The Boys Next Door (1985) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Penelope Spheeris
Avec Maxwell Caulfield, Charlie Sheen et Patti D'Arbanville

Édité par Carlotta Films

Voir la fiche technique

Avatar Par
Le 15/06/2021
Critique

Un des meilleurs films noirs policiers violents américains de la décennie 1980-1990.

The Boys Next Door

USA 1984, une petite ville de Californie puis Los Angeles. Roy et Bo fêtent la fin de leurs études secondaires, durant lesquelles ils furent des cancres asociaux et agressifs. Ils appréhendent de devoir travailler comme ouvriers à l’usine le lundi suivant et décident, après une surprise-party durant laquelle ils sont méprisés par les autres invités, de monter à Los Angeles pour y passer leur dernier week-end de liberté. Leur itinéraire devient vite criminel puis, au cours de la nuit suivante, de plus en plus meurtrier. La police comprend qu’elle doit les prendre de vitesse afin de les empêcher de tuer à nouveau.

The Boys Next Door (USA 1984) de Penelope Spheeris, produit par Sandy Howard et distribué par Roger Corman (New World Pictures) demeure le titre majeur dans la carrière de la cinéaste, ensuite confinée dans le genre des films comiques. Dans l’histoire du film noir américain, il faut, en effet, remonter à Le Voyage de la peur (The Hitch-Hicker, USA 1953) produit, écrit et réalisé par Ida Lupino d’après un fait réel impressionnant, pour retrouver une telle maîtrise et une telle cruauté servies par une cinéaste féminine. Le générique d’ouverture ― idée non pas de Penelope Spheeris mais de son producteur Sandy Howard qui avait également été celui du si remarquable Descente aux Enfers (Vice Squad, USA 1982) de Gary Sherman ― établit d’ailleurs un certain lien historique entre les deux titres dans la mesure où il intègre ses protagonistes Roy et Bo dans la lignée de certains meurtriers les plus dangereux de l’histoire policière américaine.

Sa première séquence (la plaisanterie macabre du cadavre dessiné à la craie) annonce ironiquement sa dernière : l’effet de boucle narrative semblera alors illustrer, rétrospectivement, le fruit d’une étrange et tragique nécessité. Structurellement, il y a deux aspects d’abord distincts puis de plus en plus étroitement liés par le scénario : la description et la sociologie de la personnalité des deux protagonistes d’une part, la description et la sociologie de la police de Los Angeles d’autre part. À partir du moment où le premier crime (presque meurtrier) est commis, leur interférence survient et le rythme s’accélère alors d’une manière inexorable. C’était déjà une progression identique qui signalait, parmi d’autres éléments, le si remarquable Descente aux Enfers également produit par Howard puisque la poursuite de la prostituée par le proxénète déterminé à la tuer et par la police déterminée à l’en empêcher, durait, là aussi le temps d’une nuit, augmentant le suspense par cette unité de temps. D’autre part, Penelope Spheeris se souvient que Roger Corman avait exigé d’elle l’inclusion d’une scène de sexe ou de meurtre environ toutes les dix ou quinze minutes afin que l’attention du public fût maintenue sans faille : elle s’y conforma approximativement. Qu’on se souvienne d’ailleurs que Teenage Doll (USA 1957, inédit en France) de Roger Corman, reposait déjà sur une progression narrative similaire sur le plan temporel : une jeune fille criminelle y était poursuivie toute une nuit par un gang de filles rivales déterminées à la tuer.

The Boys Next Door hérite donc d’un solide schéma dramatique classique mais le renouvelle bien en raison de l’époque fidèlement restituée et de l’espace fidèlement filmé durant lequel l’action du titre se situe : c’est peut-être bien l’une des peintures les plus réalistes du Los Angeles des années 1980, sur le plan urbain comme sociologique. Son suspense impressionnant fait, de toutes manières, vraiment regretter que sa cinéaste n’ait pas poursuivi dans le genre du film noir policier violent qu’elle illustre ici avec une virulence si remarquable.

The Boys Next Door

Présentation - 4,0 / 5

1 Blu-ray BD50 Full HD 1080p AVC édité par Carlotta Films le 19 mai 2021. Durée du film : 91 min. environ. Image au format original 1.85 respecté, en couleurs, compatible 16/9. Son DTS-HD Master Audio 1.0 Mono en VOSTF + VF d’époque. Suppléments (HD) : entretien avec la cinéaste Penelope Spheeris et l’acteur Maxwell Caulfield (21 min.) + retour sur les lieux du tournage (14 min.) + générique alternatif + scènes alternatives + bande-annonce.

Bonus - 3,5 / 5

Entretien avec Penelope Spheeris et Maxwell Caulfield (2015, 16/9, durée 21 min. environ) : enregistrés lors d’une présentation du film à Melbourne le 19 novembre 2015, l’un des deux acteurs principaux et la cinéaste se remémorent le tournage et la manière dont ils ont par la suite perçu le film à différentes époques de leur vie. Quelques anecdotes intéressantes sur le producteur Sandy Howard (qui a eu l’idée du générique d’ouverture), sur le producteur-distributeur-réalisateur Roger Corman, sur l’acteur Charlie Sheen et son père Martin Sheen, sur la manière dont la carrière de Cauldfield évolua.

Retour sur les lieux du tournage (USA 2019, 16/9, durée 15 min. env.) : on compare les lieux du tournage à Los Angeles tels qu’ils étaient au moment du film et tels qu’ils sont devenus aujourd’hui. Sociologiquement et géographiquement précis ; sur le plan de l’histoire du cinéma, on peut retenir l’anecdote concernant l’un des segments (celui de la salle de jeu) du En plein cauchemar (Nightmares, USA 1983) de Joseph Sargent.

Générique alternatif et scènes alternatives : (16/9, durée 5 min. env.) : le générique alternatif d’ouverture comporte le titre Blind Rage à la place du titre d’exploitation finalement adopté. Son esthétique est plus abstraite et dépouillée que celle du générique finalement retenu à l’instigation du producteur Sandy Howard. Les scènes alternatives ne sont pas très différentes des scènes retenues au montage à quelques plans près.

Bande-annonce originale (USA 1988, durée 3 min. env. ) : complète, en assez bon état argentique, avec la mention « Rated-R » / classé R (= « restricted ») déterminant son niveau d’interdiction aux USA au moment de sa sortie cinéma. Penelope Spheeris raconte dans son entretien avec Caulfield qu’elle avait failli écopé d’un classement X (le niveau d’interdiction le plus élevé de la part de la censure américaine).

Ensemble sympathique mais il manque environ la moitié des bonus de l’édition américaine Blu-ray Severin Films de 2019, à commencer par le commentaire audio conjoint de la cinéaste Penelope Spheeris et de l’acteur Maxwell Cauldfield : pourquoi ne pas l’avoir conservé et muni de STF ? On aurait aussi pu songer à ajouter une galerie affiches et photos, absente du Blu-ray américain et qui aurait été un plus sur ce Blu-ray français. Cette édition Carlotta est, en somme, une bonne édition spéciale mais pas une édition collector.

The Boys Next Door

Image - 5,0 / 5

Format original 1.85 respecté en couleurs, compatible 16/9, Full HD 1080p AVC provenant d’une restauration 4K. Nouveau master à partir d’une copie argentique très bien restaurée. C’est la première édition numérique française de ce film noir et elle reprend globalement les spécifications techniques de l’édition américaine Blu-ray Severin Films de 2019. Niveau de grain très bien restitué. Colorimétrie remarquable, vive, nuancée, surtout durant les scènes nocturnes de la seconde partie.

Son - 5,0 / 5

Son VOSTF et VF d’époque en DTS-HD Master Audio 1.0 mono : offre nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone. Niveau d’enregistrement de la piste sonore américaine occasionnellement variable mais elle est par ailleurs bien restaurée. VF d’époque techniquement correcte mais le doublage français est dramaturgiquement du niveau d’une VHS, oscillant parfois vers le comique alors que la VO ne le fait pas. Certaines de ses voix sont considérablement modifiées, comme celle de Patti d’Arbanville à qui on confère une voix grave alors que la sienne ne l’est pas. Musique intégrant quelques fragments de chansons punk, désagréables à entendre mais fidèles à la mode de l’époque.

Crédits images : © Republic Entertainment International

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
Note du disque
Avis

Moyenne

4,0
5
0
4
1
3
0
2
0
1
0

Je donne mon avis !

Avatar
francis moury
Le 16 juin 2021
Un des meilleurs films noirs policiers violents américains de la décennie 1980-1990. Produit par Sandy Howard, distribué par Roger Corman, sa mise en scène est signée par une cinéaste indépendante alors virulente et inspirée.

Lire les avis »

Multimédia
The Boys Next Door
Bande-annonce VOST

Proposer une bande-annonce

Du même auteur
(publicité)

(publicité)