Héros ou salopards (1980) : le test complet du Blu-ray

'Breaker' Morant

Combo Blu-ray + DVD + Livret - Édition limitée

Réalisé par Bruce Beresford
Avec Edward Woodward, Jack Thompson et John Waters

Édité par Rimini Editions

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Le 08/08/2022
Critique

Film de guerre australien remarqué de Beresford, illustrant rigoureusement un épisode de la Guerre des Boers.

Héros ou salopards

Afrique du Sud, 1901 pendant la seconde Guerre des Boers qui oppose l’empire britannique du roi Edouard VII aux colons afrikaneers néerlandais. Harry « Breaker » Morant, Peter Handcock et George Wilton appartiennent au contingent australien servant sous les ordres anglais. Ils utilisent des techniques de contre-guérilla. Leur efficacité, approuvée par leur hiérarchie, se retourne néanmoins contre eux : voulant venger leur capitaine atrocement mutilé, ils exécutent sommairement plusieurs combattants Boers et un missionnaire allemand soupçonné d’être un informateur. Lord Kitchener considère indispensable leur passage en cour martiale car des négociations ont lieu avec les Boers et il ne veut pas donner de prétexte aux Allemands pour déclarer la guerre au Royaume-Uni. Le procès est l’occasion de revenir sur ces faits brutaux tels qu’ils se déroulèrent. Quelle sera son issue ?

Héros ou salopards (Breaker Morant, Australie 1979) de Bruce Beresford illustre d’une manière énergique et rigoureuse un épisode militaire qui demeure controversé tant en Angleterre qu’en Australie. Il avait déjà inspiré une pièce de théâtre australienne que Beresford, également scénariste, utilisa comme simple base structurelle mais qu’il augmenta de nombreuses idées. Il effectua notamment ses propres recherches à l’Imperial War Museum de Londres, consultant la correspondance des soldats. Le titre original comporte le surnom « Breaker » (littéralement « le briseur », « le casseur » mais ici plutôt « le dompteur ») qu’on attribuait au lieutenant Morant car il « brisait » la résistance des chevaux sauvages afin de mieux les dresser. Le titre français d’exploitation reprend littéralement, en le mettant au pluriel, le slogan interrogatif de l’affiche australienne.

Héros ou salopards fut tourné en 35 jours environ dans le Sud de l’Australie, dans des paysages ressemblant remarquablement à ceux de l’Afrique du Sud. Il fut photographiés par Donald McAlpine, déjà réputé pour sa contribution technique au cinéma fantastique australien. En dépit de son budget relativement serré (environ 800 000 $ australiens), il est régulièrement assez spectaculaire, monté d’une manière particulièrement dynamique et son réalisme documentaire demeure impressionnant. Ces qualités étaient déjà, sur le plan de la mise en scène, celles de l’admirable film noir policier Money Movers (L’Attaque du fourgon blindé, Austr. 1978) de Bruce Beresford.

Concernant la rigueur documentaire du scénario, quelques exemples méritent d’être cités et commentés. Le lieutenant Morant affirme fièrement au jury que la seule règle qu’il tient pour valable au cours des combats est la « règle 303 » (centièmes de pouce, sous-entendu, puisqu’il s’agit d’une mesure anglaise) ! Ces chiffres sont évidemment ceux du calibre 303 (= 7,7 x 56 mm) du fusil anglais Lee-Metford adopté à partir de 1888 : ce sont les fusils anglais qu’on voit à l’image car, au moment de l’action en 1901, ils étaient encore largement en dotation réglementaire dans les rangs britanniques. Les autres armes légères montrées sont historiquement correctes : fusils allemands Mauser (ou leurs variantes fabriquées sous licence et importées) des Boers, revolvers américains des Boers, mitrailleuse Maxim anglaise, revolvers anglais Webley au dévastateur calibre 455 (= 11,5 ou 11, 6 x 19 mm). Le dialogue attribue aux commandos Boers l’utilisation de cartouches aux balles à pointe creuse qui venaient d’être interdites en 1899 pour l’usage militaire, en raison des atroces blessures qu’elles occasionnaient. Ce terme « commando » serait, d’après le dialogue, inventé par les Boers (la VF prononce « bour » sans articuler le « s » final) : l’avocat australien et un témoin anglais discutent de sa signification durant le procès car ils le considèrent comme un mot nouveau du vocabulaire militaire.

Héros ou salopards fut très apprécié aux USA par la critique américaine qui décerna en 1981 à Beresford scénariste un Oscar pour la meilleure adaptation (en réalité, un scénario original qui ne conservait que la structure de base) tandis que l’acteur Jack Thompson obtint le Prix du meilleur acteur de second rôle au Festival de Cannes ; c’était la première fois que le cinéma australien était récompensé par Cannes. Assez régulièrement, les spectateurs américains qui avaient servi au Viêt-Nam croyaient que Héros ou salopards faisait allusion à la guerre du Viêt-Nam : ce n’était absolument pas le cas mais Beresford y vit une preuve de la valeur universelle du film, capable d’être apprécié pour son vérisme et sa justesse par les anciens combattants d’autres guerres, y compris plus récentes.

Héros ou salopards

Présentation - 4,0 / 5

1 Blu-ray BD50 région B + 1 DVD9 + 1 livret 24 pages édités par Rimini le 11 août 2022. Image Full HD 1080p sur le Blu-ray, encouleurs au format original 1.85 compatible 16/9. Son DTS-HD Master Audio 2.0 Mono VOSTF et VF d’époque. Durée du film sur Blu-ray : 107 min. environ. Supplément : « London Holyday » : interview du réalisateur Bruce Beresford (inédit, 2022, 18’15”, VOSTF) + « I remember » : interview de l’acteur Bryan Brown (2022, 25’36”, VOSTF) + Bande-annonce (3’15”, VO). La sérigraphie du disque reprend un visuel de l’affiche. Elle mentionne 1980 comme copyright mais le générique de fin du film mentionne, pour sa part, 1979.

Livret illustré 24 pages par Stéphane Chevalier : la première page reproduit un fragment d’une affiche originale à son tour reproduite in-extenso page 7. La citation de Brown placée en exergue page 3 concerne les films australiens de la fin des années 1960 et du début des années 1970 : elle ne convient, par conséquent, pas vraiment à ce titre qui date de 1979 (copyright mentionné au générique de fin). Les pages suivantes résument la guerre de Boers, l’histoire de Morant et de ses hommes. On passe ensuite au film : souvenirs de Beresford p. 13 concernant le scénario et informations de première main sur la production et le tournage, la conception morale et juridique de l’histoire. Les pages 16 et 17 sont consacrées au cinéaste et à son oeuvre. Curieusement, aucune mention n’est faite de son admirable film noir policier Money Movers (L’Attaque du fourgon blindé, Aust. 1978) - premier film interdit aux moins de 18 ans pour cause de violence graphique en Australie et premier film noir policier classique du cinéma australien, au scénario inspiré de plusieurs faits réels - exploité au cinéma en France sous son titre original mais qui fut, par la suite, télédiffusé sous le titre alternatif français de L’Attaque du fourgon blindé. Les pages 18 et 19 détaillent la réception commerciale et critique du film. Certaines informations sont reprises des deux entretiens en bonus vidéo : inévitable redondance mais la partie écrite est souvent davantage détaillée. Illustration soignée : affiches, photos de plateau (couleurs et N&B), photos de tournage, éventuellement photos détourées d’exploitation sont soigneusement mises en page.

Héros ou salopards

Bonus - 3,0 / 5

« London Holyday » : interview du réalisateur Bruce Beresford (inédit, 2022, 18’15”, VOSTF) : très intéressante et distillant de précieuses informations : par exemple le fait, rétrospectivement à peine croyable, que les producteurs australiens étaient mécontents du film et refusaient de le distribuer. C’est grâce à sa sélection par le Festival de Cannes qu’il obtint un succès critique international. Il révèle aussi qu’il utilisa une seule fois un « storyboard » (dessin plan par plan) pour tourner la séquence de l’attaque du fort anglais par les Boers. Bien d’autres choses encore.

« I remember » : interview de l’acteur Bryan Brown (2022, 25’36”, VOSTF) : témoignage de l’un des acteurs principaux, souvent anecdotique mais parfois précisément informatif. Par exemple, les conditions météorologiques du tournage, la manière dont le choc, provoqué par l’impact des balles de calibre 303, fut simulé par Brown et Edward Woodward lors de la séquence finale et quelques autres informations de première main.

Bande-annonce originale (1978, VOSTF, durée 3 min. 15 sec.) : bon état argentique, très bien montée.

Très honorable édition spéciale, compte tenu du bonus et du livret. Le cinéphile qui voudrait aller plus loin en matière de suppléments pourra, si et seulement si il est anglophone, se reporter à ceux de l’édition Blu-ray américaine Criterion sortie en 2015.

Héros ou salopards

Image - 4,0 / 5

Format 1.85 en couleurs et compatible 16/9, en Full HD 1080p AVC. Copie argentique en très bon état (à l’exception de quelques très rares plans dont l’émulsion est un peu fatiguée) et très bon transfert vidéo Full HD, équilibrant le lissage et le grain. Colorimétrie fine, nuancée, respectant la magnifique photographie de Donald McAlpine.

Son - 4,0 / 5

VOSTF + VF d’époque en DTS-HD Master Audio 2.0. : offre nécessaire et suffisante a priori pour le cinéphile francophone. Il privilégiera a posteriori la VOSTF, en parfait état technique, aux effets sonores très dynamiques, aux dialogues reportés avec une parfaite clarté technique permettant de bien distinguer l’accent australien de l’accent anglais (et d’apprécier la performance de Edward Woodward, acteur anglais jouant un Australien et imitant très bien l’accent australien). La VF d’époque est dramaturgiquement excellente et bien reportée mis à part un sourd et très léger ronflement audible au casque si on y prête attention (et encore… pas tout le temps) mais que je n’avais même pas remarqué en écoutant le film sur enceintes de TV (il est vrai avec le léger bruit de fond d’un ventilateur qui tournait dans la pièce en raison de la chaleur). Une séquence de cette VF (l’arrivée de l’officier commis avocat d’office qui se présente aux trois accusés) est en VOSTF car elle n’avait pas été insérée dans la version exploitée en France au cinéma.

Crédits images : © 1980 South Australia Film Corporation. All Rights Reserved.

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
Note du disque
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francis moury
Le 9 août 2022
Film de guerre australien remarqué de Beresford, à la mise en scène illustrant rigoureusement un épisode brutal et controversé de la Guerre des Boers.

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