La Dernière vague (1977) : le test complet du Blu-ray

The Last Wave

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Peter Weir
Avec Richard Chamberlain, Olivia Hamnett et David Gulpilil

Édité par ESC Editions

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Le 11/07/2022
Critique

Un des grands films fantastique sur le thème de l’apocalypse et un des meilleurs du cinéaste australien Peter Weir.

La Dernière Vague

Australie, Sidney et autres régions du pays, 1977 : des accidents climatiques se produisent et une étrange pluie noire s’abat sur les voitures coincées dans un embouteillage de la capitale. Au même moment, David Burton, avocat spécialisé dans les affaires fiscales, est commis d’office pour défendre les auteurs aborigènes de ce qu’on soupçonne être un crime rituel. David est accablé de cauchemars suggérant la fin du monde englouti par la mer. Il comprend que ses cauchemars pourraient être prémonitoires à mesure que son enquête progresse.

La Dernière vague (The Last Wave, Australie 1977) de Peter Weir est son troisième film fantastique, après Les Voitures qui ont mangé Paris (Aust. 1974) et Picnic at Hanging Rock (Aust. 1975).

Primé au Festival du cinéma fantastique d’Avoriaz de 1978, on peut aujourd’hui considérer La Dernière vague comme un des grands films eschatologiques de l’histoire du cinéma fantastique mondial. C’est, en effet, un des plus rigoureux du point de vue de la sociologie et de l’anthropologie, comme du point de vue de l’emploi du mythe dans le scénario comme élément de suspense. Outre l’actualité climatique qui frappe si fortement le spectateur contemporain, le conflit des civilisations européennes et aborigènes actualise le conflit entre la magie et la rationalité, entre le rêve et réalité, entre l’identité et l’altérité. Ou comment un mythe aborigène annonce la fin du monde australien blanc et comment la magie la plus ancestrale survit-elle au sein de la cité la plus moderne, dans les rêves de ses représentants blancs les plus étrangers… en apparence car le personnage joué par Chamberlain s’avère un étrange médiateur inter-culturel. Pour qui a lu les études d’anthropologie psychanalytique de Géza Roheim (par exemple La Panique des Dieux et le monumental Les Portes du rêve, tous deux édités en traduction à la Bibliothèque Scientifique Payot) qui passa une partie de sa vie en Australie, on ne peut qu’être étonné par la relative rigueur du travail accompli par les scénaristes.

Les acteurs, aborigènes inclus, sont excellents. La photo de Russel Boyd est souvent remarquable et le montage de Max Lemon est sophistiqué. Le respect de l’écran large original restitue leur ampleur à certaines séquences d’extérieurs (notamment la caverne réelle située à Adélaïde). La mise en scène unifie la tension qui monte progressivement d’une manière concertée, permettant aux scènes psychologiques d’être souvent aussi impressionnantes que les scènes spectaculaires. C’est une des caractéristiques du talent universel de Weir : il est aussi à l’aise dans ces différents registres et sait les marier d’une manière originale.

Film noir policier débouchant progressivement sur un film fantastique, cinéma commercial classique virant régulièrement au cinéma expérimental le plus onirique et le plus cauchemardesque, La Dernière vague demeure impressionnant.

La Dernière Vague

Présentation - 4,5 / 5

1 Blu-ray BD50 + 1 DVD9, édités par ESC, le 15 juin 2022. Image Full HD 1080p couleurs au format 1.77 compatible 16/9. Image Full HD sur le Blue-ray. Son DTS-HD Master Audio 5.1 + 2.0 Mono en VOSTF, 2.0 en VF d’époque. Durée du film sur Blu-ray : 105 min. 30 sec. environ. Suppléments : Présentation du film par Bernard Bories (2022, 3’49”)+ « La Vague australienne » : entretien avec Christophe Gans (2022, 7’29”) + « La Vague de Peter Weir » : entretien avec Christophe Gans (2022, 50’27”) + Présentation publique du film par Jaz Coleman, leader du groupe « Killing Joke », lors de sa carte blanche à L’Étrange Festival (2016, 9’45”) + « Lighting the Cave » : entretien avec Russel Boyd, chef opérateur (2020, 24’40”, VOST) + Conversation entre Richard Chamberlain et le critique Paul Harris (2020, 22’12”, VOST) + Bande-annonce originale (2’44”, VO).

Bonus - 4,5 / 5

Présentation par Bernard Bories (2022, durée 3’50” environ) : le fondateur du Festival du cinéma des Antipodes (qui permit une redécouverte du cinéma australien durant de nombreuses années) situe très succinctement mais clairement le titre dans l’histoire du cinéma australien et dans la filmographie de Peter Weir, en fournit une moins brève analyse thématique.

La Vague australienne par Christophe Gans (2022, durée 7’30”) : intéressant sur le plan de l’histoire du cinéma car on y apprend beaucoup de choses que le cinéphile fantastique ignore puisqu’elles concernent les origines du cinéma muet à 1970 environ, d’une part, d’autres genres que son genre de prédilection d’autre part. Ce n’est certes pas la période la plus intéressante du cinéma australien mais Gans la présente d’une manière vivante et il est utile de la connaître pour mieux saisir la grande originalité thématique et plastique dont des cinéastes tels que Peter Weir, Colin Eggleston, Bruce Beresford, Richard Franklin, George Miller firent preuve durant la décennie 1970-1980 puis 1980-1990 sans oublier certains cinéastes étrangers venus tourner là-bas, tels que Ted Kotcheff.

La Vague de Peter Weir par Christophe Gans (2022, 50’27”) : ample analyse de la thématique et de l’esthétique du cinéaste australien par ce cinéaste et critique français. Bonne remarque sur le thème de la révolte et celui de la perte de l’environnement subie par les héros du cinéma de Weir. Bonne remarque aussi sur le fait que les deux titres fantastiques de 1975 et 1977 forment presque un diptyque dans son oeuvre. On entrevoit l’affiche française d’exploitation de 1978 au détour d’une remarque. Quelques longueurs et quelques redondance : l’ensemble est beaucoup trop long mais il contient d’excellentes remarques (par exemple la mention du film Nomads) distillées et parfois bien approfondies, précisément montées sur les extraits de films. Quelques illustrations annexes : photos de tournage N&B, par exemple.

Présentation publique du film par Jaz Coleman à L’Étrange Festival(2016, 9’45” VO et VF) : dispensable en dépit de la toujours sympathique ambiance de L’Etrange Festival, car le « leader du groupe Killing Joke » n’apporte, durant cette brève présentation à l’occasion de la carte blanche que lui avait accordée Frédéric Temps, aucun élément critique ni historique particulier autre que son admiration subjective très emphatiquement exprimée puis traduite.

« Lighting the Cave » : entretien avec Russel Boyd, chef opérateur (2020, 24’40”, VOSTF) : sur le plan de l’histoire du cinéma, c’est le bonus majeur car on y apprend de nombreuses informations techniques sur la genèse, le tournage, la direction de la photographie du film. On apprend par exemple que la majorité des extérieurs furent tournés non pas du tout à Sidney où est censée se dérouler l’action, mais à Adélaïde ; que la caverne souterraine n’est pas un décor de studio mais un lieu bien réel. Bien d’autres choses encore. Illustré par des extraits du film.

Conversation entre Richard Chamberlain et le critique Paul Harris (2020, 22’12”, VOSTF) : souvenirs recueillis par entretien Skype durant la pandémie Covid 19. Ils sont très vivants car la mémoire de l’acteur, âgé de 86 ans au moment du tournage, est relativement intacte. Il se souvient ainsi de sa descente dans les égouts de la ville d’Adélaïde avec un certain frémissement encore tangible. Il se souvient en outre d’autres films cinéma, séries TV et mini-séries TV dans lesquels il a tourné. Et une sympathique anecdote sur l’acteur Raymond Massey. Une chose étonnante : Harris semble totalement ignorer la fortune critique dont avait immédiatement joui La Dernière vague en France à partir de son exploitation en exclusivité en 1978. Illustré par des extraits du film.

Bande-annonce originale (2’44”, VO sans STF ) : assez longue, comme on les aimait encore à l’époque, bien montée et en assez bon état argentique en dépit de quelques saletés.

Ensemble très riche, auquel il manque juste une galerie affiche et photos (qu’on trouve sur l’édition allemande Koch Media) pour obtenir la note maximale.

Image - 5,0 / 5

Format 1.77 nominal, reportant un 1.85 d’origine, en couleurs et compatible 16/9, en Full HD 1080p AVC. Copie argentique parfaitement nettoyée, en excellent état et master numérique vidéo doté de couleurs vives, d’une définition rehaussée, d’un équilibre satisfaisant entre grain et lissage.

Son - 5,0 / 5

VOSTF en DTS-HD Master Audio 5.1 et 2.0 + VF d’époque en DTS-HD Master Audio 2.0. mono, parfaitement restaurée : offre nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone. La VOSTF, qu’il s’agisse de la 5.1. ou de la 2.0, est dotée d’un équilibrage dynamique entre effets sonores, dialogues et musique. La VF d’époque est dramaturgiquement correcte. Musique parfois inquiétante de Charles Wain.

Crédits images : © Ayer Productions, McElroy & McElroy

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
Note du disque
Avis

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francis moury
Le 12 juillet 2022
Un des grands films fantastique sur le thème de l’apocalypse ; c'est aussi un des meilleurs titres signés par le cinéaste australien Peter Weir : son suspense s'avère progressivement envoûtant par la grâce d'une mise en scène concertée.

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