Les Derniers jours de Pompéi (1950) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Marcel L'Herbier
Avec Micheline Presle, Georges Marchal et Marcel Herrand

Édité par Gaumont

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Le 06/12/2021
Critique

Adaptation plastiquement belle du roman de E. B. Lytton.

Les Derniers jours de Pompéi

Italie romaine, en 79 après J.-C., dans la ville de Pompéi, la dernière semaine avant l’éruption du volcan Vésuve qui engloutit cette ville sous un nuage mortel de cendres brûlantes. Le jeune grec Lysias et la belle romaine Hélène tombent amoureux mais le tuteur d’Hélène, un grand prêtre d’Isis, veut les séparer. La jeune esclave Nidia menaçant de révéler ses machinations, le grand prêtre la tue et s’arrange pour faire accuser Lysias du crime. Ce dernier est condamné à être livré aux lions, avec des Chrétiens, durant les cruels jeux du cirque. C’est alors que se réveille le terrible Vésuve, probable châtiment divin punissant les vices païens et protégeant les martyrs chrétiens des supplices injustes qu’on leur réservait.

Les Derniers jours de Pompéi (Fr.-Ital. 1950) de Marcel L’Herbier (1888-1979) et Paolo Moffa (1915-2005) est, en raison de sa beauté plastique et de son casting, l’une des meilleures parmi la dizaine de versions adaptées au cinéma, de 1900 à 1959, du roman (édité en 1834) de l’écrivain et homme politique anglais Edward Bulwer-Lytton (1803-1873). Citons notamment celles mises en scène par Mario Caserini (Ital. 1913), Carmine Gallone (Ital. 1926), Ernest Beaumont Schoedsack et Merian C. Cooper (USA 1935, la première grande version parlante), Mario Bonnard (Ital. 1959, en Scope-couleurs avec Steve Reeves dans le rôle principal). Aucune ne respecte strictement l’intrigue assez complexe du roman et la plupart d’entre elles diminuent le nombre des personnages, amputent certaines intrigues secondaires, ne conservent que la trame principale. Toutes sont, en revanche, évidemment fidèles à la source d’inspiration de Bulwer-Lytton, à savoir sa vision d’un tableau romantique russe qui représentait la panique provoquée chez les habitants de Pompéi par la catastrophe de l’éruption du volcan Vésuve. C’est le sommet final dramatique du roman comme des films.

Les Derniers jours de Pompéi

Produit par Salvo d’Angelo dans la foulée du grandiose péplum Fabiola (Fr.-Ital. 1948-1949) d’Alessandro Blasetti, déjà tourné en collaboration avec la France, alliant comme lui un casting français de prestige et une gigantesque figuration romaine car tourné à Cinecitta, cette version co-réalisée par Marcel L’Herbier et Paolo Moffa de Les Derniers jours de Pompéi réutilise une partie de ses décors . La grande scène finale du volcan, très bien montée et toujours impressionnante, les détruits en temps réel sous nos yeux. L’acteur essentiel du casting est, aux côtés de la vedette française Micheline Presle, le jeune Georges Marchal (1920-1997) qui sera durant les années 1951-1961 un des acteurs les plus remarquables du péplum européen (historique ou mythologique, selon les scénarios) et qui est aussi connu des cinéphiles pour ses rôles dans certains films de Luis Bunuel). Il ne faudrait d’ailleurs pas limiter George Marchal à Luis Bunuel et au péplum car sa filmographie recèle bien d’autres films intéressants, tel le savoureux Gibier de potence (Fr. 1951) de Roger Richebé.

La mise en scène de L’Herbier et Moffa est solide, d’un spectaculaire attendu dans les plans d’ensemble, dotée d’une vivante direction d’acteurs. Moffa est un vieux routier du cinéma populaire italien qu’on retrouvera encore cité comme producteur du bon Maciste contre le fantôme (Maciste contro il vampiro, Ital.-Fr. 1961) de Giacomo Gentilomo tandis que Marcel L’Herbier — un des fondateurs en 1943 de l’Institut des Hautes Etudes Cinématographiques qui forma plusieurs générations de cinéastes français mais aussi parfois étrangers — se souvient occasionnellement de sa riche période expérimentale muette des années 1920-1928 lorsqu’il filme ici un dialogue où un visage écoute une ombre lui parler, reflétée sur une colonne : il y a de telles réminiscences, brèves mais quasiment platoniciennes, dans ce péplum (appartenant par son esthétique bien davantage à la période 1940-1950 qu’à la période 1950-1960) qui s’ouvre par de belles surimpressions poétiques, certes documentaires mais parfois discrètement fantastiques, de ruines et de statues de Dieux antiques.

Les Derniers jours de Pompéi

Présentation - 2,5 / 5

1 Blu-ray 1980 x 1080p AVC , encodage MPEG 4 AVC, multi-régions ABC édité par Gaumont, collection Gaumont Découverte, le 22 septembre 2021. Image N&B au format original 1.37 respecté compatible 16/9. Son DTS-HD Master Audio 2.0 Mono VF + VF sous-titrée sourds et malentendants. Durée du film : 98 min. 30 sec. Suppléments : La Mode rêvée (1939) de Marcel L’Herbier, moyen métrage de 25 min. environ + présentation par Didier Griselain + module de restauration technique de l’image + bande-annonce originale (1950). Audio-description accessible au démarrage du menu, sous-titrage pour sourds et malentendants, chapitrage illustré.

Bonus - 2,5 / 5

Cinéma à l’italienne par Didier Griselain (2021, durée 14 min. environ) : présentation sobre mais riche en informations précises, utiles, dites d’une manière claire et bien audible. Elle apprend précisément la manière technique et financière dont Salvo d’Angelo produisit le film, en utilisant les décors d’un film précédent. Quelques remarques bio-filmographiques sur l’actrice Micheline Presle et les acteurs principaux français, sur le cinéaste Marcel L’Herbier, complètent l’ensemble, illustré de quelques extraits du film et de quelques photos.

La Mode rêvée (1939, N&B, durée 25 min. environ avec présentation d’environ 5 min. par Didier Griselain) de Marcel L’Herbier : curieux moyen-métrage, mi-documentaire, mi-fantastique, mis en scène afin de répondre à une commande publicitaire de l’Exposition universelle. Une pseudo-star américaine en visite au Musée du Louvres s’endort pendant la présentation d’un conférencier. Elle rêve que de belles jeunes femmes vues dans le tableau d’Antoine Watteau, L’Embarquement pour Cythère (1717) s’animent et se rendent chez les plus grands couturiers parisiens afin de changer de robe. Ce n’est pas tant le film lui-même (ridicule d’un bout à l’autre et qui n’intéressera éventuellement que les historiens de la mode de 1935-1940 d’une part, les passionnés désireux de visionner la filmographie intégrale de Marcel L’Herbier d’autre part) que son argument surréaliste (une image devient vivante et s’introduit au milieu des être réels) qui peut retenir l’attention du cinéphile : cet argument sera, en effet, parfois réutilisé par le cinéma érotique S8mm, 16mm et 35mm durant les années 1970-1980, avec des fortunes diverses des deux côtés de l’océan Atlantique. Image argentique en assez bon état, bien reportée en vidéo numérique.

Module de restauration (durée 2 min. environ) : classique comparaison de fragments de séquences avant et après restauration technique de l’image.

Bande-annonce originale (durée 3 min. 40 sec. environ) : intéressante sur le plan plastique et technique en raison du soin apporté à la grande variété des lettrines (formes des lettres) utilisées pour les slogans qui la parsèment d’un bout à l’autre.

Ensemble sympathique, contenant en outre un moyen-métrage rare (mais malheureusement sans grand intérêt surtout rapporté à la filmographie de L’Herbier qui contient bien des trésors), auquel il manque au moins une solide galerie affiches et photos d’exploitation d’époque pour obtenir une meilleure note.

Les Derniers jours de Pompéi

Image - 4,0 / 5

Format original 1.37 en N&B compatible 16/9 : très belle copie argentique positive, restaurée 2K en 2017, en bon état mis à part deux ou trois plans à l’émulsion un peu fatiguée. Direction de la photographie soignée, sans oublier les effets spéciaux soignés de la catastrophe finale. Numérisation conciliant d’une manière équilibrée lissage vidéo et respect du grain, remarquable gestion des dégradés noirs et gris.

Son - 4,0 / 5

VF originale en excellent état et VF avec sous-titres pour sourds et malentendants, coloriés et intuitivement répartis en fonction de la répartition spatiale des locuteurs, comme toujours chez Gaumont. Un peu de chuintement et de souffle, inévitable étant donné l’âge de la piste sonore mais les dialogues sont cependant souvent bien nets, les effets sonores dotés d’un bon relief. La musique de Roman Vlad laisse pressentir à certains instants la puissance qu’il dégagera dans ses partitions composées, dix ans plus tard, pour certains des meilleurs films fantastiques réalisés par Riccardo Freda.

Crédits images : © 1950 Gaumont (France) / Universalia Films (Italie)

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
Note du disque
Avis

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francis moury
Le 7 décembre 2021
Adaptation assez fidèle et plastiquement belle du roman d'Edward Bulwer-Lytton.

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