Ursus l'invincible (1964) : le test complet du Blu-ray

Gli invincibili tre

Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre

Réalisé par Gianfranco Parolini
Avec Sergio Ciani, Mimmo Palmara et Rosalba Neri

Édité par Artus Films

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Le 31/10/2022
Critique

Titre appartenant à la fin du second âge d’or du péplum italien (1957-1965), soigneusement réalisé.

Ursus l'invincible

Le roi Ikos est dangereusement influencé par un mercenaire usurpant l’identité du héros Ursus. Le prince Dario tombe amoureux de Demora, égérie d’un peuple rival, mais le faux Ursus se l’approprie comme esclave avec l’aval d’Alina, la belle-mère de Dario. Ce dernier fait alors appel au véritable Ursus et à ses deux compagnons afin qu’ils l’aident à sauver Demora et à rétablir la justice. Alina, à présent consciente de la nature criminelle du faux Ursus qu’elle aimait secrètement, devient leur alliée au risque d’y perdre, elle aussi, la liberté ou la vie.

Ursus l’invincible (Gli invincibili tre, Ital.-Tun. 1964) de Gianfranco Parolini (1925-2018) met en scène le héros Ursus, personnage inventé par l’écrivain polonais Henryk Sienkiewicz dans son roman Quo vadis ? (1895) qui fut adapté au cinéma à plusieurs reprises des origines muettes à nos jours, y compris à Hollywood en 1951. Durant le second âge d’or italien (*) du péplum (1957-1965) sa filmographie débute par Ursus la fureur d’Hercule (Ursus, Ital.-Esp. 1960) de Carlo Campogaliani avec Ed Fury dans le rôle principal. Son origine littéraire s’estompe alors presque d’emblée : Ursus devient pratiquement l’émule des héros Hercule, Maciste, Samson auxquels il est comparable d’abord par sa puissance surhumaine, ensuite par la protection que lui confère la divinité, enfin par son obligation de combattre le mal partout sur la Terre. Ed Fury reprendra le rôle dans plusieurs films de 1960 à 1963 mais Ursus sera également incarné par Samson Burke (1961), Joe Robinson (1961), Dan Vadis (1962), Alan Steele (1964), Yann Larvor (1964), enfin Reg Park (1965).

Ursus l’invincible bénéficie d’une direction artistique soignée, de beaux extérieurs tunisiens et de la présence des belles Rosalba Neri, Lisa Gastoni, Orchidea de Santis. La mise en scène de Parolini, certes foncièrement impersonnelle, est techniquement honorable, voire même parfois agréablement dynamique. Son scénario, aux constants rebondissements, se souvient durant une séquence (Ursus aveuglé et devenu un prisonnier enchaîné contemplé par la reine Alina) du Samson et Dalila (USA 1949) de Cecil B. De Mille. La tonalité d’Ursus l’invincible oscille néanmoins assez régulièrement entre drame et comédie, en raison de la présence des deux compagnons d’Ursus, voleurs rusés et grimaçants que ce dernier doit parfois gentiment sermonner.

Ursus l'invincible

La filmographie de Gianfranco Parolini épouse, de 1960 à 1975, les courbes génériques du cinéma-bis italien (péplum, fantastique, espionnage, guerre, western) mais cet honnête artisan, souvent auteur des scénarios qu’il met en scène, a régulièrement tendance à les orienter - et c’est à nouveau le cas de ce péplum de 1964 - vers la parodie. Est-elle le signe de la vitalité ou de la décadence d’un genre littéraire ou cinématographique ? On peut en discuter sur le plan esthétique (**) mais, sur le plan historique, il convient de noter que Parolini s’avère l’héritier de la tradition antique qui faisait suivre d’une parodie les représentations dramatiques tragiques appartenant à un même cycle nominal. Les historiens des lettres anciennes ont établi que la trilogie tragique à laquelle appartenait, par exemple, le Prométhée enchaîné d’Eschyle était suivie par une quatrième pièce, une parodie comique dont il nous reste de minces fragments. Sur le fond comme sur la forme, Ursus l’invincible s’avère donc être le pur vecteur d’une tradition générique, sincèrement sinon personnellement restituée. Parolini ne considérait probablement pas cette impersonnalité comme un défaut mais comme une qualité : point de vue lui-même éminemment antique.

(*) Second âge d’or italien car le premier âge d’or se situe dans la période du cinéma muet ; second âge d’or daté de 1957 à 1965 car la quantité de productions parlantes y est bien supérieure à ce qu’elle fut du début du parlant (1930 environ) à 1957, à ce qu’elle sera après 1965. Si on préfère, en revanche, un critère purement qualitatif (pas numériquement mesurable mais non moins réel que l’autre) alors on peut remonter aux premiers grands péplums de Riccardo Freda (1953 et 1954) voire plus haut encore, avec les superproductions signées par Alessandro Blasetti (1941 et 1949), Carmine Gallone (1937 et 1951). La filmographie de Gallone (1885-1973) est d’ailleurs un intéressant cas d’école puisqu’elle comporte, en raison de son ampleur chronologique, des titres classiques appartenant aux deux âges d’or, le muet et le parlant.

(**) Cf. par exemple, la référence classique constituée par Charles Baudelaire, De l’essence du rire et généralement du comique dans les arts plastiques (1855) et certains autres textes de Baudelaire (par exemple celui sur le caricaturiste Daumier) réunis dans ses Curiosités esthétiques.

Ursus l'invincible

Présentation - 3,0 / 5

1 Blu-ray région B + 1 DVD9 + 1 livret 32 pages de Michel Eloy sous étui digipack, édités par Artus Films, collection Péplums, le 08 novembre 2022. Image couleurs au format original 2.35 compatible 16/9. Son Linear PCM 2.0 mono VOSTF et VF d’époque (sur Blu-ray), Dolby Digital (sur DVD). Durée cinéma du film : 99 min. 32 sec. Suppléments : présentation par Toni Mecacci + diaporama + bande-annonce allemande. Belles affiches reproduites sur l’étui et des volets du boîtier. Aucune différence entre les bonus du DVD et ceux du Blu-ray. Quelques extraits de la collection Péplums sont proposés avant l’apparition du menu principal.

Livret 32 pages Ursus le vainqueur du taureau, par Michel Eloy.

Les amoureux du genre se souviennent de la rubrique « péplums » fondée par Eloy sur le défunt site internet belge francophone Cinérivage (2000 à 2003). Elle se signalait par sa précision, tant sur les plans de l’histoire générale, de l’histoire littéraire que sur celui de l’histoire du cinéma sans oublier sa riche iconographie. Ce livret de 2022 fait preuve des mêmes qualités. Je n’y ai relevé qu’une seule erreur dans le résumé du scénario (page 28) : Ursus, à l’issue du combat au cours duquel il devient aveugle, ne quitte pas la ville mais il y demeure prisonnier, enchaîné dans une cellule souterraine. Style parfois familier émaillé de plaisanteries parfois lourdes, jugements critiques absents ou à l’emporte-pièce dans certaines fiches mais c’est compensé par la solidité des connaissances. Belles illustrations (notamment de belles affiches belges) couvrant le thème des origines muettes du premier âge d’or italien jusqu’à nos jours  : j’aurais évidemment préféré que certaines affiches (par exemple celle de La Fille des Tartares avec la belle Yoko Tani) fussent imprimées pleine page au lieu de demi-page ou quart de page mais il est déjà sympathique de pourvoir les contempler reproduites sur papier glacé.

Ursus l'invincible

Bonus - 3,0 / 5

Présentation du film par Toni Mecacci (durée 27 min. environ, VOSTF) : témoignage de première main du maquilleur du film de 1964. il se souvient des conditions matérielles de la production et du tournage à Kérouan en Tunisie, des actrices et acteurs principaux (qu’on peut immédiatement identifier lorsqu’il les nomme, grâce au montage d’extraits), du cinéaste réalisateur. Quelques anecdotes, aussi, sur les techniques de maquillage en vigueur à l’époque. Illustré par des extraits du film.

Diaporama (durée 1 min. 18 sec.) : une quinzaine de documents, notamment de très belles photos couleurs italiennes d’exploitation et une photo N&B d’exploitation française. Attention aux deux derniers documents (deux photos couleurs de plateau) qui sont non seulement anamorphosés mais encore ne proviennent pas de ce titre mais d’un autre péplum, tourné la même année, également édité dans cette collection.

Bande-annonce (durée 2 min. 45 sec., VO allemande sans STF) : il s’agit d’une bande-annonce allemande de RFA à l’état argentique médiocre mais au format large.

au total, assez bonne édition spéciale.

Ursus l'invincible

Image - 4,5 / 5

Full HD 1080p en TotalScope Eastmancolor, au format large original 2.35 compatible 16/9. Copie argentique très bien nettoyée et restaurée 2K (j’ai seulement relevé quatre ou cinq émulsions instables, lors de fondus ou de fins de séquences) : plus aucune rayure ni griffure ni poussière. Bon transfert vidéo, respectant bien le grain et la colorimétrie du matériel original.

Son - 5,0 / 5

Linear PCM 2.0 mono en VOSTF italienne et VF d’époque (sur Blu-ray), Dolby Digital (sur DVD) : offre nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone. La VF d’époque est assez bonne et souvent savoureuse. Restitution dynamique des effets sonores.

Crédits images : © Cine-Italia Film, Rewind Film

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
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francis moury
Le 1 novembre 2022
Titre appartenant à la fin du second âge d’or du péplum italien (1957-1965), soigneusement réalisé.

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