Hatari ! (1962) : le test complet du Blu-ray

Hatari!

Réalisé par Howard Hawks
Avec John Wayne, Hardy Krüger et Elsa Martinelli

Édité par Paramount Pictures France

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Le 05/07/2022
Critique

Description au jour le jour d’une communauté marginale à la vie dangereuse : un grand film d’aventures signé Howard Hawks.

Hatari !

Tanganyka (aujourd’hui Tanzanie), Afrique de l’Est 1961 : Sean Mercer et ses hommes capturent des animaux sauvages pour les cirques et les zoos du monde entier. Lorsque l’un d’eux est gravement blessé par un rhinocéros, une place est à prendre : un jeune aventurier français se présente ; il gagne la confiance de Mercer en sauvant la vie de deux de ses hommes. Une jeune et belle photographe animalière se présente aussi : elle va découvrir leur univers et, après quelques épreuves, y rencontrer l’amour.

Hatari ! (USA 1961) de Howard Hawks, au tournage achevé en mars 1961, est un peu l’équivalent africain, dans sa filmographie, de ce qu’avait été Mogambo (USA 1953) de John Ford dans la sienne mais, alors que le film de Ford reposait sur une dramaturgie assez conventionnelle (d’autant plus que le scénario du Ford reprenait en partie l’intrigue d’un titre de 1932 signé par Victor Fleming), celui de Hawks se révèle plus personnel, plus ample aussi, ne serait-ce qu’en raison de son écran bien plus large. On sait que Hawks envisageait la collaboration de l’acteur Clark Gable aux côtés de John Wayne : il y aurait eu alors une filiation charnelle avec le titre antérieur de Ford mais Gable mourut dix jours avant le début du tournage.

Le titre original Hatari ! signifie « danger » en swahili : ce qui soude en profondeur une communauté, pour Hawks, ce sont certes ses valeurs mais surtout les dangers qu’elle doit affronter en commun, à commencer par la mort. Les séquences les plus impressionnantes et les plus spectaculaires sont celles où les protagonistes risquent leur vie ; les scènes de comédie et de comédie légèrement dramatique servent de détente naturelle entre deux défis physiques adressés à la mort. C’est la grande leçon du cinéma de Hawks, quel que soit le genre qu’il illustre : film de guerre, film fantastique (sa supervision de celui signé par Christian Nyby en 1951 devenu un classique du genre), western, péplum, et même comédie car dans les comédies de Hawks, la folie potentielle ou avérée est une sorte de mort (mort de la raison, de la capacité de décider rationnellement) constituant un danger aussi redoutable, bien qu’il soit montré d’une manière comique. Ce sont ces deux types de danger qui sont illustrés ici, correspondant à deux genres (comédie et aventures) ici très étroitement imbriqués par un scénario qui semble distendu mais qui s’avère fondé sur l’idée de rassembler les divergences apparentes afin d’atteindre non seulement l’amour (tout le film tend à réunir, par une série d’épreuves psychologiques et physiques, les deux personnages interprétés par John Wayne et Elsa Martinelli) ou l’amitié mais, mieux encore, une sorte d’appartenance salvatrice à une communauté. Le propos de Hawks est de montrer qu’elle se mérite et ne s’obtient que par un comportement individuel responsable, sinon d’élite. Il faut noter que Hawks et ses scénaristes s’inspirèrent, pour le personnage joué par Elsa Martinelli, d’une photographe animalière bien réelle et, à l’époque, réputée.

Sur le plan de l’histoire du cinéma, dans cette production Paramount de six millions de dollars, il faut relever au générique d’ouverture de Hatari !, le nom du magicien des effets spéciaux du cinéma fantastique durant son âge d’or Universal 1931-1945, à savoir John P. Fulton. Casting international riche : selon Hawks, les acteurs ne furent jamais doublés lors des scènes les plus dangereuses (notamment celles des rhinocéros) filmées telles quelles. L’acteur Hardy Krüger fut enthousiasmé par la beauté de la vallée et du ranch servant de quartier général à Mercer. Il l’acheta et le transforma en résidence et chambres d’hôtes, encore en activité aujourd’hui sous le nom de « Hatari Lodge » : il fut interdit d’y chasser. L’une des mises en scène les plus graphiquement belles de Hawks, souvent d’une absolue pureté cinématographique : on n’oublie plus, une fois qu’on les a vus, le prégénérique et le générique d’ouverture d’Hatari !

Hatari !

Présentation - 1,0 / 5

1 Blu-ray BD50 multirégions ABC édité par Paramount le 02 février 2022. Durée du film : 157 min. 30 sec. Image 1.78 couleurs compatible 16/9 en 1080p AVC. Son Dolby Audio True HD en VOSTF et Dolby Digital AC3 en VF d’époque + Vespagnole. Supplément : une bande-annonce. Belle illustration de jaquette, épurée et très beau menu principal qui en reprend le visuel.

Bonus - 0,5 / 5

Unique supplément : une bande-annonce en écran large, Technicolor, bien montée, au grain davantage présent que sur le film de référence. Aussi incroyable que cela puisse paraître au cinéphile français, c’est aussi le cas de l’édition Blu-ray américaine, également dénuée de bonus alors que Hawks est un des cinéastes majeurs de l’histoire du cinéma américain.

Hatari !

Image - 4,0 / 5

Format 1.85 nominal mais 1.78 réel, en Technicolor compatible 16/9 en 1080p AVC sur Blu-ray. L’ensemble argentique est en bon état sur la très longue durée du film (en dépit de quelques très rares plans d’ensemble légèrement voilés et d’un ou deux défauts argentiques fugitif). Sur le plan numérique, le report de la direction photo signée Russell Harlan (qui avait obtenu une nomination aux Oscars) est assez bonne mais souffre parfois un peu d’un manque de définition et de profondeur de champ sur les plus vastes plans d’ensemble. Les plans plus serrés s’en sortent mieux, y compris ceux de demi-ensemble. Ce master ressemble vraiment beaucoup à celui qui avait été exploité en France et aux USA en 2013-2014. Il ne comporte aucun gain apparent sur le plan argentique ni sur le plan numérique. Reste que ce master, certes perfectible, comporte pour l’instant la meilleure image disponible en France en Full HD : il permet de découvrir un grand classique dans de bonnes conditions générales.

Son - 5,0 / 5

VOSTF Dolby Audio True HD + VF d’époque et Vespagnole en Dolby Digital 2.0 mono AC3 : offre nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone. Sous-titres anglais et espagnols disponibles. Possibilité de se passer de sous-titres. La dynamique de la VO est supérieure à celle de la VF d’époque, soignée en dépit de la voix lourdement comique attribuée à Red Buttons alors que sa voix réelle n’a pas cette tonalité. Autre intérêt de la VO : entendre les véritables voix d’Elsa Martinelli, Michèle Girardon (qui ne savait pas parler anglais et l’apprit en temps réel durant le tournage) et Gérard Blain. Le prénom irlandais « Sean » du personnage Sean Mercer joué par John Wayne est remplacé, dans la VF d’époque, par « John ». L’idée semble paresseuse au premier abord mais, au fond, elle est bienvenue car Wayne avait pris personnellement d’assez grands risques durant le tournage. Musique signée Henry Mancini : celle du générique d’ouverture, d’une élégante et sourde puissance, est l’une des plus belles qu’il ait composée.

Crédits images : TM, ® & Copyright © 2005 by Paramount Pictures. All Rights Reserved.

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
Note du disque
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francis moury
Le 6 juillet 2022
Description au jour le jour d’une communauté marginale à la vie dangereuse : un rude film d’aventures (adouci par quelques scènes de comédie) signé Howard Hawks, thématiquement comme esthétiquement très représentatif de son cinéma.
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gerard
Le 26 décembre 2003
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