Retour vers l'enfer (1983) : le test complet du Blu-ray

Uncommon Valor

Réalisé par Ted Kotcheff
Avec Gene Hackman, Fred Ward et Randall "Tex" Cobb

Édité par Paramount Pictures France

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Le 27/01/2021
Critique

Un classique du cinéma de la guerre du Viêt-Nam, certes inégal mais indispensable au connaisseur.

Retour vers l'enfer

Viêt-Nam 1972 : des soldats américains sont abandonnés par un hélicoptère. Bangkok 1977 : le colonel Rhodes recherche et obtient la preuve que son fils Frank est détenu dans un camps de prisonniers politiques au Laos. USA 1982 : Rhodes reconstitue le camps à partir de photos aériennes et entraîne un commando constitué essentiellement d’anciens combattants de l’unité de son fils. Thaïlande puis Laos 1982 : la CIA, soumise à pression politique, fait confisquer son stock d’armes par la police thaïlandaise mais laisse le commando libre de ses mouvements. Rhodes et ses hommes montent vers le Triangle d’or (côté Laos), se procurent des armes auprès d’un Chinois anti-communiste : ils passent la frontière laotienne, donnent l’assaut au camps réel, libèrent les prisonniers américains (du moins ceux encore vivants) au prix de lourdes pertes des deux côtés. Leur retour aux USA est salué par les média.

Retour vers l’enfer (Uncommon Valor, USA 1983) de Ted Kotcheff fut co-produit par le cinéaste John Milius, l’acteur Wings Hauser, Buzz Feitshans et Kotcheff lui-même. Il fut tourné juste après Rambo (First Blood, USA 1982) de Ted Kotcheff déjà co-produit par Feitshans. Le titre original Uncommon Valor est une citation fragmentaire d’une formule (« Where uncommon valor was a common virtue ») gravée sous le monument (situé à Washington D.C.) dédié aux US Marines depuis 1775, y compris ceux qui donnèrent l’assaut à l’île japonaise d’Iwo Jima durant la Seconde guerre mondiale. Il prolonge et amplifie la réhabilitation par Hollywood des combattants américains de la guerre du Viêt-Nam.

Retour vers l'enfer

Le gouvernement américain de 1983 considérait que le message du scénario (il fait dire explicitement qu’après dix ans de négociations inutiles, environ 2500 combattants américains étaient toujours portés disparus, probablement illégalement prisonniers du Vîet-Nam) lui était hostile. Il refusa que l’armée prête à la production les hélicoptères prévus par le scénario de Joe Gayton qui serait adapté d’une histoire écrite par l’acteur Wings Hauser sans que ce dernier en soit crédité au générique et qui aurait aussi une certaine ressemblance avec le livre d’un certain J.C. Pollock, Mission MIA (Missing In Action), publié en 1982. Le bref discours de Rhodes avant l’assaut cite Shakespeare, Jules César, acte V, scène 1 (*), dialogue final entre Brutus et Cassius, juste avant leur bataille contre l’armée impériale d’Octavius. Le script instaure une sorte de continuité entre la guerre de Corée (au cours de laquelle Rhodes père s’illustra) et celle du Viêt-Nam : non seulement en raison du lien père-fils mais aussi parce que, une fois leurs armes légères contemporaines confisquées, Rhodes et ses hommes achètent un stock plus ancien, contenant des armes utilisées en 1950-1953 pendant la guerre de Corée : fusil Garand M1, pistolet-mitrailleur Thompson M1A1, FM BAR US1918. Deux exceptions : le fusil M14 utilisé par le jeune Marine joué par Patrick Swayze pour neutraliser les sentinelles d’une part, les fusils AK Norinco chinois utilisés par les filles de Jiang.

Retour vers l'enfer

Le casting allie valeurs sûres et éprouvées (Robert Stack et Gene Hackman) à une nouvelle génération (Fred Ward, Patrick Swayze) plus inégale mais honorable. Parmi les rôles féminins, mentionnons deux actrices américaines et une actrice chinoise intéressantes : les belles Gail Strickland (rôle muet de l’épouse de Rhodes) et Constance Forslund (rôle de l’épouse de Charts) d’une part, Alice Lau (créditée Lau Nga Lai au générique) d’autre part qui joue Lai Fun, la Chinoise anti-communiste combattante et amoureuse. On a souvent remarqué que Gene Hackman tiendra un rôle inverse de celui qu’il tient ici dans le Air Force : Bat 21 (Air Force : Bat*21, USA 1988) de Peter Markle.

Retour vers l’enfer est inégal : il vaut surtout par son ouverture pré-générique, plastiquement splendide, et sa dernière partie, très violente, efficace et riche en morceaux de bravoure, à la fois esthétiques et dramatiques. Sa section entraînement (tournée à Hawaï) est plus faible, corrompue par quelques éléments de comédie. Dès que Kotcheff filme l’Asie, il redevient plus inspiré sans oublier la brève mais très belle séquence de l’enfant aperçu en rêve nocturne. Historiquement moins connu que Rambo (auquel le nom de son cinéaste demeure désormais inévitablement attaché), Retour vers l’enfer est néanmoins tout aussi indispensable à une vidéothèque cinéphile s’intéressant au genre film de guerre et à sa passionnante catégorie guerre du Viêt-Nam.

(*) William Shakespare, La tragédie de Jules César (édition Les Belles lettres, Collection Shakespeare, texte anglais établi et traduit avec présentation et notes par Charles-Marie Garnier, Paris 1929, nouveau tirage 1967, page 169).

Retour vers l'enfer

Présentation - 4,0 / 5

1 Blu-ray BD50 multirégions ABC édité par Paramount le 20 janvier 2021. Image Full HD (sur Blu-ray) au format 1.78 (à partir d’un 1.85 réel) Technicolor compatible 16/9, 1920 x 1080p AVC. Son VOSTF en DTS-HD Master Audio Mono 2.0 + VF d’époque + ST anglais et allemands. Durée du film 104 min. 50 sec. environ. Suppléments : aucun. On peut regretter que Paramount n’ait pas purement et simplement repris comme illustration de jaquette les affiches (américaine ou française) de 1983 qui étaient supérieures à cette jaquette 2020 qui en retient néanmoins (heureusement) l’élément graphique essentiel (Frank Rhodes portant un blessé sur son épaule) mais en beaucoup plus petite taille et décentré par rapport à l’affiche de 1983.

Bonus - 0,0 / 5

Aucun supplément. C’était déjà le cas de l’édition américaine Paramount distribuée là-bas le 15 septembre 2020.

Image - 4,0 / 5

Format 1.78 (à partir d’un 1.85 réel) Technicolor, compatible 16/9, Full HD. Copie argentique en parfait état : à peine deux ou trois poussières blanches relevées sur 105 minutes environ. Direction photo signée Stephen H. Burum. Sa colorimétrie correspond précisément à ce qu’on voyait au cinéma en 1983. Rapport grain et lissage vidéo très bien équilibré bien que certaines séquences privilégient davantage le grain que d’autres : la restauration argentique comme vidéo a été soignée. Mais pourquoi n’avoir pas totalement respecté le format original ? Lorsque Paramount s’en donne la peine, le résultat est remarquable : voir sa récente édition 2020 du nouveau montage par Francis Ford Coppola de Le Parrain III - Le Parrain épilogue : la mort de Michael Corleone

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Son - 4,0 / 5

VOSTF mono DTS-HD Master Audio 5.1. + VF d’époque Dolby Digital 2.0 stéréo : offre complète pour le cinéphile francophone. Les deux pistes sont très propres mais le niveau d’enregistrement des effets sonores est volontairement inégal durant la séquence d’ouverture où la musique domine exprès. Par la suite, certaines explosions offrent l’ampleur phonique stéréo la plus évidente mais sur l’ensemble, les effets sonores sont un peu inégaux : il faut incriminer la conception technique du son de 1983, pas la masterisation de 2020, bien entendu. Détonations cependant réalistes (par exemple celle du fusil M14). La VF d’époque est en bon état technique mais je recommande de privilégier la VO qui restitue mieux les effets sonores. Musique signée James Horner, surtout impressionnante durant le pré-générique, par la suite toujours efficace mais un peu moins inspirée et notable.

Crédits images : © Paramount Pictures, Milius-Feitshans

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
Note du disque
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francis moury
Le 28 janvier 2021
Un classique du cinéma de la guerre du Viêt-Nam, certes inégal mais indispensable au connaisseur.

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