Le Prix de la vérité (2019) : le test complet du DVD

Ce premier film peine à tirer tout le parti possible de l’assassinat d’un missionnaire chrétien par des fondamentalistes hindous.

À la fin des années 1990, dans l’état d’Orissa, Manav Banerjee, un journaliste indien, est chargé d’enquêter sur Graham Staines, un missionnaire australien soupçonné d’acheter la conversion des pauvres au christianisme. Manav part à la recherche de preuves de conversions obtenues par usage de procédés illégaux, notamment en échange du versement d’argent. Mais il découvre une série de révélations qui vont ébranler ses préjugés. Il se retrouve face à un choix crucial : favoriser son ambition professionnelle ou faire éclater la vérité. D’après l’histoire vraie de Graham Staines qui soignait les lépreux en Inde depuis plus de 30 ans. Le 23 janvier 1999, il est brûlé vif avec deux de ses enfants par des fondamentalistes hindous.

Le Prix de la vérité (The Least of These: The Graham Staines Story), sorti en Australie, en Nouvelle Zélande et en Inde au printemps 2019, inspiré par le dramatique assassinat de Graham Staines et de ses deux fils de 6 et 10 ans, est le premier et, à ce jour, le seul film réalisé par l’Indien Aneesh Daniel, également coauteur du scénario avec un certain Andrew E. Matthews, tout aussi peu connu.

Le Prix de la vérité, passé en France sous les radars de la critique, n’a attiré qu’un peu plus de 5 000 spectateurs durant sa distribution dans nos salles, du 10 au 31 mai 2023. Cette indifférence tient probablement à un scénario qui passe à côté de l’essentiel en donnant trop de place au personnage fictif du journaliste Manav Banerjee, à la santé précaire de son épouse et à ses problèmes d’argent, et trop peu à celui de Graham Staines, interprété sans relief par Stephen Baldwin. Le film nous en dit encore moins sur les autochtones et les lépreux, survivant dans des conditions misérables. La forme ne rachète guère le fond : si la photographie est soignée, elle reste banale et le montage ne réussit pas à éviter plusieurs chutes de tension.

L’écho donné en Inde à l’assassinat de Graham Staines et de ses deux fils eut pour effet de changer le regard sur les lépreux en révélant qu’ils n’étaient plus contagieux après guérison. Mais il n’apaisa pas les tensions entre religions. Le 23 août 2008, un retour de balancier survint dans le même état d’Odisha (le nouveau nom d’Orissa) : un groupe de catholiques Panos assassinèrent un leader hindou, un moine et trois disciples, sous les yeux de collégiennes. Une manifestation, parmi tant d’autres, d’un inexorable effet toxique des religions : un ostracisme et une violence au lourd tribut de victimes, siècle après siècle…

Le Prix de la vérité (104 minutes) et son maigre supplément (7 minutes) tiennent sur un DVD-9, logé dans un boîtier épais de 14 mm.

Le menu propose le film dans sa version originale, en anglais, avec sous-titres optionnels, et dans un doublage en français, les deux au format audio Dolby Digital 5.1.

Making of Le Prix de la vérité (7’). Krish Dhanam, « consultant spirituel », le scénariste Andrew E. Matthews, Aneesh Daniel et les acteurs rappellent l’émotion causée par l’affaire Graham Staines survenue à Baripada, dans une région reculée du nord-est de l’Inde… Des généralités, l’espoir que le film change les mentalités, mais peu sur la réalisation du film, si ce n’est que la musique symphonique a été dirigée à Budapest.

Bandes-annonces de The Chosen - Saison 2, Vaincre ou mourir (Paul Mignot, Vincent Mottez, 2022) et Jésus, l’enquête (The Case for Christ, Jon Gunn, 2015).

L’image, au ratio originel de 2.35:1, un peu douce, manque de piqué, mais déploie des couleurs saturées, soigneusement étalonnées.

Le son Dolby Digital 5.1 assure un bon équilibre entre les dialogues, clairement restitués, l’ambiance et un accompagnement musical compact, manquant d’aération. L’impression d’immersion dans l’ambiance est limitée, sauf dans quelques scènes, par une trop faible sollicitation des canaux surround.

Ces observations valent pour le doublage en français peu naturel et monotone.

Crédits images : © Skypass Entertainment