Réalisé par Saul Williams
Avec
Cheryl Isheja, Elvis Ngabo et Diogène Ntarindwa
Édité par Damned Films
Hauts plateaux du Burundi, de nos jours. Après la mort de son frère, Matalusa, un mineur de coltan, forme un collectif de cyber-pirates anticolonialistes. Évoluant dans une société autoritariste où la technologie règne en maître, il rencontre alors Neptune, un hacker intersexe. De leur union va naître une insurrection virtuelle et surpuissante.
Neptune Frost, coréalisé en 2021 par l’actrice, directrice de la photographie et réalisatrice, Anisia Uzeyman, française d’origine rwandaise, et Saul Williams, slammer américain, tourné au Rwanda, auteur du scénario, une coproduction entre le Rwanda, la France, le Canada, le Royaume Uni et les USA, a été sélectionné à Cannes pour la Caméra d’or et la Queer Palm, avant d’être, en mai 2023, discrètement distribué en France où il n’attira que 700 spectateurs.
Neptune Frost s’ouvre sur l’extraction de coltan dans une mine à ciel ouvert, sous la surveillance de gardes armés. L’un d’eux tue d’un coup de crosse un mineur qui s’est arrêté de piocher pendant quelques secondes. Le frère du défunt devra s’enfuir le lendemain des obsèques après avoir assommé le pasteur qui lui prêchait la résignation.
Ce début fustige l’exploitation hors de toute règle, au Burundi, au Rwanda et en Ouganda, d’un minerai contenant des métaux rares utilisés comme composants électroniques. La suite raconte, essentiellement en chansons, la révolte de groupes marginaux.
Neptune Frost, film expérimental mêlant science-fiction, romance et comédie musicale, délibérément surréaliste, avec la superposition de motifs lumineux psychédéliques, déroule son récit sans fil conducteur bien visible.
Il est toutefois difficile de rester insensible à l’insolite beauté de certains plans, à l’étrangeté des costumes, coiffures et maquillages et, surtout, aux rythmes envoûtants des nombreux passages musicaux, notamment avec des tambours.
Une curiosité.
Neptune Frost (105 minutes) et ses suppléments (31 minutes) tiennent sur un DVD-9, logé dans un fin Digipack. Sur la deuxième de couverture, comme pour toutes les éditions Damned Films, une phrase de la main des auteurs.
Le film est proposé dans ses langues originales, kinyarwanda, kirundi, swahili, français et anglais avec sous-titres optionnels, au format audio Dolby Digital 5.1.
Scènes coupées (4’33”), sous-titrées en anglais.
Interview de Saul Williams et Anisia Uzeyman (11’38”). Ils évoquent la genèse du film, le besoin de dénoncer la violence qui sévit dans la région des Grands Lacs et le désir d’exprimer leurs rêves « avec la puissance des images, des mots et de la musique », à questionner les genres…
Présentation du film, Grand Action Paris, le 10 mai 2023 (14’36”). Les deux auteurs, face au public, évoquent la genèse du film, leurs intentions, la place donnée à la musique et à une certaine forme de poésie, leur recherche d’un nouveau langage cinématographique…
La compréhension de ces deux documents n’est pas facilitée par une prise de son perturbée par un brouhaha ambiant et par un excès de réverbération. Saul Williams s’exprime parfois en anglais.
L’image numérique, au ratio originel de 1.66:1, finement résolue, fermement contrastée, déploie une palette surréaliste de couleurs fortement saturées, particulièrement dans les séquences en basse lumière.
Le son Dolby Digital 5.1 tire parti d’une large ouverture de la bande passante, d’une bonne dynamique et, pour son effet enveloppant, d’une sollicitation de tous les canaux, y compris celui du caisson de basses, réveillé par les tamtams.
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