Basket Case (Frère de sang) (1982) : le test complet du Blu-ray

USA 1981, New York : fraîchement débarqué à New York, le jeune Duane Bradley s’installe dans un hôtel miteux de Manhattan, habité par une faune interlope. Il transporte avec lui un étrange panier en osier, fermé par un cadenas, à l’intérieur duquel se trouve une redoutable créature. Il s’agit de son frère Belial, difforme depuis sa naissance. Ces anciens frères très différents physiquement (donc pas siamois) ne formaient qu’un seul être mais doté de deux têtes et de deux corps très différents. Séparés de force à l’âge de douze ans, Belial et Duane n’ont depuis qu’une idée en tête : se venger des médecins ayant pratiqué l’opération sur ordre de leur père. Tous sont atrocement assassinés. Mais lorsque Duane tombe amoureux d’une jeune réceptionniste, Belial s’y intéresse aussi : un conflit fratricide devient inévitable.

Frère de sang (Basket Case, 1981) de Frank Henenlotter est son premier long métrage : il est intéressant et savoureux. Son copyright indiqué au générique de fin est 1981 bien qu’il soit sorti aux USA en avril 1982. Ce générique de fin comprend d’ailleurs d’assez nombreux noms mais certains seraient fictifs, ce film ayant été tourné avec une équipe plus réduite que celle mentionnée. Ce film fantastique original, oscillant entre effets spéciaux artisanaux, esthétique «  gore  » / «  trash  » et atmosphère mi-horrifique, mi-comique (parfois aussi érotique : le rêve de Duane au cours duquel Sharon est dénudée par… Bélial) est un hommage surréaliste en forme de clin d’oeil au Freaks, la monstrueuse parade (1932) de Tod Browning mais se souvient aussi du Sisters (soeurs de sang) (1973) de Brian De Palma.

Tel quel, en dépit de son manque de moyen (il paraît que la liasse de billets montrés au patron de l’hôtel Broslin par le jeune héros représentait le véritable budget du film), il maintient tout du long un suspense, ménage des rebondissements variés et confère à l’hôtel (son décor principal) une réelle présence parfois un peu influencée par l’expressionnisme. Le film respire grâce aux extérieurs naturels : New York se prête aisément aux excès du cinéma fantastique indépendant à cette époque. La lecture au coin du feu destinée à bercer puis endormir Bélial est celle de l’acte III, scène 2 de La Tempête de Shakespeare durant lequel le monstre Caliban vante à un nouvel arrivant les mérites de son île, prouvant son humanité relative par la même occasion. La chute (au double sens du terme) du scénario pouvait laisser pressentir une suite : de fait, Henenlotter tourna Basket Case 2 (Frère de sang 2) (1990) et Basket Case 3 (Frère de sang 3 : la progéniture) (USA 1991).

NB : ne pas confondre le titre français d’exploitation de ce film fantastique américain avec celui, identique phonétiquement mais au pluriel lorsqu’il est écrit, du film de guerre gros budget Frères de sang (Taegukgi hwinalrimyeo, Corée du Sud 2004) de Kang Je-gyu.

Un Combo Blu-ray + DVD, édité par Carlotta Films dans la Midnight Collection : «  le meilleur de la VHS du cinéma de genre des années 1980 et 1990 en Blu-ray et en DVD  », dans une vague 2 entièrement consacrée au cinéaste Frank Henenlotter dont elle reprend 4 titres : Frankenhooker et la série des trois Basket Case (Frère de sang). Ces titres sont édités chez nous pour la première fois en Blu-ray et dans de nouvelles éditions DVD. Les visuels des boîtiers s’inspirent des des visuels des éditions VHS originales.

Spécifications techniques du Blu-ray : image au format 1.37 en couleurs, sur BD 25 à partir d’un master HD à la norme 1080/23.98p, encodage AVC. Son VOSTF ou VF, au choix, à la norme DTS-HD MA 1.0. Durée du film 91 minutes, 1 bande-annonce en supplément.

Spécifications techniques du DVD : image au format 1.37 en couleurs, sur DVD 9 PAL zone 2 à partir d’un master haute définition, norme MPEG2. Son VOSTF ou VF d’époque, au choix, à la norme Dolby Digital 1.0. Durée du film 87 minutes, 1 bande-annonce en supplément.

Aucun supplément, mis à part une bande-annonce originale en VOSTF.

Format 1.37 en couleurs (selon le dossier de presse mais sur mon écran, le résultat est intermédiaire entre 1.37 et 1.66) gravé sur un blu-ray BD 25 à partir d’un master HD à la norme 1080/23.98p, encodage AVC. Bonne définition vidéo et copie chimique bien nettoyée. L’édition Carlotta reprend, sans surprise, le format de l’édition Blu-ray américaine supervisée par Henenlotter et distribuée en 2011. Il faut savoir que ce Frère de sang avait été tourné en 1981 en 16mm au format 1.37 puis exploité au cinéma en version gonflée 35mm sous format 1.85. Henenlotter a estimé qu’il fallait revenir à l’image source du négatif 16mm. Le résultat est que le spectateur ayant vu le film à sa sortie au cinéma en 1982 se retrouve maintenant devant une image différente bien que son grain argentique ait été, selon Henelotter, soigneusement préservé. Quant au spectateur découvrant le film pour la première fois en vidéo, il se retrouve en présence d’un format qui n’est pas celui de la version exploitée au cinéma, n’est donc pas en présence du film historique connu sous ce titre mais d’une nouvelle version qu’on peut, rigoureusement parlant, qualifier de Director’s Cut. On aurait pu mettre tout le monde d’accord en proposant sur le même disque la version 16mm et la version 35mm mais il aurait fallu effectuer deux transferts vidéo au lieu d’un seul.

Son mono d’origine reporté à la norme DTS-HD MA 1.0. VOSTF ou VF d’époque au choix : offre nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone. Le son de l’édition Blu-ray américaine était PCM 2.0 mais aucune distinction de canal audio n’y était audible, et pour cause. La piste sonore de la VOSTF est en bon état et même très dynamique (il faudra parfois baisser le son lorsque le monstre Bélial pousse ses rugissements ou lorsque les actrices hurlent) en dépit de ses conditions artisanales d’enregistrement en 1982.

Crédits images : © Basket Case Productions