Le Merdier (1978) : le test complet du Blu-ray

Go Tell the Spartans

Réalisé par Ted Post
Avec Burt Lancaster, Craig Wasson et Marc Singer

Édité par Rimini Editions

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Le 19/11/2018
Critique

Le Merdier

Sud Viêt-Nam 1964 : le major Barker reçoit l’ordre de réoccuper le hameau de Muc Wa, considéré dorénavant comme stratégique. Le détachement (des conseillers militaires américains et des rangers sud-viêtnamiens) découvre qu’il est jouxté par un ancien cimetière français, surmonté d’un frontispice sur lequel est inscrit une citation française traduite du grec antique, faisant allusion à la bataille des Thermopyles (480 avant J.C.) : « Passant, va dire aux Spartiates que nous sommes enterrés ici pour avoir obéi à ses lois ». Bientôt remis en état et renforcé, Muc Wa est pourtant attaqué par un ennemi supérieur en nombre : l’histoire se répète et Muc-Wa devient aussi leur cimetière.

Le Merdier (Go Tell the Spartans) (USA 1977) de Ted Post fut remarqué au moment de sa sortie française non seulement en raison de la vulgarité de son titre français d’exploitation mais encore en raison du lien historique, plastique, symbolique qu’il établissait entre la guerre française d’Indochine et la guerre américaine du Viêt-Nam. Filmé avec une star (Burt Lancaster) opposée à cette guerre, tourné avec un budget de série B mais avec de véritables figurants viêtnamiens immigrés en Californie et qui donnèrent de précieux conseils au directeur artistique pour l’élaboration plastique du hameau, la mise en scène de Ted Post permet au film d’obtenir une ampleur plastique réelle durant les séquences de combat, notamment durant les combats nocturnes très bien filmés.

Le Merdier

Le pessimisme du scénario de Wendell Mayes provient de deux causes : le livre de Daniel Ford fut écrit et publié non pas en 1964 mais en 1967 alors que la guerre avait pris une tout autre ampleur et se révélait bien plus dévastatrice et coûteuse en vies humaines qu’on pouvait encore l’envisager en 1964; le scénario de Mayes (écrit lui aussi en 1967) avait été refusé durant dix ans par tous les studios mais accepté juste après le retrait définitif des forces américaines en 1975. Pourtant Ford n’était pas hostile au principe d’une intervention : simplement, il jugeait qu’elle aurait dû être limitée aux forces spéciales qu’il avait accompagnées en 1964. Ted Post se voulait, pour sa part, simplement objectif mais il n’avait eu qu’un délai de tournage dérisoire et un budget insuffisant. En 1977, leurs positions respectives étaient inaudibles autant par la critique américaine que par la critique française, surtout par cette dernière en général souvent influencée par les positions communistes et même maoïstes durant la période 1960-1980.

On peut aujourd’hui ré-évaluer, à la fois historiquement et plastiquement, Le Merdier (en dépit de quelques invraisemblances de détails relevées par les sites internet américains, par exemple les soldats munis de carabines USM1 n’auraient pas les cartouchières correspondantes accrochées à leur uniforme) qui demeure l’un des quatre meilleurs titres de sa filmographie cinéma, les trois autres étant, dans leur ordre chronologique de production : Pendez-les haut et court (1968), Le Secret de la planète des singes (1970), Magnum Force (1973).

Le Merdier

Présentation - 4,0 / 5

1 Blu-ray édité par Rimini le 24 octobre 2017. Image Full HD 1080p couleurs au format original 1.77 respecté compatible 16/9. Son DTS HD 2.0 Mono VOSTF et VF d’époque. Durée du film sur Blu-ray : 110 min. environ. Suppléments : livret illustré de 35 pages comportant notamment un entretien 2017 avec Daniel Ford.

Bonus - 4,0 / 5

Aucun sur le disque mais un remarquable livret illustré de 36 pages est inséré dans le boîtier. Il a surtout le mérite de comporter la traduction de déclarations du scénariste Wendell Mayes, du cinéaste Ted Post et un entretien 2017 inédit d’environ une dizaine de pages avec Daniel Ford, l’auteur du livre de 1967 qui est une fiction inspirée par ce que Ford avait vécu en 1964 comme correspondant de guerre attaché aux forces spéciales. Un regret : aucun jeu de photos non-détourées américaines ni françaises d’exploitation n’est reproduit. On les trouve pourtant assez aisément sur internet. Il faut privilégier les photos américaines, dotées du titre original américain ce qui constitue une raison évidente de les préférer.

Le Merdier

Image - 4,0 / 5

Format original 1.85 recadré en 1.77 compatible 16/9 couleurs, en Full HD 1080p. Image argentique très bien restaurée mais le recadrage, si léger soit-il, a pour effet d’altérer légèrement la vivacité des couleurs et la définition. L’édition américaine collector Scorpion Releasing, sortie en 2016, était affligée du même défaut. Si les Américains sont incapables de restaurer correctement leur patrimoine cinématographique, qu’on ne plaigne pas que les Français les imitent ! Ce qu’on pourrait appeler le « syndrome Warner » (bien qu’ici Warner ne soit pas l’éditeur) a encore frappé : on se souvient que durant l’âge d’or du DVD, donc entre 1997 (date du premier dvd NTSC zone 1) et 2007, ce studio se distinguait (mal) en recadrant systématiquement ses films 1.85 d’origine en 1.77. Dommage car le transfert vidéo est par ailleurs soigné; noirs profonds, définition correcte, équilibre correct entre grain et lissage.

Le Merdier

Son - 5,0 / 5

VOSTF et excellente VF d’époque en DTS HD Master Audio 2.0. mono, toutes deux parfaitement restaurées : offre nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone. La VOSTF est dotée, sans surprise, d’un équilibrage supérieur entre effets sonores, dialogues et musique. La VF est enregistrée à un niveau plus atténué mais est nette et bien nettoyée. Possibilité de visionner la VO sans STF.

Le Merdier

Crédits images : © Rimini Éditions

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony