Réalisé par Jean Delannoy
Avec
Michèle Morgan, Richard Todd et Aimé Clariond
Édité par Gaumont
En 1774, Marie-Antoinette s’est rendue seule au bal masqué de l’opéra, où elle rencontre le comte Fersen, un officier suédois. À la mort de Louis XV, le dauphin, son époux, accède au trône sous le nom de Louis XVI. Marie-Antoinette est partagée entre son attirance pour Fersen et son devoir de fidélité au roi…
Marie-Antoinette reine de France, coproduction franco-italienne, est une réalisation de Jean Delannoy qui a aussi contribué au scénario avec Philippe Erlanger et le chevronné Bernard Zimmer (le dernier qu’il écrira), dialoguiste de Liliom (Fritz Lang, 1934), de La Kermesse héroïque (Jacques Feyder, 1935) et scénariste de Un carnet de bal (Julien Duvivier, 1937). J’ai relevé une petite erreur dans la scène où la reine est pressée à chanter un air d’opéra de « Puccini » : le musicien, qui n’allait naître que 70 ans plus tard, a certainement été confondu avec « Piccinni » (1728-1800).
Le destin tragique de Marie-Antoinette lui aura valu d’apparaître une centaine de fois sur les écrans, grands ou petits. Dans le lot, on remarque surtout le Marie-Antoinette de W.S. Van Dyke (1938) avec Norma Shearer dans le rôle-titre, celui de Sofia Coppola (2006) avec Kirsten et FILM(adieux_a_la_reine)] de Benoît Jacquot (2012) avec Diane Kruger.
Si Jean Delannoy cherche à réhabiliter « l’Autrichienne », il n’évite pas les poncifs en donnant de Louis XVI l’image d’un homme faible, futile et niais. Jean Delannoy était un réalisateur méticuleux, ce que confirme le soin visiblement apporté à la réalisation qui reste cependant très conventionnelle.
Hormis Versailles où ont été tournées de nombreuses scènes, certains décors sont approximatifs, un tantinet carton-pâte. Et le château censé représenter la conciergerie ne fait guère illusion, pas plus que ce qu’on nous montre en guise de rues de Paris.
En tête de distribution, Michèle Morgan (elle avait alors le même âge que Marie-Antoinette), révélée quelque vingt ans plus tôt par Le Quai des brumes de Marcel Carné (1938). À ses côtés, Jacques Morel (qui apporte son extraordinaire ressemblance à Louis XVI !) et quelques étoiles du cinéma français d’alors, Aimé Clariond (Louis XV), Guy Tréjean (La Fayette), Jacques Dufilho (Marat) et, pour une courte apparition tout à la fin du film, Michel Piccoli, au seuil d’une longue carrière.
Du beau linge, indiscutablement. Ce qui ne suffit pas à assurer la réussite d’un film. Marie-Antoinette reine de France a les allures un peu figées d’une carte postale. En dépit de la richesse de ses couleurs, le film reste glacé et sans grand relief, en raison des baisses de tension dans le récit (sauf pendant la fuite à Varennes) et, peut-être, d’un possible laisser-aller dans la direction des acteurs qui paraissent assez peu concernés.
Test effectué sur check disc. Le menu fixe et muet propose des sous-titres pour malentendants et des sous-titres anglais. Une édition Blu-ray est sortie simultanément, avec le même contenu que le DVD.
En complément, une bande-annonce et un documentaire de Dominique Maillet, Michèle Morgan, l’apogée d’un règne (31’) dans lequel interviennent le journaliste Henry-Jean Servat, ami de l’actrice, Jean Pieuchot, régisseur du film et Cécile Berly, historienne. On nous indique que le scénario suit d’assez près la biographie écrite par Stefan Zweig en 1932, que rien ne permet d’affirmer, comme le film le laisse entendre, que Marie-Antoinette eût noué une relation amoureuse avec Fersen… Jean Pieuchot donne quelques anecdotes de tournage, attentivement surveillé par les producteurs qui tenaient serrés les cordons de la bourse.
L’image (1.33:1) est exempte de taches ou rayures, précise et très stable. Les couleurs sont pimpantes. On approcherait de la perfection si les tons de peau n’avaient pas une fâcheuse tendance à virer trop souvent au jaune orangé avec des ombres grises. Occasionnellement, les zones sombres de certaines séquences en intérieur prennent une teinte verdâtre.
Le son Dolby Digital 2.0 mono est tout à fait propre, avec une dynamique et une ouverture du spectre satisfaisantes pour un film de cet âge. Les dialogues sont clairs, toujours aisément compréhensibles.
Crédits images : © Gaumont