Les Salauds vont en enfer (1955) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Robert Hossein
Avec Marina Vlady, Henri Vidal et Serge Reggiani

Édité par Gaumont

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Le 21/01/2019
Critique

Les Salauds vont en enfer

Sud de la France, 1955. Pierre Macquart et Lucien Rudel, menacés de mort en prison, s’évadent de justesse mais l’un d’eux est blessé. Ils trouvent refuge dans une maison isolée sur une plage déserte où vivent un artiste-peintre et sa maîtresse. Le peintre est abattu en tentant de résister. Sa maîtresse demeure la proie des deux criminels qui vont bientôt devenir rivaux puis ennemis à cause d’elle.

Les Salauds vont en enfer (France 1955) de Robert Hossein, supervisé par Georges Lampin, est un des meilleurs films noirs français de la période 1950-1960. Sa qualité provient du fait qu’il introduit dans un sujet policier quelques touches esthétiques de fantastique, genre qu’aimait Hossein et auquel il contribuera ensuite admirablement dans Le Vampire de Dusseldorf (1964) et genre auquel contribuera aussi son producteur Jules Borkon lorsqu’il produira Les Yeux sans visage (1960) de Georges Franju.

Les Salauds vont en enfer

Marina Vlady compose une étrange et érotique femme fatale (qu’elle avait déjà, une année plus tôt, très légèrement ébauchée dans Avant le déluge d’André Cayatte) dont les capacités dramatiques seront approfondie et renouvelées par Hossein dans ses trois réalisations suivantes : Pardonnez nos offenses (1956), Toi… le venin (1958), La Nuit des espions (1959). Reste du casting typique de la qualité française 1950-1960 : une nouvelle vague de comédiens (Robert Hossein en détenu sadique, Serge Reggiani, Henri Vidal, Marthe Mercadier assez étonnante en garce érotique devenue chanteuse) croisant des valeurs éprouvées (Robert Dalban, Lucien Raimbourg). Excellente exploitation visuelle d’une plage de Camargue, le reste ayant été tourné dans les studios marseillais Marcel Pagnol. Hossein, dans ses mémoires, garde un souvenir pénible du tournage car il maîtrisait mal la technique : le résultat est pourtant, même sur ce plan, très satisfaisant. Il faudrait évidemment savoir si c’est à Hossein ou à Lampin qu’on doit ces jolis « fondus au rideau » alternant les visages des prisonniers ou bien ce magnifique plan final filmé à la très longue focale ?

En tout cas, pour un premier film, c’était assurément un coup de maître bien dirigé, bien filmé, bien monté et déjà doté d’un romantisme cruel voire fantastique qui sera autant la marque de Hossein réalisateur que de Hossein acteur dans ses meilleurs titres.

Les Salauds vont en enfer

Présentation - 4,0 / 5

1 Blu-ray édité par Gaumont collection Découvertes, le 07 novembre 2018. Durée du film : 107 minutes environ. Image N&B Full HD 1080p, encodage MPEG4 / AVC au format original 1.37 respecté et compatible 16/9. Son DTS HD Master audio 2.0 mono VF et version sourds et malentendants en option. Suppléments aussi en Full HD: Le réalisateur aux deux visages, par Jean Ollé-Laprune (20 min. environ). Catalogue des collections Gaumont Classiques et Gaumont Découvertes inclus dans le boîtier.

Bonus - 4,0 / 5

Le documentaire Aux fraises, je connais un coin formidable (2018, environ 30 min.) de Lucas Balbo et Merrill Aldighieri est précis, bien illustré et riche d’informations : vous saurez l’essentiel sur la genèse, la production, le tournage, le casting, la distribution. Hypothèse intéressante : Hossein aurait dirigé les séquences où il n’apparaît pas, Lampin les autres. Fut-ce vraiment le cas ? Des entretiens filmés un peu plus anciens de Hossein et Jean Rollin sont intégrés au montage mais ne répondent pas à cette question. Un fragment des mémoires de Hossein est lu. Ce sont de tels documents de première main qui sont utiles à l’historien. Un seul regret : l’absence du jeu de photos d’exploitation française de 1955. Olivier Lewis étant crédité en remerciements, j’en déduis que lui non plus ne les possédait pas. Deux bandes-annonces originales de 1955, un peu trop longues mais savoureuses et nerveuses, mentionnant toutes les deux l’interdiction aux moins de 16 ans, ainsi qu’un petit module de restauration, complètent ces supplément.

Les Salauds vont en enfer

Image - 5,0 / 5

Full HD 1080p, encodage MPEG 4 / AVC au format original 1.37 N&B compatible 16/9. Image argentique très bien restaurée : je renvoie au module de restauration présenté en suppléments. Bruit vidéo totalement maîtrisé. Définition à tomber par terre de qualité et de précision. Excellente gestion des noirs et dosage parfait entre grain et lissage. Un exemple de ce qu’il faut faire. Dorénavant l’édition de référence sur le plan technique. Même le plan final à très longue focale est assez défini pour qu’il soit enfin restitué comme il le mérite.

Son - 5,0 / 5

VF en DTS HD Master audio 2.0 mono restaurée : bon équilibrage dialogues-musique-effets sonores. La version pour sourds et malentendants est en option : sous-titrage graphiquement agréable et intelligemment réparti, de manière à être suivi intuitivement, comme toujours chez Gaumont. Pour de tels films classiques, il faudrait aussi songer au sous-titrage anglais : les cinéphiles du monde entier pourraient y avoir accès plus aisément, l’obstacle de la langue une fois franchi. Musique signée, sous pseudonyme, par le père de Robert Hossein, première collaboration musicale de l’un pour l’autre.

Les Salauds vont en enfer

Crédits images : © Gaumont

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony