La Nuit où Laurier Gaudreault s'est réveillé (2022) : le test complet du DVD

Xavier Dolan lève très doucement le voile sur un secret de famille enfoui pour sa première expérience du format de la minisérie.

Au début des années 1990, Mireille, son frère Julien et leur meilleur ami Laurier forment un trio inséparable. Les garçons viennent de remporter le championnat provincial de baseball et Mireille rêve de brûler les planches. Qui sait ce que l’avenir leur réserve ? Pourtant, une nuit d’octobre, en 1991, leurs destins sont à jamais bouleversés par un terrible incident et leurs routes se séparent. Les deux familles sont brisées. Plus rien ne sera jamais comme avant. Trente ans plus tard, alors qu’elle est devenue thanatologue, Mireille retourne dans sa famille pour embaumer sa mère à la demande de celle-ci, et retrouve ses frères qu’elle n’avait pas revus depuis. Bientôt, les secrets et les rancoeurs refont surface, s’entremêlant au deuil et à une inlassable quête de réconciliation.

La Nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé, librement inspirée de la pièce de Michel Marc Bouchard, dont le réalisateur avait, en 2013, adapté une autre pièce pour son film Tom à la ferme. Xavier Dolan, en s’essayant pour ka première fois au format de la minisérie, avec la sensibilité à fleur de peau qu’il lui est habituelle, exploite le thème de la famille dysfonctionnelle, récurrent dans sa filmographie. Pas de changement drastique quand le réalisateur passe du grand au petit écran : il continue de faire du Dolan, comme, dans un tout autre style, David Lynch faisait du David Lynch pendant sa parenthèse Twin Peaks.

La Nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé, à défaut d’avoir été primée, a été bien reçue au Québec avec douze nominations aux Prix Gémeaux décernés par l’Académie canadienne du cinéma et de la télévision depuis 1987 aux productions télévisuelles francophones.

Les nombreux et abrupts allers et retours du présent au passé requièrent l’attention du spectateur, d’autant plus que la plupart des nombreux personnages sont interprétés par des acteurs peu connus en France, à l’exception de Julie LeBreton (Starbuck, Ken Scott, 2011), Patrick Hivon (Le Fils de Jean, Philippe Lioret, 2016), et, bien sûr, Anne Dorval, présente dans le casting de plusieurs films de Xavier Dolan, inoubliable dans Mommy (2014). On retrouve aussi le réalisateur dans la peau d’un des personnages principaux.

Cet effort d’attention exigé avant que ne se soulève enfin le voile cachant ce qui s’était passé cette fameuse nuit d’octobre 1991 où Laurier Gaudreault s’était réveillé, est le prix à payer, en plus de quelques longueurs, pour se laisser gagner par l’envoûtement hypnotique que peut procurer Xavier Dolan, scénariste, réalisateur et acteur avec cette oeuvre très personnelle.

La Nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé (5 épisodes d’une durée cumulée de 295 minutes, pas loin de cinq heures) tient sur deux DVD-9 logés dans un boîtier inutilement épais de 21 mm !

Le menu propose la série dans sa langue originale, le français du Québec, avec sous-titres, souvent bien utiles pour celles et ceux qui n’ont pas l’oreille faite à l’accent du terroir. Il propose aussi un doublage en français : une forme de trahison de l’oeuvre qui ne s’imposait pas ! Les deux sont au format audio Dolby Digital 5.1.

Sous-titres pour malentendants.

Piste d’audiodescription DD 2.0.

Aucun complément.

L’image, au ratio de 2.10:1, certainement prise en 35 mm à en juger par le grain, un peu douce, lumineuse, fermement contrastée, offre une palette de couleurs naturelles, étalonnées avec soin.

Le son Dolby Digital 5.1 délivre, dans un équilibre satisfaisant, les dialogues, l’accompagnement musical et l’ambiance, cantonnée sur le plan frontal, avec un faible effet immersif.

Le doublage, aussi monotone que discutable, n’a pas été pris en compte pour l’attribution de la note.

Crédits images : © Fred Gervais