Harka (2022) : le test complet du DVD

Réalisé par Lotfy Nathan
Avec Adam Bessa, Najib Allagui et Salima Maatoug Ikbal Harbi

Édité par Blaq Out

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Le 27/06/2023
Critique

Élu à Cannes, un premier essai à la fiction d’un cinéaste américain d’origine égyptienne. Un film rare, touchant, à découvrir.

Harka

Ali vit seul dans une maison abandonnée en cours de construction, vivote en vendant de l’essence de contrebande achetée à un trafiquant et rêve de s’exiler en Europe. Un jour, Alyssa, la plus jeune de ses deux soeurs, l’appelle au secours : leur père est mort et Skander, le frère aîné qui s’occupait d’elles, part avec sa femme à Hammamet où il a trouvé un emploi de serveur. À la recherche d’un salaire pour subvenir aux besoins de ses soeurs, Ali apprend que son père devait 8 000 dinars à une banque, le solde de l’emprunt qu’il avait souscrit pour acheter la maison familiale. Si la dette n’est pas remboursée dans les huit jours, la maison sera saisie…

Harka, présenté en 2022 à Cannes dans la section Un Certain regard, est le deuxième long métrage du réalisateur et scénariste américano-égyptien Lofty Nathan, après 12 O’Clock Boys, un documentaire de 2013 sur les bandes de jeunes des quartiers chauds de Baltimore, dont la seule édition vidéo, sortie aux USA, est aujourd’hui épuisé.

Harka, une coproduction internationale, a été, à l’exception de quelques prises à Hammamet et dans le désert, intégralement tourné à Sidi Bouzid, une ville de 50 000 habitants enclavée au centre de la Tunisie, à mi-chemin entre la Méditerranée et la frontière avec l’Algérie. Une dizaine d’années après la « révolution du jasmin », Harka met l’accent sur la désillusion remplaçant les espoirs qu’elle avait fait naître et souligne crûment la précarité des conditions de vie causée par le chômage, l’inefficacité des services sociaux, l’indifférence des autorités, la corruption : la police ferme les yeux sur la vente illégale d’essence sur un trottoir de la ville en échange d’un bakchich quotidien.

Harka

Harka, servi par un scénario original et un montage qui réussissent à soutenir la tension dramatique, par une photographie soignée, doit aussi beaucoup à son acteur principal, présent dans presque tous les plans, Adam Bessa, un autodidacte franco-tunisien né en 1992 que nous avions découvert en 2017 dans Les Bienheureux de Sofia Djama qui lui avait valu d’être sélectionné pour le César du meilleur espoir masculin. Sa performance dans le rôle d’Ali a justement saluée en 2022 par le Prix d’interprétation masculine à Cannes dans la sélection Un certain regard.

Lofty Nathan jette un regard universel sur un pays qu’il ne connaissait pas et soutient une approche réaliste, quasi-documentaire de son sujet, par une distribution des rôles secondaires à des débutants, à de rares exception près : Jamel Madani, l’interprète d’un sans-abri, est un acteur célèbre en Tunisie.

Harka, sorti dans nos salles le 2 novembre 2022, en Tunisie le 11 janvier 2023, fut, en dépit d’un bon accueil par la critique, un échec commercial : il n’a, en France, attiré qu’un peu moins de 15 000 spectateurs. Cette sortie vidéo pourrait lui permettre de toucher le plus large public qu’il mérite, pour l’intérêt de son thème et la qualité de sa réalisation.

Harka

Présentation - 2,0 / 5

Harka (84 minutes) et son supplément (16 minutes) tiennent sur un DVD-9 logé dans un boîtier épais de 14 mm.

Le menu propose le film dans sa langue originale, l’arabe, avec sous-titres optionnels qui auraient pu être placés sous l’image ou à cheval sur la bande noire, et le choix entre deux formats audio, Dolby Digital 5.1 et 2.0 stéréo.

Bonus - 2,0 / 5

Entretien avec l’acteur Adam Bessa (16’, en français). Il donne les deux sens du mot « harka », brûlure, et, en argot, le « passage de la frontière »… vers un monde meilleur. Lofty Nathan a porté un regard universel sur un pays qu’il ne connaissait pas en imaginant le personnage d’Ali, « entre deux mondes (…) celui de la survie et (…) celui d’une jeunesse qu’il voit sur Internet ». Le budget limitant à trois le nombre de prises, le tournage avait été soigneusement préparé par des répétitions pendant trois semaines et le storyboard de certaines scènes. La lumière et la chaleur l’ont aidé à entrer dans la peau du personnage.

Harka

Image - 4,5 / 5

L’image argentique, prise par une caméra Arriflex Arricam, au ratio 2.39:1, allie une bonne résolution, avec un grain fin dans l’ensemble (très occasionnellement grossier dans les plans les plus sombres), des couleurs étalonnées avec soin dans une palette chaude et des contrastes assurant le confort visuel des scènes de nuit.

Son - 4,0 / 5

Le son Dolby Digital 5.1 (avec une alternative 2.0 stéréo pour les installations basiques) garantit la clarté des dialogues. L’immersion dans l’ambiance reste très discrète par une sollicitation assez timide des canaux latéraux qui soutiennent surtout un accompagnement musical parfois envahissant.

Crédits images : © Dulac Distribution

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
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Philippe Gautreau
Le 28 juin 2023
Un documentariste d’origine égyptienne venu des USA, propose, par le biais d’une fiction, sa perception de la Tunisie où l’âpreté des conditions de vie a dissipé tous les espoirs nés de la révolution du jasmin. Sélectionné en 2022 à Cannes dans la section Un Certain regard, ce film vaut vraiment d’être vu.

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