La Fille sur la balancoire (1955) : le test complet du Blu-ray

The Girl in the Red Velvet Swing

Réalisé par Richard Fleischer
Avec Ray Milland, Joan Collins et Farley Granger

Édité par Rimini Editions

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Le 24/10/2018
Critique

La Fille sur la balançoire

New York 1906 : un procès criminel s’ouvre. Il traite de l’histoire de la danseuse Evelyn tombée amoureuse de l’architecte renommé Stanford White, par ailleurs marié. White éloigne Evelyn mais elle succombe alors aux propositions du millionnaire Harry Thaw qui l’épouse. Thaw est un paranoïaque qui, estimant que White est son rival, finit par l’assassiner. Il risque la peine de mort mais le témoignage d’Evelyn pourrait faire pencher la balance en sa faveur.

La Fille sur la balançoire(The Girl in the Red Velvet Swing) (USA 1955) de Richard Fleischer semble être un simple drame psychologique sur fond de reconstitution soignée d’époque d’après un fait-divers réel survenu presque cinquante ans plus tôt (en dépit d’une ou deux légères inexactitudes aisément compensées par la beauté de sa direction artistique) mais il est passionnant à (au moins) trois titres principaux.

D’abord, sur un plan filmographique, le personnage de psychopathe admirablement joué par Farley Granger est le premier donné comme tel dans l’oeuvre de Fleischer qui approfondira ensuite considérablement ce thème jusqu’à en faire le sujet authentique de ce que j’ai nommé sa « trilogie psychopathologique » de 1968, 1969 et 1970 (L’Etrangleur de Boston, L’Étrangleur de Rillington Place, Terreur aveugle). Les scènes finales du procès annoncent évidemment, pour leur part, Le Génie du Mal (USA 1959) du même Fleischer. Concernant l’évolution technique de Fleischer, c’est sa troisième utilisation du procédé Scope après 20 000 lieues sous les mers (USA 1954) puis Les Inconnus dans la ville (Violent Saturday) (USA 1955). Elle le confirme, en cette année 1955, comme un des maîtres plastiques du procédé qu’il utilisera durant vingt ans avec la même maîtrise et la même continuelle inspiration.

La Fille sur la balançoire

Ensuite, sur le plan de l’histoire du cinéma fantastique américain, est-ce un hasard objectif ou bien Roger Corman, même s’il ne l’avoue nullement au chapitre 7 de son autobiographie (traduite et éditée chez Capricci en 2018), a-t-il été influencé par la structure de la scène du rêve de Joan Collins lorsqu’il a filmé entre 1960 et 1965 les scènes de cauchemar de la série Edgar Poe ? Esthétiquement, en tout cas, l’idée psychanalytique est, plastiquement, dans l’air du temps. Le fait que le film de Fleischer et ceux de Corman soient en CinemaScope renforcent encore leur parenté plastique, sans parler d’une durée presque identique de la scène onirique et de la présence de Ray Milland. Les décors baroques et surchargés de son bureau chez Fleischer en 1955 annoncent d’ailleurs ceux que Daniel Haller imaginera pour L’Enterré vivant (Premature Burial) (USA 1962) de Roger Corman où Milland tient, à son tour, un rôle de psychopathe.

La Fille sur la balançoire

Enfin c’est un des premiers grands rôles en vedette de Joan Collins (l’une des plus belles actrices brunes du vingtième siècle dont l’âge d’or - assez long en raison de sa grande beauté résistante à l’assaut du temps - s’étend sur la période 1955-1990) qui est ici moins bien érotiquement exploitée que dans La Terre des pharaons (USA 1955) d’Howard Hawks mais qui l’est déjà assez bien tout de même.

Concernant la ressemblance de la fin de ce Fleischer avec l’histoire du Lola Montès (Fr.-RFA 1955) de Max Ophuls, aussi tourné en 2.55 Scope couleurs la même année, l’histoire de l’exploitation vient heureusement au secours de l’histoire du cinéma lorsque cette dernière se pose éventuellement la question de savoir si l’un des deux titres a pu influencer l’autre. En effet, ce n’est qu’en 1959 qu’une version remontée du film d’Ophuls fut exploitée aux USA et ce n’est qu’en 1957 que le titre de Fleischer fut exploité en France : ni Fleischer ni Ophuls n’ont donc pu visuellement s’inspirer l’un de l’autre en 1955 à moins que Zanuck n’ait eu vent du sujet outre-Atlantique traité par Ophuls à la suite d’une indiscrétion ? Qui sait ? Ou bien l’inverse, Les indiscrets existant aussi en France ou en Allemagne ? Ce qu’on peut rétrospectivement constater, sur le plan dramatique de la construction des deux titres, c’est que le destin final de Evelyn est révélé dans une très brève séquence (dont la brièveté techniquement virtuose renforce l’efficacité) par Fleischer alors que Ophuls insistait lourdement à plusieurs reprises sur celui de son héroïne.

La Fille sur la balançoire

Présentation - 3,0 / 5

1 Blu-ray édité par Rimini le 02 octobre 2018. Image couleurs Deluxe reportées en Full HD 1080p au format original 2.55 CinemaScope respecté et compatible 16/9. Son Mono VOSTF DTS HD 5.1. et 2.0 VF. Durée du film sur Blu-ray : 108 min. environ. Suppléments : analyse du film par Ophélie Wiel, critique et chargée de cours à l’université Paris-III.

Bonus - 2,5 / 5

Analyse à la fois historique et esthétique par Ophélie Wiel, critique et chargée de cours à Paris III (durée environ 20 minutes). On peut y apercevoir une authentique photographie N&B des années 1900 posée par la véritable Evelyn, sur la peau d’un ours polaire monstrueux ! Elle était certes moins jolie que Joan Collins mais il faudrait juger sur plusieurs images pour avoir une idée exacte et pouvoir vraiment lui rendre justice post-mortem : cette image la montre en effet d’un peu loin, en plan de demi-ensemble. Par ailleurs, situation correcte de l’oeuvre dans la filmographie du cinéaste, des acteurs principaux, de la Fox par la présentatrice (dotée d’un beau sourire). Elle fournit l’information que Marylin Monroe aurait pu avoir le rôle mais l’avait refusé. Je ne sais plus si, en revanche, elle précise dans sa présentation que les producteurs, avant d’embaucher Joan Collins, envisageaient Sheree North ? Aucune galerie affiches et photos d’exploitation : dommage.

La Fille sur la balançoire

Image - 3,0 / 5

Full HD 1080p au format original 2;35 CinemaScope couleurs compatible 16/9. Image argentique dotée d’une définition correcte mais régulièrement parsemée de poussières négatives et positives, de brûlures de cigarettes alternant avec des plans parfaitement nettoyés : restauration argentique insuffisante. Grain par ailleurs peut-être un peu trop lissé. Mais c’est pourtant la meilleure jamais vue de ce titre chez nous en vidéo et vous pouvez donc l’acheter sans hésiter étant donné que c’est un titre important de Fleischer. La direction photo de Milton Krasner contient deux prouesses techniques, compte tenu des contraintes du format Scope : la scène de la balançoire d’une part, le rêve d’Evelyn d’autre part.

La Fille sur la balançoire

Son - 5,0 / 5

VOSTF DTS HD 5.1. et 2.0, VF 2.0 seulement. Je conseille (pour une fois) de privilégier le remixage 5.1. qui est la piste la plus nette et la mieux équilibrée car on n’est ainsi pas très éloigné de la piste originale Western Electric à quatre canaux de 1955. Sans pour autant négliger d’écouter aussi l’ancienne piste stéréo VO ni la VF mono d’époque. Son choix de voix est inférieure à celui de la VO sauf dans le cas de Joan Collins à qui est conférée une voix plus grave que sa voix originale (une voix de petite fille un peu mièvre et agaçante). Elle lui convient donc mieux mais n’est pas encore aussi belle que celle conférée, la même année, par la VF d’époque de La Terre des pharaons qui était encore plus grave et qui lui allait, cette fois, comme un gant.

La Fille sur la balançoire

Crédits images : © Rimini Éditions

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony