Je suis une légende (1964) : le test complet du DVD

The Last Man on Earth

Réalisé par Ubaldo B. Ragona
Avec Vincent Price, Franca Bettoia et Emma Danieli

Édité par Artus Films

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Le 30/11/2022
Critique

Première adaptation - alliant fantastique, science-fiction et politique-fiction - du roman de Richard Matheson.

Je suis une légende

USA 1968 : depuis 3 ans, un mystérieux virus, venu d’Europe et se transmettant par voix respiratoire, a contaminé le monde entier, y compris les USA. Il a décimé les êtres humains puis les a transformés en vampires nocturnes, détruisant apparemment toute vie sociale organisée. Seul le chimiste Morgan semble avoir survécu : durant les heures diurnes, il tue les monstres et brûle leurs cadavres ; la nuit il se barricade contre eux car ils l’assaillent jusqu’à l’aube. Morgan souffre de son atroce solitude mais un jour, il aperçoit une jeune femme et un chien se déplaçant en dépit du soleil. Morgan recueille le chien et entre en contact avec Ruth, la jeune femme. Son comportement est erratique et intriguant. Ne serait-elle pas contaminée et donc dangereuse ? Morgan veut en avoir le coeur net…

Je suis une légende (The Last Man on Earth / L’Ultimo uomo della terra, USA-Ital. 1963) de Sidney Salkow et Ubaldo Ragona - le réalisateur italien n’est pas crédité au générique américain ni sur le matériel publicitaire américain tandis que le réalisateur américain n’est pas crédité sur les copies italiennes ni sur le matériel publicitaire italienère adaptation cinématographique long-méPrésence du futur des éditions Denoël), avant Le Survivant (The Omegan Man, USA 1971) de Boris Sagall et une troisième version en 2007 réalisée par Francis Lawrence. L’écrivain contribua comme co-scénariste au titre de 1963 mais il n’en était pas satisfait (il estimait, par exemple, discutable le casting de Vincent Price pour interpréter son héros) : raison pour laquelle il préféra être crédité au générique d’ouverture sous un pseudonyme (Logan Swanson). Cette adaptation n’est pas totalement fidèle bien qu’elle soit réputée pour être la plus fidèle jamais tournée jusqu’à présent : outre que le nom du héros du roman était Neville et qu’il est ici transformé en Morgan, les vampires se déplacent plus rapidement dans le livre que dans le film.

Reste que l’idée majeure, celle d’un renversement sociologique (que j’avais détaillée dans ma critique parue sur Stalker-Dissection du cadavre de la littérature pendant la pandémie de Covid19), est poussée au bout de sa logique. Alors que Montesquieu, un des précurseurs de la sociologie, se demandait malicieusement « Comment peut-on être persan ? », les vampires qui ont remplacé l’humanité se demandent comment on peut être un homme, tant la cruauté de Neville / Morgan à leur encontre leur semble insupportable. L’ambition de l’histoire s’oriente ensuite franchement de la sociologie vers la politique lorsqu’une troisième société, ni humaine ni vampirique mais admiratrice d’ordre et de discipline, toute de noir vêtue, est finalement révélée ! Sans oublier une allusion assez claire, à travers le personnage de Ruth, au problème alors déjà brûlant de la drogue (par injection intraveineuse d’héroïne).

Je suis une légende

Sur le plan de l’histoire du cinéma, ce film de 1963 (curieusement tombé dans le domaine public) s’avère riche et parfois même encore un peu mystérieux. il demeure par exemple, encore aujourd’hui, assez difficile de savoir exactement quelles séquences et / ou quels plan précis sont imputables aux deux cinéastes respectivement signataires dans leurs pays d’origine. L’adaptation de Matheson daterait de 1957 et devait être produite par la Hammer Films anglaise, laquelle songeait sérieusement au cinéaste allemand Fritz Lang pour la réaliser, sous le titre de Night Creatures (qui fut, par la suite, utilisé pour un autre Hammer Film). La société anglaise confia finalement le script à son associé américain, le producteur Robert L. Lippert qui décida de le produire en Italie. Les impressionnants plans d’ensemble (filmés dans la banlieue romaine) révélant une ville livrée à la mort et à la solitude, s’inscrivent dans un courant de la science-fiction américaine qui remonte au moins à Les 5 survivants (Five, USA 1951) de Arch Oboler. La séquence durant laquelle Vincent Price (seul acteur américain du film) se recueille sur le cercueil de son épouse défunte est assez inspirée par la série Edgar Poe de Roger Corman dans laquelle l’acteur s’illustrait depuis 1960. Price prit très au sérieux ce rôle : on raconte qu’il voulut transporter non pas des poupées mais de véritables figurants afin d’augmenter le réalisme des premières scènes. Bien sûr, ce furent des poupées qui furent ensuite jetées dans la fosse commune gigantesque d’abord alimentée par l’armée puis par Morgan lui-même. Les attaques nocturnes des vampires contre la maison de Morgan annoncent très évidemment, de leur côté, certains plans de La Nuit des morts vivants (USA 1968) de George A. Romero qui a confirmé, par la suite, cette source d’inspiration sur le plan plastique. Pour toutes ces raisons, outre sa mise en scène fonctionnelle mais assez convaincante qui renforce régulièrement le sujet (sa continuité réaliste est insidieusement et régulièrement traversée d’éclairs de pure folie), Je suis une légende peut dorénavant être tenu pour un classique du cinéma fantastique.

Je suis une légende

Présentation - 2,5 / 5

DVD-5 zone 2 Artus Films, collection « Les Classiques », édité le 06 décembre 2022. Format 2.35 CinemaScope N&B compatible 16/9, son mono VOSTF uniquement, durée vidéo du film sur DVD : 83 min. 10 sec. Bande-annonce générale Artus de l’intéressante collection Les Classiques. Jaquette illustrée au verso de 5 mignonnes mais petites photos N&B de plateau, d’une petite reproduction en couleurs de l’affiche originale dont le visuel de la belle jaquette reprend une grande partie. Notez que Le générique d’ouverture du film indique 1963 comme date de copyright, pas 1964 comme mentionné sur la jaquette.

Bonus - 0,0 / 5

Aucun. Dommage car il y avait sûrement une belle galerie affiches et photos à constituer, si j’en juge par le verso de la jaquette en présentant cinq bien reproduites et nettes mais petites. Notez qu’aux USA il existe un segment d’entretien avec Matheson concernant ce titre (qui date probablement de l’édition DVD zone 1 NTSC par MGM) et que le récent Blu-ray Kino Lorber américain présente une fin alternative d’environ une minute.

Je suis une légende

Image - 3,0 / 5

Format original 2.35 Scope en N.&B. compatible 16/9. Copie argentique en bon état général : quelques rares poussières négatives et positives sur un certains plans mais, au total, rien d’autre à signaler ; le récent Blu-ray édité aux USA en août 2021 par Kino Lorber est lui aussi doté d’une image occasionnellement un peu sale et poussiéreuse bien que son image ait été soigneusement restaurée par ailleurs. Numérisation correcte : le bruit vidéo est bien contrôlé ; luminosité et contraste sont corrects lors des séquences nocturnes et lors des plans composés en clairs-obscurs. Au total, bonne définition compte tenu des limites inhérentes au support DVD. Image améliorée par rapport à celle de l’ancienne édition DVD de Wild Side Vidéo en avril 2011 dans sa collection Vintage Classics.

Son - 5,0 / 5

Dolby Audio DD 2.0 VOSTF. : pas de VF d’époque à regretter car le titre demeura inédit en France au cinéma ; l’offre est donc nécessaire et suffisante, concernant le son. Piste originale américaine en bon état sans défaut manifeste. STF assez bien traduits et bien lisibles. Notez que tous les acteurs italiens furent post-synchronisés en anglais : seule la voix de Vincent Price est la sienne.

Crédits images : © Produzioni La Regina, Associated Producers

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
Note du disque
Avis

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francis moury
Le 1 décembre 2022
La première adaptation cinématographique long-métrage du roman homonyme de Richard Matheson (paru en 1954 aux USA, traduit en 1955 dans le volume n°10 de la collection Présence du futur des éditions Denoël).

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