Vice Squad (1982) : le test complet du Blu-ray

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Gary A. Sherman
Avec Season Hubley, Gary Swanson et Wings Hauser

Édité par Studiocanal

Voir la fiche technique

Avatar Par
Le 01/12/2020
Critique

Un des meilleurs films noirs policiers de la décennie 1980-1990, d’une violence graphique au réalisme cauchemardesque.

Vice Squad

USA, Los Angeles, 1982 : le proxénète Ramrod torture à mort Ginger, une prostituée lassée de sa brutalité et qui s’était réfugiée dans une chambre d’hôtel, après lui avoir volé 500 US$. L’inspecteur Tom Walsh de la brigade mondaine persuade sa meilleure amie Princesse de piéger Ramrod. Le piège fonctionne et Ramrod est arrêté mais il s’évade pendant son transfert au commissariat. Durant toute la nuit, il traque alors Princesse comme une proie, éliminant les témoins gênants avec une brutalité confinant à la folie tandis que Walsh et son équipe tentent de le prendre de vitesse et de la sauver coûte que coûte.

Vice Squad Descente aux enfers (Vice Squad, USA 1982) de Gary A. Sherman est des meilleurs films noirs policiers violents de série B de la période 1980-1990.

Il flirte avec le cinéma fantastique dans lequel Sherman s’était déjà illustré : le proxénète interprété par Wings Hauser (dont ce fut le premier grand rôle au cinéma) est dépeint comme un monstre authentique sous un physique de jolie brute et fait très peur; la violence graphique est, en outre, régulièrement cauchemardesque. La fameuse séquence nécrophile photographiée aux bougies par John Alcott pourrait sembler gratuite ou référentielle à sa direction photo sur Barry Lyndon (USA 1975) de Stanley Kubrick mais elle est, assure Sherman, comme tout le reste de l’histoire, basée sur des faits strictement réels. Elle avait inspiré l’affiche française d’époque qui jouait très justement sur les deux registres : policier et fantastique. Une des affiches américaines (la plus belle, celle en N&B avec le titre en simples lettres rouges) revendiquait pour sa part la terreur comme objet premier et son slogan était celui d’un film « survival ». Sherman avait été aussi influencé par le film noir policier Hardcore (USA 1979) de Paul Schrader : le casting de l’actrice Season Hubley l’indique bien mais d’autres éléments l’en rapprochent sur le plan du scénario. Par exemple, dans les deux titres, l’enquête mène à un entrepôt servant de lieu de tournage à des films pornographiques sado-masochistes.

La critique française de 1982 avait été, pour sa part, impressionnée par l’hyperréalisme stylisé de la photographie et par la rigueur du découpage temporel, son respect impressionnant des unités de temps et d’action (presque de lieu si on considère que les rues de Los Angeles sont une unité), mais n’avait pas considéré Vice Squad Descente aux enfers comme autre chose qu’un thriller de série B correctement réalisé et interprété. Ce sont, en réalité, les connaisseurs français de la filmographie fantastique de Gary A. Sherman - ceux qui avaient vu Le Métro de la mort (Death Line, GB 1972) puis Réincarnations (Dead and Buried, USA 1981) - qui l’apprécièrent. Il discernèrent une certaine continuité thématique entre ces trois titres (probablement les meilleurs que Sherman ait signés au cinéma, avec le recul). En filigrane, on voyait s’y dessiner une critique sociale virulente, une dénonciation des excès du pouvoir, un humour noir parfois surréaliste dans certains de ses excès graphiques les plus brutaux. Le plus intéressant était que, chaque fois, non seulement le genre auquel le film appartenait était honnêtement servi mais encore il était un peu renouvelé.

Ce qu’on ignorait en France au moment de sa sortie 1982, c’était l’aspect néo-réaliste du scénario de Vice Squad Descente aux enfers, entièrement inspiré par les souvenirs véridiques d’un inspecteur devenu, au moment du tournage, commandant de police. Durant 6 semaines, Sherman patrouilla avec la police de Los Angeles et suivit une formation accélérée à ses procédures, eut même l’occasion de dialoguer avec les détenus emprisonnés dans un authentique commissariat. Comme souvent, en raison d’un réalisme alors très apprécié à Hollywood, les policiers en uniforme sont de véritables policiers plutôt que de simples figurants. Il arriva même que certains plans d’authentiques opérations de police soient saisis au vol par l’équipe de tournage, survenant par hasard sur les lieux de l’action fictive. Le succès critique fut, aux USA, considérable. Malheureusement, Sherman, ‘épuisé par le tournage (durant lequel il avait même risqué de mourir) se tourna ensuite vers la télévision. Convenons qu’il y avait, dans ses deux films fantastiques de 1972 et 1981, ainsi que dans ce film noir policier ultra-violent parfois proche du fantastique de 1982, des scénarios originaux, une belle maîtrise plastique, une mise en scène inspirée.

Vice Squad Descente aux enfers surfe, sur le plan de l’histoire du film noir policier américain, dans les mêmes eaux que d’autres grands titres de la fin 1970, début 1980 tels que le déjà cité Hardcore (USA 1979) de Paul Schrader, que La Chasse (Cruising, USA 1980) de William Friedkin ou bien encore que Exterminator (Le Droit de tuer) (USA 1980) de James Glickenhaus : leur réalisme et leur souci de vérité sont si obstinés qu’ils aboutissent presque naturellement à une esthétique baroque, visionnaire, voire fantastique et cauchemardesque.

Vice Squad

Présentation - 4,0 / 5

1 combo 1 Blu-ray BD50 région B +1 DVD édités par Studio Canal le 10 juin 2020, collection Make my day ! n°23, dirigée par J.-B. Thoret. Image couleurs au format original 1.85 compatible 16/9, norme AVC 1080p. Son DTS-HD Master Audio 2.0 VOSTF + VF d’époque. Durée du film 97 min. environ sur Blu-ray et 93 min. environ sur DVD. Suppléments  : Entretien avec le cinéaste Gary A. Sherman (2019, VOSTF, 72 min. environ) + présentation par J.-B. Thoret (7 min. environ) + Bande-annonce originale (0min. 55 sec. environ).

Bonus - 3,0 / 5

Présentation par J.-B. Thoret (2020, durée 7 min. 07 sec.) : elle est illustrée, notamment, par la très belle affiche française de 1982 (qu’on aurait pu reprendre pour l’illustration de cette édition même si le visuel Studio Canal 2020 est mignon : la meilleure affiche, la plus inquiétante, demeurant, de toutes manières, l’affiche américaine N&B originale de 1982, munie d’une légère touche rouge colorant les lettres du titre). Elle fournit les clés nécessaires à la bonne situation du titre dans l’histoire du genre et n’est pas trop longue. Un seul reproche : le visage du présentateur y occupe la moitié de l’écran et il ne reste pas beaucoup de place pour les documents d’illustration (affiches, photos de plateau), sauf extraits filmiques occupant l’écran entier et sauf, heureuse et notable exception, cette fameuse affiche française de 1982 qu’on a une ou deux secondes pour contempler sur l’intégralité de l’écran TV : c’est bref mais on peut alors utiliser l’arrêt sur image pour la contempler autant de temps qu’on veut.

Entretien avec le cinéaste Gary A. Sherman (2019, VOSTF, durée 72min. 22 sec.) : un des plus intéressants que j’ai écoutés de ma vie. Il provient directement de l’édition Blu-ray collector américaine Shout Factory, sortie en 2019 mais munis de STF pour cette édition Studio Canal 2020. On découvre comment Sherman, réalisateur publicitaire précurseur du vidéo-clip, mais aussi contemporain de la génération hippie qu’il filma en direct, est devenu le cinéaste de Le Métro de la mort (Death Line, GB 1972) qui avait eu les honneurs d’une convention du cinéma fantastique à Paris, de Réincarnations (Dead and Buried, USA 1981) et de Vice Squad Descente aux enfers (USA 1982). Long, filmé en plan fixe caméra sur pied, sur fond noir mais on n’accélère jamais tant c’est passionnant : l’expatriation des USA en 1968 vers l’Angleterre, la carrière londonienne, le retour aux USA au moment des attentats londoniens de l’IRA, les conditions dans lesquelles Sherman était devenu l’ami de Jonathan Demme et Michael Mann, la manière dont Donald Pleasence accepta le script du titre de 1972 : il faudrait tout citer. La seconde partie embrayse sur la genèse, la production, le casting, le tournage, le rapport à la réalité et à la police de Los Angele dans Vice Squad Descente aux enfers : vous saurez beaucoup de choses, là encore.

Bande-annonce originale (1.85 couleurs 16/9, VOSTF, durée 0 min. 55 sec.) : efficace et très bien montée, surtout compte tenu du très grand nombre de plans qu’elle comporte pour une durée si brève. Elle insiste, dans son slogan final, sur l’aspect véridique de l’histoire. Bon état argentique. Sa date de copyright mentionnée est 1981 alors que c’est bien 1982 sur le long-métrage de référence. Ce genre de divergence d’une année entre bande-annonce et film de référence est monnaie courante mais c’est la vidéo qui permet vraiment de mesurer le phénomène. Au cinéma, à l’époque, il passait souvent inaperçu puisque la BA et le film qu’elle annonçait n’étaient jamais projetés ensemble dans la même salle l’un à la suite de l’autre.

Au total, bonne édition spéciale. Le cinéphile qui voudrait passer à la vitesse supérieure et disposer d’une édition collector doit se tourner - si et seulement si il est anglophone car tout y est dit en VO sans STF - vers l’édition Shout Factory américaine sortie en 2019, contenant une quinzaine de suppléments (y compris cet entretien-ci avec Sherman, bien sûr) parmi lesquels 2 commentaires audio, une ample galerie affiches et photos, etc.

Vice Squad

Image - 5,0 / 5

Full HD 1080p au format large original respecté 1.85 compatible 16/9. Copie argentique en excellent état, provenant d’un scan 4K du négatif original. Grain privilégié par le transfert. Il faut savoir que le film fut tourné intégralement la nuit concernant les scènes d’extérieurs, utilisant majoritairement l’éclairage d’ambiance. La fameuse séquence nécrophile aux bougies fut éclairée uniquement par les bougies, sans source d’éclairage annexe. Direction de la photo signée John Alcott qui avait travaillé non seulement sur Barry Lyndon mais sur Shining (The Shining, USA 1980) de Stanley Kubrick.

Son - 5,0 / 5

DTS-HD Master Audio 2.0 mono en VOSTF + VF d’époque. Offre nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone. Montage remarquable de la musique sur l’image : héritage d’une longue carrière dans la publicité. Il est particulièrement remarquable durant les séquences finales. Bon équilibrage des dialogues, des effets sonores et de la musique en VOSTF. La VF d’époque est fonctionnelle, sa vulgarité modifie parfois un peu l’américain mais rarement.

Crédits images : © Hemdale, Sandy Howard Productions

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
Note du disque
Avis

Moyenne

4,0
5
0
4
1
3
0
2
0
1
0

Je donne mon avis !

Avatar
francis moury
Le 2 décembre 2020
Un des meilleurs films noirs policiers de la décennie 1980-1990, d’une violence graphique au réalisme cauchemardesque.

Lire les avis »

Multimédia
Vice Squad
Bande-annonce VO

Proposer une bande-annonce

Du même auteur
(publicité)

(publicité)