Faux monnayeurs (1956) : le test complet du Blu-ray

Outside the Law

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Jack Arnold
Avec Ray Danton, Leigh Snowden et Grant Williams

Édité par Elephant Films

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Le 25/07/2023
Critique

Film noir policier américain signé Jack Arnold, original en dépit de son thème classique.

Faux monnayeurs

Allemagne puis USA, 1946 : un soldat de l’armée d’occupation américaine est assassiné. La police fédérale propose à Johnny Salvo, un ex-détenu ami de la victime, de se racheter en l’aidant à infiltrer le gang international de faux monnayeurs responsables du meurtre. Le père de Johnny dirige l’équipe du FBI chargée de l’enquête mais sa relation avec son fils est mauvaise : il compte sur l’enquête pour l’améliorer.

Faux-monnayeurs (Outside the Law, USA 1956) de Jack Arnold (1916-1992) est un film noir policier B certes mineur mais intéressant replacé dans la filmographie générale de Arnold. Bien sûr, son sujet est classique dans le genre car il s’agit à nouveau du récit d’une infiltration dangereuse dans le milieu des faux-monnayeurs : depuis La Brigade du suicide (T-Men, USA 1947) d’Anthony Mann à Police fédérale, Los Angeles (To Live and Die in L.A., USA 1985) de William Friedkin, on sait qu’il a été admirablement illustré à plusieurs reprises. Son originalité provient ici du fait qu’à ce thème, le scénario amalgame très dynamiquement une improbable (à vrai dire peu crédible mais néanmoins bien exploitée) relation entre un père agent du FBI et son fils ancien détenu : ce aspect oedipien culmine lorsque le surmoi freudien triomphe puisque le fils d’abord hostile à son père lui sauve finalement la vie.

Autre aspect intéressant car rapprochant film noir policier et film fantastique (le genre majeur qu’a servi Arnold) : le thème du double décliné par le scénario et la mise en scène d’une manière régulièrement angoissante. Elle fait osciller le spectateur avec incertitude entre des personnages troubles et ambivalents et cela dès le début : un ami en apparence sympathique se révèle un criminel ; une veuve peut-être trop belle pour être honnête fréquente un jeune homme poli qui se révèle un tueur à demi-psychopathe ; et les exemples ne s’arrêtent pas là. Le spectateur n’est fixé qu’assez tard sur certains d’entre eux : c’est l’essence du film noir américain classique des années 1941-1945 que retrouve ici Arnold. Un personnage renforce plastiquement cet aspect fantastique : celui du criminel joué par le jeune et beau Grant Williams qui incarnera si remarquablement, l’année suivante, le héros tragique de L’Homme qui rétrécit (USA 1957) de Jack Arnold, adapté du roman de Richard Matheson. Arnold oppose brusquement sa beauté juvénile et sa monstruosité psychique lors d’un dialogue avec la belle Leigh Snowden. L’acteur Onslow Stevens avait joué dans certains films fantastiques des années 1940-1945 ; le spectateur américain de 1956 se souvenait de lui à ce titre et cela influençait inévitablement sa réception du personnage du père qu’il interprète, en lui conférant une inévitable aura générique menaçante.

Sur le plan purement esthétique, la direction de la photographie signée Irving Glassberg ménage des profondeurs de champ légèrement ouvertes rompant de trop rassurantes symétries. Et le cinéaste Jack Arnold (comme Terence Fisher le fera durant son âge d’or fantastique 1957-1973) privilégie les plans de demi-ensemble afin d’intégrer dans un même plan des personnages potentiellement ou franchement divergents, refusant la facilité de la syntaxe ancienne des champs / contrechamps. Un seul effet technique notable rappelle que Arnold fut un des maîtres de la 3D dans les années 1950 : la mort du faux-monnayeur abattu frontalement à travers le pare-brise de son camion, du point de vue du spectateur. Le plan est d’une brutalité et d’une virtuosité encore aujourd’hui très remarquables.

Faux monnayeurs

Présentation - 2,0 / 5

1 boîtier avec fourreau et jaquette réversible contenant 1 Blu-ray BD25 régions ABC + 1 DVD-9 édités par Eléphant Films, le 11 juillet 2023. Image N&B au format 1.85 compatible 16/9. Son DTS-HD Master Audio VOSTF 2.0 mono. Durée cinéma film : 81 min. environ (sur Blu-ray). Supplément : présentation du film par Samir Ardjoum (11 min. environ) + Jack Arnold géant de la peur par Jean-Pierre Dionnet (7 minutes environ) + bande-annonce originale (2 minutes environ) + bandes-annonces de la collection (films fantastiques classiques de Jack Arnold).

Bonus - 2,5 / 5

Présentation du film par Samir Ardjoum (11 min. environ) : elle analyse brièvement mais clairement la manière dont la mise en scène et le scénario font avancer de pair l’évolution de l’enquête et l’évolution de la relation du père et du fils, en s’appuyant sur plusieurs séquences. Bonne remarque thématique, également, sur le thème de la dualité mais paraphrases un peu longues (en dépit de la louable brièveté de l’ensemble) du scénario. En illustrations, quelques extraits du film mais fallait-il vraiment les remontrer au spectateur qui vient, en général, de les visionner ? J’aurais préféré des photos de plateau, d’exploitation, des affiches d’époque en guise d’illustration.

Jack Arnold géant de la peur, présentation par Jean-Pierre Dionnet (7 minutes environ) : on la trouvait déjà sur l’édition 2017 du coffret Eléphant films « Jack Arnold géant de la peur » qui réunissait Tarantula (USA 1955) de Jack Arnold + L’Homme qui rétrécit (USA 1957) de Jack Arnold. Elle est brève mais insiste d’une manière pertinente sur le fait que Arnold ait été assistant du documentariste Robert J. Flaherty et qu’il ait été, comme lui, sans doute intimement partagé entre réalisme et poésie. Elle a, en outre, raison de ne pas vouloir limiter Arnold au seul genre fantastique puisqu’il en a traité d’autres avec talent. En revanche, elle ne dit pas un mot de ce film noir policier de 1956.

Bande-annonce originale (2 minutes environ, VOSTF) : état argentique médiocre (nombreuses rayures, télécinéma médiocre) mais document d’histoire de l’exploitation de première main, bien monté.

Bandes-annonces de la collection : ce sont celles de quelques classiques du cinéma fantastique signés par Jack Arnold pour la Universal Le Météore de la nuit, Tarantula, La Revanche de la créature, L’Homme qui rétrécit, Le Monstre des abîmes) édités chez nous ces dernières années en Full HD par Eléphant Films. États argentiques et formats variés, en général inférieurs à celui du long-métrage de référence, pour sa part systématiquement nettoyé et restauré.

Honorable mais cependant maigre édition spéciale sur le plan des bonus. Le cinéphile anglophone pourra compléter avec le commentaire audio de l’édition américaine Kino Lorber.

Faux monnayeurs

Image - 4,0 / 5

Format large original respecté 1.85 compatible 16/9, reporté en Full HD 1080p AVC, en N&B. Copie argentique bien restaurée, nettoyée de ses poussières et de ses rayures mais qui comporte pourtant encore une dizaine de fugitives mais sévères brûlures circulaires (dites « brûlures de cigarette » en argot français de laboratoire de tirage). Bonne définition, bon contraste, bonne gestion des dégradés noirs-blanc-gris.

Faux monnayeurs

Son - 5,0 / 5

Son DTS-HD Master Audio VOSTF 2.0 mono : offre nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone car le titre ne fut exploité qu’en VOSTF chez nous. Piste son bien restaurée ; musique standard et assez impersonnelle mais de bon niveau technique, comme souvent chez Universal.

Crédits images : © Universal International Pictures

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
Note du disque
Avis

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francis moury
Le 26 juillet 2023
Film noir policier américain rare, signé Jack Arnold, à redécouvrir car original en dépit de son thème classique.

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Faux monnayeurs
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