Donnie Brasco (1997) : le test complet du Blu-ray

Version Longue + Version Cinéma + Livret

Réalisé par Mike Newell
Avec Johnny Depp, Al Pacino et Michael Madsen

Édité par ESC Editions

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Le 04/07/2022
Critique

Film noir policier au scénario impressionnant, adapté de faits réels.

Donnie Brasco

New York, USA 1978 : l’agent spécial FBI Joseph D. Pistone est infiltré depuis deux ans déjà dans la mafia italo-américaine new-yorkaise. Il se lie d’amitié avec un modeste « soldat » vieillissant de l’organisation, « Lefty » Ruggiero auprès duquel il se fait passer pour un spécialiste en joaillerie sous le nom de « Donnie Brasco ». Il s’intègre progressivement dans le dangereux clan Bonnano grâce à Lefty qui l’introduit en se portant garant, sur sa propre vie, du nouveau venu. Pistone enregistre les conversations les plus secrètes, est témoin d’assassinats et d’autres crimes variés, entre New York et la Floride. Ce qui devait durer quelques mois dure finalement pendant des années, au point que le masque « Brasco » finit par coller à la peau de l’infiltrateur.

Donnie Brasco (USA 1997) de Mike Newell est un classique du film noir policier, un des meilleurs de la dernière décennie du vingtième siècle. Adapté par un cinéaste anglais nullement spécialiste du genre (mais qui mesura immédiatement la puissance dramaturgique et thématique de cette histoire) d’un livre publié en 1989, écrit par l’agent américain du FBI Joseph D. Pistone qui racontait son infiltration de 1976 à 1982 dans un des clans de la mafia italo-américaine. Donnie Brasco en restitue fidèlement, de l’avis de Pistone lui-même, les caractères et l’atmosphère générale. La plupart des détails frappants sont strictement véridiques : le jeune lion offert en cadeau par exemple. Quelques insertions d’informations contemporaines (la mort de John Wayne le 11 juin 1979, l’exécution du parrain Carmine Galante en 1979) renforcent encore l’effet de réel.

Pourtant Newell et son scénariste modifient parfois l’histoire. Par exemple le véritable Ruggiero fut sauvé d’une mort certaine par une arrestation. Son déroulement temporel se limite au temps administratif de l’action : une fois Pistone décoré et retiré du milieu, on ignore ce que deviennent les autres. Seul le destin de Ruggiero est suggéré (mais il l’est faussement) alors qu’il y aurait eu matière à montrer l’extermination du restant du groupe par la hiérarchie (car ils le furent en conséquence directe de cette infiltration réussie mais qui demeura unique en raison de ses dangers). Ayant permis à un espion de s’infiltrer, ils furent en effet exécutés, y compris le personnage haut en couleurs de Sonny Black très bien joué par Michael Madsen.

Donnie Brasco

Ce dernier avait été révélé par Reservoir Dogs (USA 1992) de Quentin Tarantino. Il s’avère ici tout aussi remarquable que Johnny Depp et que Al Pacino, dans leurs propres registres. Pacino, après avoir interprété Le Parrain et Le Parrain 2 (USA 1972 et 1974) de Francis Ford Coppola, montrait qu’il pouvait aussi bien jouer un homme de main placé en bas de l’échelle. Cependant, le casting fut hésitant et, à l’origine, Pacino devait jouer Brasco, pas Lefty. Une fois que le rôle de Lefty lui fut confié, il recommanda Depp pour celui de Brasco. Quant au rôle incarné par Michael Madsen, les producteurs avaient aussi envisagé Ray Liotta, à cause de Les Affranchis (Goodfellas, USA 1990) de Martin Scorsese. L’hyperréalisme du film fut en outre favorisé par la présence sur le plateau du Pistone réel qui, en dépit du contrat de 500 000 US$ sur sa tête, se lia d’amitié avec Depp. Pistone voulut notamment assister aux répétitions en studio afin de rectifier, lorsqu’il le jugeait nécessaire à la vérité, le jeu de Depp.

Le niveau de violence graphique de Donnie Brasco est élevé (voire même franchement impressionnant lors de l’exécution sanglante du garage) lorsque le scénario l’implique : son scénario est intelligemment écrit car ni le spectateur ni les protagonistes ne savent jamais vraiment, sauf exception, quand elle explosera à l’écran. Le suspense est constant et l’écriture particulièrement soignée. Mise en scène sophistiquée, capable de prouesses techniques dès le générique d’ouverture. Newell fut parfois contraint de se soumettre aux exigences du producteur Barry Levinson et ses producteurs associés : la séquence d’entraînement au tir fut ainsi imposée au montage car on voulait en montrer des plans dans la bande-annonce.

Donnie Brasco

Présentation - 4,0 / 5

édition spéciale Digipack 2 Blu-ray BD50 région B édités à 2000 exemplaires par ESC le 01 juin 2022. Durée version exploitée cinéma 127 min. environ + durée director’s cut 147 min. environ. Image format 2.35 couleurs compatible 16/9 en 1080p AVC. Son DTS-HD Master Audio 5.1 (VOSTF) et 2.0 (VF d’époque). Suppléments version cinéma : La Mafia italo-américaine - entretien avec Fabrice Rizzoli (2022, 18’45”) + Donnie Brasco : Out from the Shadows : making of (2000, 23’52, VOSTF).

Livret illustré 20 pages, « Six ans dans la mafia », par Marc Toullec

Riche en témoignages de première main du cinéaste Mike Newell, du cinéaste Stephen Frears (à qui Barry Levinson avait d’abord songé pour la réalisation), du scénariste Paul Attanasio et de Joseph D. Pistone lui-même. Il couvre la genèse du film, son écriture, ses changements de réalisateurs et d’acteurs, son tournage et le rôle essentiel de Pistone lui-même sur le plateau, en dépit des risques réels qu’il pouvait courir. Curieusement, le livret ne mentionne pas l’existence de la director’s cut distribuée par Sony en 2007 sur Blu-ray.

Donnie Brasco

Bonus - 4,5 / 5

Director’s Cut : environ 20 minutes de plus que la version cinéma, elle est présentée sur un second disque. Leur minutage et le relevé de leur dialogues ainsi que leurs captures ont été effectuées d’une manière très précise par les forums américains en 2007 au moment de sa découverte. L’enthousiasme retomba vite car aucune différence structurelle n’apparaît relativement au scénario. Les plus notables sont l’entrée dans la maison de Pistone d’un autre agent du FBI qui impressionne son épouse et lui fait peur ; la promenade du lion dans les rues de New York. Le reste consiste en discussions un peu rallongées (celle sur la meilleure voiture est augmentée d’une question posée par une serveuse à laquelle volontairement personne ne répond), parfois de quelques secondes à peine (Sonny Black cassant un cadre accroché au mur de sa cellule en Floride), parfois d’une minute ou deux (cas d’assez nombreuses discussions entre Lefty et Brasco à New York et en Floride, cas d’une discussion au bord de la piscine avec Sonny Black en Floride) sans oublier quelques plans sanglants fugitifs mais impressionnants lors du massacre dans le garage. Ces ajouts augmentent la vérité globale et la densité du récit mais aux dépends de la rigueur du montage initial. La version cinéma exploitée, présentée sur le disque principal, est meilleure.

La Mafia italo-américaine - entretien avec Fabrice Rizzoli (2022, 18’45”) : quelques informations générales et historiques sur l’histoire de ces groupes criminels des années 1970 à nos jours, sur la manière dont la police américaine voulait ou pouvait les contrôler, puis quelques informations plus spécifiques concernant l’histoire réelle et la manière dont le film la raconte (la manière dont, parfois, il s’en écarte aussi).

Donnie Brasco : Out from the Shadows : making of (4/3, 2000, 23’52, VOSTF) : ancien document qu’on trouvait déjà sur les premières éditions spéciales DVD mais il est très riche en témoignages de premières mains puisque on y voit non seulement le cinéaste Mike Newell, l’acteur Johnny Depp, mais encore le directeur du casting Louis DiGiaimo, le scénariste Paul Attanasio ainsi que Pistone lui-même, le véritable agent du FBI qui infiltra effectivement le clan Bonnano durant six ans. Il permet d’éclaircir la genèse du film et son rapport aux fait réels.

Bonus très complémentaires du livret : l’ensemble fournit une excellente information. Il manque juste une galerie affiches et photos.

Donnie Brasco

Image - 5,0 / 5

Format original 2.40 respecté en couleurs + N&B compatible 16/9 en 1080p AVC sur Blu-ray. Copie argentique impeccable et report numérique non moins impeccable. Il permet d’apprécier pleinement les dominantes du directeur photo Peter Sova qui avait privilégié des couleurs ocres un peu ternes et mortes lorsque l’action se déroulait à Brooklyn, des couleurs vives rouges et bleues lorsqu’elle se déroule à Manhattan sans parler des sections situées dans le soleil de la Floride, à la lumière éclatante mais finalement sournoisement oppressante et inquiétante.

Donnie Brasco

Son - 5,0 / 5

DTS-HD Master Audio 5.1. pour la VOSTF et 2.0 pour la VF d’époque : offre nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone. Impeccable report technique des pistes sonores, qu’il s’agisse de la 5.1. ou de la 2.0. Effets sonores parfois très dynamiques : on sursaute lorsque le lion rugit pour la première fois ! La VO est dramaturgiquement plus nuancée que la VF qui charge un peu trop vulgairement le personnage joué par Al Pacino mais cette dernière elle néanmoins soignée. Quelques dialogues légèrement modifiés : dans la VO Michael Madsen ne dit pas « On montre qu’on est là » lorsqu’il est dans la rue avec ses hommes ; il répond par un jeu de mots un peu plus sophistiqué mais difficilement traduisible à la question ironique qu’un de ses hommes lui a posée. Musique riche en chansons d’époque : on peut notamment y entendre Blondie (Debora Harry, la chanteuse qui fut aussi actrice pour David Cronenberg, comme on sait).

Crédits images : © TriStar, Mandalay, Baltimore Films

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
Note du disque
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francis moury
Le 5 juillet 2022
Film noir policier à la mise en scène sophistiquée, au casting de stars, au scénario d'autant plus impressionnant qu'il est adapté de faits réels, relatant l'unique cas d'infiltration de la mafia italo-américaine par un agent du FBI.

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