Le Justicier de minuit (1983) : le test complet du Blu-ray

10 to Midnight

Réalisé par J. Lee Thompson
Avec Charles Bronson, Lisa Eilbacher et Andrew Stevens

Édité par Sidonis Calysta

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Le 15/06/2021
Critique

Film noir policier sur le thème de la criminalité psychopathologique, réalisé d’une manière parfois impressionnante.

Le Justicier de minuit

Los Angeles, USA 1983. Le jeune Warren Stacey, suspecté d’être un éventreur psychopathe, est arrêté par la police puis relâché faute de preuve. Le lieutenant Kessler est persuadé qu’il est coupable et qu’il a déjà supprimé un témoin. Un duel judiciaire aboutit à la révocation de Kessler pour persécution. Kessler surveille cependant Stacey qui décide de s’en prendre à Laurie, infirmière et fille de Kessler. Ni ce dernier ni son jeune adjoint McAnn ne peuvent alors empêcher un massacre dans l’école professionnelle de Laurie qui en réchappe de justesse. Kessler est alors plus que jamais déterminé à mettre Stacey hors d’état de nuire.

Le Justicier de minuit (10 To Midnight, USA 1983) de Jack Lee Thompson est une série B qui se situe dans la lignée directe de ce qui demeure son chef-d’oeuvre, à savoir Les Nerfs à vif (Cape Fear, USA 1962). Ce n’est plus un avocat mais un policier qui est principalement confronté avec le mal absolu. Et ses effets sont d’une sauvagerie graphique bien plus explicite, ce qui fait basculer plus d’une fois le film du genre policier vers le genre fantastique. La question est néanmoins strictement la même : si la loi ne permet plus d’appliquer la justice, faut-il passer outre la loi ? Menahem Golan et Yoram Globus (Cannon Group) réemploient l’acteur Charles Bronson en tirant partie de la série initiée par Un Justicier dans la ville (Death Wish, USA 1974) de Michael Winner. Le distributeur cinéma français ne s’y était d’ailleurs pas trompé en lui donnant un titre assez proche de celui du Winner de 1974, et le public non plus.

Le Justicier de minuit

Cela dit, Le Justicier de minuit est doté d’un budget certes assez pauvre mais il réussit à se tirer vers le haut par deux ou trois très grands moments techniques de sadisme cinématographique : les premiers meurtres d’abord puis le massacre final, tous étonnants de violence et qui expérimentent même quelques effets de cadrage et de montage en raison de la manie du psychopathe : être nu pour tuer des femmes. Le montage (signé Peter Lee Thompson) introduit furtivement des souvenirs venant à l’esprit du tueur sous la forme d’images mentales. Cet effet plastique avait déjà été utilisé avant 1983, par exemple dans Exterminator (Le Droit de tuer) (USA 1980) de James Glickenhaus.

Le Justicier de minuit est surtout l’occasion pour Jack Lee Thompson de filmer quelques étranges moments de terreur pure. Ce mélange d’érotisme et de folie homicide ne laisse pas d’être impressionnant. Le titre fut d’ailleurs interdit aux moins de 18 ans en France. L’acteur Gene Davis qui interprète le psychopathe, est remarquable et porte, davantage encore que Bronson et que les honnêtes acteurs rassemblés autour de lui, le film sur ses épaules. L’actrice Lisa Eilbacher - qu’on retrouvera notamment dans Leviathan (USA-Ital. 1989) de George P. Cosmatos (qu’il faut impérativement visionner au format 2.35 original pour en apprécier la beauté plastique) - est le troisième attrait du casting. Katrina Parish (la mignonne Tina draguée dans le cinéma à des fins qu’elle n’imagine pas encore) est le quatrième. La mise en scène de Lee Thompson est, certes, engoncée dans un cahier des charges a priori destiné à tuer toute initiative : il surmonte pourtant plus d’une fois l’obstacle. Et il n’a pas sacrifié le reste de la continuité aux scènes spectaculaires qui l’intéressaient évidemment au premier chef. C’est dire qu’on est en présence d’un film certes mineur dans la carrière de son réalisateur mais d’un film cependant intéressant et qui ne méritait certainement pas le mépris dont il fut accablé lors de sa sortie cinéma en France.

Le Justicier de minuit

Présentation - 4,0 / 5

1 Blu-ray BD50 Full HD 1080p AVC, région B, édité par Sidonis Calysta, le 20 mai 2021. Durée du film : 101 min. environ sur Blu-ray. Image au format original 1.85 respecté en couleurs, compatible 16/9. Son DTS-HD Master Audio 2.0 Mono en VOSTF + VF d’époque. Suppléments : présentation par Gérard Delorme + documentaire sur Charles Bronson, héros populaire + 2 bandes-annonces originales.

Bonus - 2,0 / 5

Présentation par Gérard Delorme (durée 12 min. environ) : honnête présentation qui situe correctement le titre dans la carrière du cinéaste, de l’acteur principal et fournit quelques intéressantes informations sur les acteurs et le tournage. Bonne remarque sur l’influence évidente de la série cinéma des Vendredi 13 (1980-1989) dont c’était alors le triomphe au cinéma, sur l’écriture du scénario. Delorme a également raison de rappeler l’affaire Richard Speck survenue en 1966 mais il aurait pu songer à signaler que Les Anges violés (Okasareta byakui, Jap. 1967) de Koji Wakamatsu s’en était déjà inspiré. Lee Thompson l’avait-il vu ? Passionnante question d’histoire du cinéma à laquelle je n’ai pas, pour l’instant, de réponse.

Documentaire sur Charles Bronson (16/9, VOSTF, couleurs + N&B, durée 40 min. environ) : on trouvait déjà ce documentaire en 2019 sur l’édition Blu-ray collector Sidonis de Un Justicier dans la ville (Death Wish, USA 1974) de Michael Winner avec Bronson. Ce dernier témoigne directement de certains moments de sa vie et ce documentaire est bien écrit : il permet de bien mesurer la valeur et l’originalité de la section européenne de la filmographie de Bronson mais aussi l’importance des titres produits aux USA par Dino de Laurentis. Il est bien monté, bien sous-titré par Franck Lipsik (son nom me rappelle celui de Jean-Jacques Vuillermin, s’il s’agit du même Lipsik car ce sont eux deux qui nous révélèrent en VHS Secam, grâce à leur label American Vidéo, le si beau film policier de James Glickhenhaus de 1980, un des meilleurs dans la lignée issue de ce Winner) et il est nourri de nombreuses photos d’archives privées. Il comporte également des entretiens avec les acteurs Jack Klugman et James Coburn, avec la première épouse de Bronson et présente certains autres témoins de première main. Nombreux extraits de films et téléfilms, à l’état argentique et vidéo très varié. Le mariage de Bronson avec Jill Ireland correspond à son âge d’or filmographique auquel elle contribua régulièrement comme actrice (et productrice associée sur certains titres) en raison de leur grand amour. Ce documentaire lui consacre une part nécessaire car importante. Sa rencontre et sa vie avec l’acteur sont amplement détaillées mais, assez curieusement, il n’y a aucun entretien filmé avec elle, même pas de quelques secondes. Elle n’apparaît que comme image muette : cette lacune, car c’en est tout de même une sérieuse, me semble assez curieuse et digne d’être signalée : c’est la seule chose gênante dans un documentaire par ailleurs très honorable.

Bandes-annonces (USA 1983, durée 4 min. 30 sec. env. ) : les deux présentées sont assez proches l’une de l’autre, sur le plan du montage. Leur état argentique est moyen. Elles sont globalement assez longues et révèlent assez le film : ne les visionner qu’après celui-ci, en vidéo.

L’ancien DVD français zone 2 Pal édité par MGM en 2004 ne comportait aucun bonus : on ne pouvait que faire mieux et Sidonis Calysta nous procure une édition spéciale mais les dés sont un peu pipés puisque l’un des bonus, le plus long, se trouvait déjà sur une autre édition Sidonis et n’est donc pas vraiment nouveau à nos yeux. On demeure de toute manière très en retrait des nombreux suppléments et commentaires audio insérés dans l’édition Blu-ray collector Shout Factory dont disposent les cinéphiles américains depuis janvier 2019.

Le Justicier de minuit

Image - 5,0 / 5

Format original 1.85 respecté en couleurs, compatible 16/9, Full HD 1080p AVC. Direction photo signée Adam Greenberg. Copie argentique presque impeccable, bien mieux restaurée que celle de l’ancien DVD édité par MGM en juin 2004. Scènes nocturnes impeccablement définies : voir la séquence dans le cinéma, au début du film ou bien la séquence finale. Niveau de grain assez bien conservé mais un peu moins que dans les bandes-annonces correspondantes au long métrage de référence : c’est toujours un point de comparaison intéressant.

Son - 5,0 / 5

Son VOSTF + VF d’époque en DTS-HD Master Audio 2.0 mono : offre nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone. La VF d’époque est en bon état et les voix conviennent bien aux personnages, tant dramatiquement que psychologiquement. La VOSTF dispose d’un équilibrage à peu près identique mais permet d’apprécier le jeu parfois ironique et plus fin de Bronson avec sa voix originale. Et, point important et même déterminant pour les cinéphiles amateurs de sensation forte, les hurlements des victimes féminines sont mieux restitués dans la VO, augmentant l’effet de terreur.

Crédits images : © Cannon Group, Golan-Globus

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
Note du disque
Avis

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francis moury
Le 16 juin 2021
Film noir policier de série B signé Jack Lee Thompson, produit par la Cannon Group sur le thème alors convenu de la criminalité psychopathologique, mais réalisé d’une manière parfois impressionnante.

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