Réalisé par Robert Guédiguian
Avec
Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin et Gérard Meylan
Édité par H2F
Marie-Jo , ambulancière (Ariane Ascaride), vit avec son mari
Daniel, patron d’une petite entreprise de maçonnerie (Jean-
Pierre Darroussin) et leur fille Julie, qui passe son bac
(Julie-Marie Parmentier).
Marie-Jo cache un secret : elle a un amant, Marco (Gérard
Meylan), pilote du port de Marseille depuis qu’il a mis sac à
terre, après avoir beaucoup bourlingué comme capitaine de la
marine marchande.
Un jour Daniel découvrira fortuitement l’existence de l’autre
homme dans la vie de Marie-Jo…
Nel mezzo del cammin di nostra vita, mi ritrovai per una
selva oscura… Les premiers vers de l’enfer du Dante,
cités en exergue du film, ainsi que les mesures introductives
du quatuor de Schubert La jeune fille et la mort
laissent présager un drame…
Voilà le douzième film de Robert Guédiguian, en comptant
« L’argent ne fait pas le bonheur », destiné au petit écran.
Tourné, comme tous ses autres films, avec les mêmes complices
: Ariane Ascaride, sa femme, Jean-Pierre Darroussin, Gérard
Meylan et Jacques Boudet, dans le rôle secondaire d’un (trop)
grand amateur de bon vin, cette dernière oeuvre reste dans la
lignée des autres, intimiste, nostalgique et tendre, moins
dure que La Ville est tranquille, réalisée juste avant.
Encore que le réalisateur ait choisi un dénouement tragique
au drame cornélien vécu par Marie-Jo, qui ne peut ni quitter
Daniel, ni se contenter de ne vivre en compagnie de Marco que
quelques heures par semaine. « Je l’aime. Je t’aime… Je
ne m’en sors pas ! ». Cette réplique dit le déchirement
qui la fait souffrir et la douleur qu’elle ressent à faire de
la peine à tous ceux qu’elle aime…
Cette histoire simple est filmée à Marseille et dans ses
environs. Grands espaces et scènes d’intérieur, joliment
filmés par Renato Berta, rythment le récit.
Si vous aimez les histoires racontées par le cinéaste
marseillais, offrez-vous
le coffret paru en juin
2000, faussement intitulé « Tout Guédiguian », même s’il
contient (quand même !) 8 de ses films, logés sur 4 DVD.
À l’exception du menu principal, les menus sont fixes avec
soit de la musique, soit le chant des cigales sur fond de
clapotis de la mer. Peuchère ! pour un peu, on se croirait
là-bas (avé l’asseing, s’il vous plait !)…
Le film est divisé en 14 chapitres, avec titres.
Trois scènes commentées par les acteurs et trois bandes-
annonces sur le premier disque.
Le second disque, sérigraphié comme l’autre, contient la
« copie de travail » du film avant montage de la version
définitive et une intéressante déclaration du réalisateur.
Le tout est logé dans un boîtier keep-case protégé par un
surétui.
La qualité du son (DD 5.1 ou 2.0) n’est, parfois, pas à la
hauteur de celle de l’image.
Bonus du DVD 1 :
Trois scènes commentées, en format 1.77/1,
respectivement par :
- Ariane Ascaride, qui nous révèle qu’elle a vraiment failli
se noyer pendant le tournage, dans une eau refroidie par le
mistral, de la scène de la noyade (4’42”),
- Jean-Pierre Daroussin, qui dissèque la scène du camion
(4’06”), tournée en un seul plan et une autre scène, dans une
salle de bains,
- Gérard Meylan qui nous confie comment il s’est préparé au
tournage de la scène de la nudité dans laquelle il apparaît
(comment l’avez-vous deviné ?)… mais oui, dans le plus
simple appareil !
Enfin la bande-annonce du film et de deux autres films
de Robert Guédiguian, A l’attaque ! (1999) et
La Ville est tranquille (2001).
Bonus du DVD 2 :
Robert Guédiguian, dans un documentaire (4’42”, 1.77/1)
intitulé Marie-Jo et ses deux versions, nous dit que,
selon lui, il est normal que le scénario puisse être modifié,
soit par des idées qui naissent pendant le tournage, soit par
les coupes finales soit, encore, par la restructuration de
certaines scènes au montage.
Ce qu’illustrera la seconde version du film, en
réalité une « copie de travail » de 2 h 29 mn avec son mono,
qui sera ensuite soumise à des coupes (25 minutes éliminées),
à l’étalonnage des couleurs et à un autre montage, définitif
celui-là. Judicieusement, le réalisateur nous conseille de ne
visionner cette version, restée à l’état d’ébauche, qu’après
la version définitive.
L’image est très propre.
Un léger grain, des couleurs fines, adoucies, mettent en
valeur la belle photo du chef op’ (qui a dû se faire plaisir
en filmant, en accéléré, un lever de soleil sur Notre-Dame de
la Garde).
Les scènes d’intérieur sont, assez souvent, marquées par une
légère dominante verte, qui ne me paraît pas du meilleur
effet. Quoique, après tout, des goûts et des couleurs…
Assez correct, dans l’ensemble, avec un gain de clarté (et de
profondeur, bien sûr) apporté par la version DD 5.1.
Toutefois, les dialogues de certaines scènes peuvent exiger
un effort d’attention, notamment là où les bruits d’ambiance
sont présents.
A signaler, également, un souffle parasite « accompagnant » les
voix, à 87’ ; le phénomène, assez gênant dans les deux
versions, dure le temps de la scène.