Le Masque du démon (1960) : le test complet du Blu-ray

La Maschera del demonio

Digibook - Blu-ray + DVD + Livret

Réalisé par Mario Bava
Avec Barbara Steele, John Richardson et Andrea Checchi

Édité par Sidonis Calysta

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Le 05/04/2022
Critique

Premier film fantastique réalisé, dans un style baroque et cruel, par Mario Bava qui inaugure l’âge d’or de l’actrice Barbara Steele dans le genre.

Le Masque du démon

Moldavie, dix-septième siècle : la nuit de son exécution, la belle sorcière Asa maudit son frère inquisiteur qui la renie publiquement, la condamne pour satanisme et vampirisme à être atrocement défigurée puis brûlée. Deux siècles plus tard, Asa est accidentellement ressuscitée par le professeur Kruvajan qui tombe sous son emprise, sans que son jeune assistant Andreï s’en rende compte. Asa, assistée par le fantôme d’Igor (son autre frère autrefois lui aussi supplicié en même temps qu’elle pour satanisme) veut posséder l’âme de la jeune princesse Katia, sa descendante appartenant à la lignée autrefois maudite et qui lui ressemble comme une soeur. Les fantômes provoquent d’abord la mort du père de Katia et la disparition de son frère. Le seul espoir de cette dernière repose dorénavant sur l’amour qui lui porte Andreï, bientôt convaincu de la réalité de la terrible malédiction qu’il va tenter de conjurer avec l’aide d’un prêtre orthodoxe.

Le Masque du démon (La Maschera del demonio, Ital. 1960) de Mario Bava (1914-1980) fut un échec commercial et critique en Italie au moment de sa sortie cinéma mais s’avéra un triomphe à l’exportation dans d’assez nombreux pays, notamment aux USA qui l’exploita pourtant dans une copie censurée et modifiée. En France, son actrice principale Barbara Steele fut considérée comme la nouvelle star du genre par la revue Midi-Minuit Fantastique dont elle devint l’icône. Les producteurs italiens de la firme Galatea avaient voulu remercier Mario Bava, alors prestigieux directeur de la photographie, d’avoir sauvé certaines de leurs productions des années 1956 à 1959 grâce à sa science de l’image, des trucages et des peintures sur verre. En lui accordant la signature de réalisateur - statut auquel Bava n’aspirait d’ailleurs nullement mais qui confirma son talent - ils donnèrent naissance à ce coup d’essai qui fut un coup de maître.

Bien sûr, ce premier long-métrage signé Bava de 1960 n’était pas - contrairement à ce qu’on entend parfois dire ou à ce qu’on peut parfois lire - le premier grand film fantastique italien : l’histoire du cinéma fantastique muet se souvient des péplums fantastiques des années 1925 qui adaptaient d’une manière baroque Homère et Dante ; l’histoire du cinéma fantastique parlant connaît de son côté dès les années 1955 les preuves filmiques du talent des cinéastes Mario Camerini (Ulysse en 1954) et Riccardo Freda (Les Vampires en 1956, d’ailleurs photographié par Bava). Pourtant, Le Masque du démon eut un immédiat double effet : révéler un nouveau cinéaste déjà plastiquement (sinon thématiquement) original et inspiré ; révéler une nouvelle star du genre, Barbara Steele dont ce fut le premier très grand double-rôle, le premier d’une remarquable série esthétique réalisée en 1960-1965 par des cinéastes italiens (Freda, Margheriti, Caiano, Pupillo) alors inspirés par sa beauté. La conséquence logique de ce succès eut un troisième effet : Le Masque du démon détermina en Italie la renaissance du cinéma fantastique sur des bases commerciales. Les succès de Le Masque du démon (écran large N&B, sorti en Italie le 12 août 1960, en France le 29 mars 1961) de Bava puis de Le Moulin des supplices (Il Mulino delle donne di pietra, Ital. écran large couleurs, sorti en Italie le 1er octobre 1960, en France le 05 septembre 1962) de Giorgio Ferroni manifestèrent respectivement le désir des producteurs italiens de rivaliser avec la Hammer Films et l’American International Pictures.

Le Masque du démon

Le Masque du démon ouvre donc réellement l’âge d’or italien du genre. Certaines photographies de plateau, de production et d’exploitation de Barbara Steele devinrent des symboles du genre tout entier : raison pour laquelle, lorsque le cinéma parisien Midi-Minuit avait brièvement ressuscité au Bergère en octobre-novembre 1985, j’avais demandé comme décoration permanente un panneau peint par Publidécor à partir d’une photo de Barbara Steele, le visage troué par le terrible masque. Il ornait l’entrée de la salle, quel que fût le double-programme de la semaine, et son effet d’attraction (de fascination-répulsion, plus précisément) s’avéra pérenne. Mieux : la même image de Barbara Steele fut reprise par le critique américain cinéphile Stephen Upchurch lorsqu’il programma sa propre rétrospective fantastique à San Francisco, assez peu de temps après : une telle image était donc devenue iconique du genre, des deux côtés de l’océan Atlantique.

Mario Bava apporta non seulement son talent de photographe (il exigea le N&B par rigueur plastique afin de mieux servir le sujet) mais encore l’argument du sujet : un conte fantastique russe de Nicolas Gogol dont on conserva, sinon l’intrigue, au moins l’atmosphère slave et mystérieuse, en la portant dans certaines séquences au niveau du pur cauchemar. La dizaine de scénaristes plus ou moins crédités construisirent, d’une manière sadienne et phantasmatique à la fois, une intrigue d’ailleurs considérablement modifiée : le conte de Gogol sera bien plus fidèlement adapté par Vij (Viy, URSS 1967) de Konstantin Erschov et Georgyi Kropachov.

On n’oublie pas le cruel supplice de Asa montré en ouverture ni la première apparition mystérieuse de Katia : autant de moments qui demeurent intangiblement magiques et comptent parmi les plus belles séquences de l’histoire du cinéma fantastique mondial des origines à nos jours. Le scénario repose sur la sorcellerie, le vampirisme (traité d’une manière assez hétérodoxe, qui plus est dans le cadre inhabituel de la religion orthodoxe), l’angoisse latente de l’inceste (frère-soeur, père-fille, soeur-soeur), sur la représentation de la mort et de la nécrophilie. Il est passionnant, à ce dernier égard, de comparer les plaintes naïves de la jeune actrice Barbara Steele en janvier 1965 (entretien de l’actrice avec Michel Caen in Midi-Minuit Fantastique n°12, éditions Le Terrain vague, Paris mai 1965, puis éditions Rouge profond, tome 3, Aix-en-Provence 2018, pages 60-63) avec ses souvenirs de l’aspect cérémonial du tournage dans la préface qu’elle écrivit en juillet 2014 pour le tome 2 de la nouvelle édition de Midi-Minuit Fantastique (édition Rouge profond, Aix-en-Provence 2015, page 8). Alors qu’elle affichait en 1965 sa lassitude d’incarner des personnages à la psychologie primitive et aux attitudes expressionnistes, elle reconnaît en 2014 que la mise en scène de Bava s’avéra, par la grâce de son esthétique, une création originale.

Les critiques français des années 1960 les plus réceptifs furent bien sensibles, dès sa sortie parisienne, à la puissance plastique et aux arrières-plans thématiques du Masque du démon. Fereydoun Hoveyda écrivait : « Mario Bava nous prouve enfin que la peur n’exclut pas la beauté » (Cahiers du cinéma n°119) tandis que Jean-Pierre Andrevon confirmait : « En Italie, Mario Bava évolue dans une préciosité baroque qui n’est pas grandeur décadente : c’est le Fellini du fantastique » (L’Ecran fantastique, n°1). Une dizaine d’années plus tard, Jean-Marie Sabatier, Les Classiques du cinéma fantastique (éditions Balland, Paris 1973, pages 61 et 64) choisira, afin d’illustrer ces deux jugements esthétiques cités dans son admirable fiche consacrée à Bava, deux photographies provenant de Le Masque du démon. Dont acte qui mérite bien encore aujourd’hui d’être remémoré, d’autant plus que Sabatier fut, le premier historien français du cinéma à reconnaître la profonde unité de l’oeuvre fantastique de Bava, depuis Le Masque du démon jusqu’à La Baie sanglante (Antefatto / Ecologia del delitto / Reazione a catena, Ital. 1971).

Le Masque du démon

Présentation - 4,5 / 5

1 combo Blu-ray BD50 + 2 DVD9 + 1 livret édités par Sidonis Calysta en Digibook le 24 mars 2022. Durée du film : 87 min. env. (Blu-ray). Image 1.66 N&B compatible 16/9 (en Full HD 1080p sur Blu-ray). Son VISTF et VF d’époque en DTS-HD Master Audio 2.0 mono (sur Blu-ray). Suppléments : Black Sunday (montage américain, durée 83’05”, VASTF + présentation du film par Olivier Père (2022, durée 28’45”) + le film vu par Christophe Gans (2022, durée 40’41”) + les différentes version du film par Bruno Terrier (2022, durée 13’26”)+ interview de Barbara Steele (1995, durée 8’23”, VOST)+ bandes-annonces italienne et américaines (durée totale 8’53”, VO). C’est un fragment du visuel de l’affiche américaine qui a été sélectionné pour l’illustration de couverture du Digibook.

Le montage américain est une exclusivité du disque Blu-ray, les autres suppléments sont proposés sur le Blu-ray et sur le DVD bonus.

Livret 48 pages illustrées N&B et couleurs, par Marc Toullec

Nombreuses précisions sur la genèse, la production et l’exploitation du titre (une constante des livrets signés par Toullec), souvenirs de tournage de Barbara Steele qui compare Bava à un « moine jésuite » (page 35) pour qui les acteurs n’étaient que « des pièces sur un échiquier », déclarations de Bava affirmant que la mort est le sujet par excellence de l’oeuvre d’art. Toullec est moins doué en matière critique : page 36, il souscrit sans sourciller au jugement totalement injuste émis par la jeune actrice sur les films fantastiques qu’elle avait tournés de 1960 à 1965, lors d’un de ses entretiens accordés à Michel Caen et publiés dans la revue Midi-Minuit Fantastique n°12. Attention aussi aux rapprochements hasardeux d’histoire du cinéma : The Undead (USA 1956) de Roger Corman comporte certes une histoire de sorcière et de réincarnation mais la comparaison s’arrête là car son scénario est bien différent de celui du film de Bava. En illustrations, sont reproduites des photos de tournage, des photos de plateau (certaines célèbres) et des photos d’exploitation (hélas, concernant ces dernières, presque toutes détourées sauf la photo d’exploitation américaine colorisée en bas de la page 41) et quelques affiches. Le style est familier, parfois trop  : Samuel Z. Arkoff est qualifié de « petit nabab de la série B » (sic) alors que American International Pictures qu’il fonda avec James H. Nicholson, demeure une des plus remarquables firmes de l’histoire du cinéma fantastique, une des plus admirées en son temps par les critiques et les historiens du genre, y compris français. Une méchante coquille, page 22 : « L’équipe se montrait enthousiame » (sic), heureusement isolée. Une bien plus sévère erreur de légende, page 46 : l’affiche montrée pleine page n’est pas « la dernière affiche italienne… un style très fumetti dans la grande tradition de la Péninsule » (sic) mais une affiche espagnole ! Les sources utilisées pour la rédaction du livret sont mentionnées : une dizaine de monographies, articles de journaux et revues, anglophones et francophones. La bibliographie du titre est, comme on s’en doute, bien plus vaste mais un tel livret ne prétend pas à l’exhaustivité.

Le Masque du démon

Bonus - 4,5 / 5

Black Sunday (83’05”, VOSTF) : c’est le montage américain distribué par American International Pictures, censuré et amputé de quelques minutes, doté d’une musique composée par Les Baxter qui remplace la partition italienne originale de Roberto Nicolosi. Intéressant document d’histoire du cinéma mais qui demeure inférieur, sur le plan de l’intégrité esthétique et scénaristique, aux versions italiennes et françaises. On y remarque d’assez nombreuses modifications par rapport à la version italienne : la plupart des séquences à tonalité romantique entre John Richardson et Barbara Steele sont coupées ; certains plans graphiques jugés trop violents (oeil crevé) ou érotiques (le professeur embrassant la sorcière vampire sur la bouche) sont également coupés ; plus grave encore : le scénario est altéré puisque Igor, dans cette version américaine, est non plus le frère d’Asa mais son serviteur. Bruno Terrier détaille très bien cela dans le bonus consacré aux diverses versions.

Interview de Barbara Steele (1995, 8’23”, VOST) : elle s’exprime en italien et en anglais, parfois dans la même phrase. Cet entretien recoupe bien ses souvenirs de 2014 publiés en préface au tome 2 de la nouvelle édition revue et augmentée de Midi-Minuit Fantastique (éditions Rouge Profond, Aix-en-Provence 2018, notamment page 8) car elle confirme le fait que, sur le tournage de 1960, Bava était distant, concentré à l’extrême, ne déjeunait pas avec les acteurs, qu’il lui faisait l’effet d’un prêtre pendant une cérémonie et que sur le plateau de tournage, tout lui semblait noir et blanc, qu’aucune couleur n’était visible sur les vêtements ni sur les décors. Cette anecdote me rappelle inévitablement celle du tournage de Rendez-vous avec la peur (Night of the Demon / Curse of the Demon, GB-USA 1957) de Jacques Tourneur qui avait formellement exigé que tout fut noir ou, au moins, le plus sombre possible.

Le Masque du démon

Présentation du film par Olivier Père (2022, 28’45”) : précise et soignée ; elle n’apprendra rien au cinéphile du genre mais le novice saura l’essentiel. Genèse du film, situation historique de Bava au moment de la production en tant que directeur photo et co-réalisateur, situation esthétique du genre (succès commerciaux de la Hammer et de la AIP), examen de certains des collaborateurs techniques de Bava (le monteur Mario Serandrei), analyse esthétique et thématique du film de 1960, retour sur la carrière de l’actrice Barbara Steele. Illustré par quelques photos et des extraits du film. Une remarque sur l’insistance concernant la violence graphique de cinéma fantastique des années 1960 : elle est relative. Les spectateurs du cinéma expressionniste des années 1915-1930 et ceux de l’âge d’or fantastique américain des années 1931-1945 ressentaient exactement les mêmes effets de transgression. En outre on sait que la période antérieure à 1934 à Hollywood fut, par exemple, une période parfois propice à une violence graphique impressionnante : qu’on se souvienne de ce plan si cruel dans le film de guerre À l’Ouest rien de nouveau (USA 1930) de Lewis Milestone dans lequel deux mains tranchées par un éclat d’obus demeurent accrochées à un fil de fer barbelé ! Concernant le monteur Mario Serandrei, la photo montrée en médaillon ressemble assez à un plan de Rod Steiger dans Main basse sur la ville (Ital. 1963) de Francesco Rosi : confusion à l’illustration ou étrange similitude ?

Le film vu par Christophe Gans (2022, 40’41”) : comparaison de Bava avec Jean Cocteau, examen de l’emploi de la caméra et des trucages dans l’aspect novateur et poétique de la syntaxe, analyse de certains plans, souvenir de la découverte de Bava dans un ciné-club d’Antibes, discussion sur le formalisme de l’esthétique de Bava et sur son rapport avec sa thématique, remarque sur le caractère de Bava et son rapport au métier de cinéaste, position historique du producteur Nello Santi, pourquoi John Richardson et Barbara Steele tournèrent plusieurs titres ensemble au début des années 1960… bien des points analysés avec passion et précision dans cette intervention de Gans. Excellente remarque sur les acteurs devenus poupées immobilisées dans certains Bava de 1964, 1969, 1971 mais il faut préciser (ce que Gans ne fait pas) qu’elles le sont par la mort ou par la peur de la mort. La mort et la peur de la mort sont, en effet, les thèmes fondamentaux de Bava : il n’en a pas d’autres puisque même les perversions, thématiquement bien mentionnées par Gans, n’ont pour unique finalité que d’y aboutir. Cette analyse passionnée, et souvent passionnante, de Gans aboutit certes à une vision un peu éclatée et formaliste au détriment de l’unité thématique (que Sabatier avait si bien pointée dans les années 1970 et qui demeure définitive) mais elle a son intérêt propre, notamment sur le plan technique. Illustré par des extraits du film très précisément montés.

Le Masque du démon

Les différentes version du film par Bruno Terrier (2022, 13’26”) : comparaison précise (sans minutage, cependant) des versions italiennes, américaines, anglaises et françaises, sur le plan de l’image comme sur celui du son. Certaines séquences sont comparées grâce à un écran divisé en deux sections (une pour la version américaine, une pour la version italienne), ce qui est intuitif et commode. Alors que Igor est le frère d’Asa dans la version italienne, la version américaine en fait son serviteur. Terrier signale, à juste titre, que c’est la première fois que la séquence de dialogue entre Katia et son père est visible (en VOSTF) dans la continuité VF d’époque. Il remarque que cette séquence est non pas nocturne mais diurne : sa place dans le montage semble donc erronée puisqu’elle se trouve entre deux séquences nocturnes. Il pense que Bava la jugeait inutile, raison pour laquelle elle aurait été amputée de la plupart des copies en circulation. Concernant le son, Terrier signale qu’une version américaine fut effectuée après le refus d’exploitation du doublage anglais de la version internationale mais que, quelle que soit la version considérée (italienne, anglaise, américaine), on n’entend dans aucune d’elles la véritable voix de Barbara Steele.

Bandes-annonces américaine, italienne, internationale anglaise (8’53”, VO, N&B) : le montage des deux dernières est strictement identique. A noter que seule la BA américaine restitue l’orthographe correct du nom de famille de Barbara Steele, les deux autres amputent son « e » final. Il manque selon moi une bande-annonce française de 1961 qui aurait été la bienvenue ! État argentique moyen, report numérique correct. La firme AIP retitra absurdement le film Black Sunday pour l’exploitation américaine alors que la bande-annonce internationale anglophone conserve naturellement le titre italien simplement transcrit en The Mask of Satan. Il faut bien noter que ce titre anglophone international n’est d’ailleurs pas le titre anglais sous lequel le film fut exploité, avec 8 années de retard en juin 1968, en Grande-Bretagne (Revenge of the Vampire).

Il manque une galerie affiches et photos pour que la note de ces bonus soit au maximum : lacune partiellement (mais partiellement seulement) comblée par le livret. Concernant un tel film, on peut juger que les cinéphiles disposent de livres français et étrangers qui permettent d’en observer certaines dans de bonnes conditions. Mais on aurait pu permettre au jeune cinéphile découvrant le film d’examiner les photos françaises d’exploitation qui étaient affichées à l’entrée de salles de cinéma : il aurait immédiatement saisi la magie et le pouvoir d’attraction qui se dégageait du film de Bava, aux yeux des spectateurs français des années 1960.

Cela dit, bel ensemble informatif qui permet au cinéphile francophone de comparer commodément trois versions : l’italienne, la française et l’américaine. À la place des présentations française de Gans, Père et Terrier - si précises et intéressantes fussent-elles à l’occasion ! - j’aurais tout de même préféré disposer du commentaire audio en VOSTF de Tim Lucas auquel le cinéphile anglophone pourra se reporter (en VO sans STF) sur les éditions américaine Kino Lorber (en Blu-ray, sortie en 2012) et Image Entertainment (en DVD). Quoiqu’il en soit, cette édition est la première édition cinéphile française du titre en haute définition : on l’attendait depuis trop longtemps pour bouder notre plaisir.

Le Masque du démon

Image - 4,5 / 5

Format 1.66 N.&B, compatible 16/9 en Full HD 1080p. État argentique  : à quelques deux ou trois plans près à l’émulsion mal conservée (y compris un plan du générique en assez mauvais état), le reste est impeccable. État numérique  : c’est une restauration supérieure à toutes celles qu’on avait pu voir en France auparavant. Bonne luminosité, bonne définition, bonne gestion du contraste et des noirs dans les scènes de nuit aux profondeurs de champ techniquement très soignées. La direction de la photo est de Bava : Ubaldo Terzano était son chef-opérateur mais c’est Bava qui composait plastiquement les plans. Une séquence italienne (sans intérêt dramatique particulier : c’est une simple séquence de transition) inédite en France est ici visible pour la première fois. Notez que, comme souvent, les noms étrangers sont écorchés par le générique italien : ici, le nom de famille de Barbara Steele perd, par exemple, son « e » final. On aurait pu joindre un générique français en bonus : Canal + avait autrefois télédiffusé une VF d’époque munie de son beau générique aux lettrines françaises de 1961, preuve que le matériel n’est pas inaccessible.

Le Masque du démon

Son - 5,0 / 5

VitalienneSTF + VaméricaineSTF + VFrançaise d’époque, en DTS-HD Master Audio 1.0 mono. Le film fut, comme d’habitude en Italie, post-synchronisé en studio. Pistes anciennes mais, surtout en ce qui concerne la VF d’époque, en excellent état technique. Musique composée par Roberto Nicolosi : sa partition sera remplacée par une composition de Les Baxter (qui a ses partisans) sur les copies exploitées aux USA mais certains dialogues importants y seront aussi coupés. Les versions intégrales italiennes et françaises de ce titre de Bava sont donc bien préférables, une fois encore, à ses versions anglaises ou américaines victimes de remontage et de censure. Certains passages de cette partition de Nicolosi seront réutilisés dans un des segments de Les Trois visages de la peur (Ital.-Fr. 1963) de Mario Bava. La séquence italienne qui avait été coupée en France est visible en VOSTF dans la VF d’époque.

Crédits images : © Galatea, Jolly Film

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
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francis moury
Le 6 avril 2022
Premier film fantastique, réalisé dans un style baroque et cruel, signé Mario Bava qui inaugure non seulement le second âge d'or du cinéma fantastique italien mais encore celui de l’actrice Barbara Steele dans le même genre.
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Patrick
Le 13 avril 2007
Le film gothique par excellence. Rien à ajouter par rapport à la précédente critique, juste que le film mérite une édition collector digne de ce nom, car le transfert reste très moyen.
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Josquin
Le 5 novembre 2005
Le chef-d'oeuvre gothique de Mario Bava !
Des images d'une esthétique incroyable, non sans rappeler que Burton s'en est inspiré pour Sleepy Hellow. L'actrice principale ( Barbara Steel ) a la beauté sombre nécessaire à un tel film. L'histoire évoque par certains côtés Dracula ( le vieux château avec son mobilier rustique, ses passages secrets, les vampires, les habitants superstitieux ). Par moments ( très brièvement ), le film semble piquer du nez vers un romantisme exacerbé, mais l'horreur revient toujours plus fort à la charge avec son lot de morts.
Ne vous attendez pas à des effets gores et du sang à profusion ( le film date quand même de 1960 ). Cependant, Mario Bava maîtrise son art de bout en bout sans aucune fausse note.
Pour les inconditionnels des vrais films gothiques avec bourreaux, population lyncheuse et prêtres inquisiteurs sur fond de malédiction.

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