurs, du réalisateur-assistant Jimmy Karlsson, mais donne une large place aux souvenirs de Johan Widerberg, l’interprète de Stig. Il évoque les apparitions qu’il fit, enfant, dans trois films de son père, la reprise des liens avec son père, à 20 ans, après une période de brouille. ll a pu choisir l’interprète féminine, repérée alors qu’elle jouait Un tramway nommé désir. Le film inclut quelques scènes de tournage, soulignant la relative désorganisation de la réalisation, l’écriture du scénario et des dialogues au fur et à mesure de l’avancement du tournage. Bo Widerberg donnait la priorité à la direction des acteurs, auxquels il demandait d’être eux-mêmes, « pour qu’ils jouent sans se poser de questions (…) et communiquent l’émotion ».
Bo Widerberg réalisateur (38’). Ce montage de plans du tournage de La Beauté des choses, réalisé en 2014 par Stefan Nylén et Thomas Ehrnborg, montre la longue préparation des scènes pour communiquer aux acteurs les états d’âme des personnages, l’attention qu’attachait Bo Widerberg aux détails, sa concentration pendant les prises : la tête toute proche de la caméra, il semblait s’être arrêté de respirer pendant toute la durée d’un plan !
L’image, d’origine au ratio 1.66:1, (recadrée à 1.78:1, elle occupe toute la surface de l’écran 16/9), débarrassée de toute trace de dégradation de la pellicule, bien définie, stable, déploie des couleurs naturelles, délicatement ravivées. Le grain argentique n’a pas été lissé par la restauration : la texture originale du 35 mm est intacte.
Le son, compressé au format MPEG-2, mono 2.0, lui aussi très propre, pratiquement sans souffle, assure la clarté des dialogues et délivre l’illustration musicale avec finesse, sans saturations.
Crédits images : © Malavida