Les Rescapés de Sobibor (1987) : le test complet du Blu-ray

Une reconstitution fidèle et captivante de la spectaculaire évasion collective des prisonniers d’un camp d’extermination nazi.

Après une tentative d’évasion du camp d’extermination de Sobibor, à l’est de la Pologne, treize déportés sont sommés d’en désigner treize autres qui, pour l’exemple, seront publiquement fusillés en même temps qu’eux. Faute de quoi, Gustav Wagner, le SS dirigeant le camp désignera lui-même les cinquante qui seront exécutés. Le petit groupe qui projetait de s’échapper organise, le 14 octobre 1943, l’évasion de tous les déportés.

Reginald Rose, auteur du scénario original de 12 hommes en colère (12 Angry Men, Sidney Lumet, 1957) et de L’Homme de l’Ouest (Man of the West, Anthony Mann, 1958), s’est référé à trois sources pour l’écriture du scénario : Escape from Sobibor, le livre publié en 1987 par le journaliste Richard Rashke qui a lui-même puisé dans les récits de deux survivants du camp, consignés dans le manuscrit de Thomas Blatt, From the Ashes of Sobibor, et dans le livre de Stanisław Szmajzner, Inferno in Sobibor.

Les Rescapés de Sobibor est l’oeuvre du Britannique Jack Gold (1930-2015), réalisateur d’une dizaine de films pour le grand écran, dont Man Friday - L’île du maître, une adaptation du Robinson Crusoe de Daniel Defoe, sélectionné en 1975 à Cannes pour la Palme d’or, attribuée cette année-là à Chronique des années de braise (Ahdat sanawovach el-djamr, Mohammed Lakhdar-Hamina). Jack Gold a essentiellement oeuvré pour la télévision. Nous avions particulièrement apprécié Bonne nuit Monsieur Tom ! (Goodnight, Mister Tom, 1998), avec John Thaw dans un de ses derniers rôles.

The real revenge is to survive

Les Rescapés de Sobibor tire une grande partie de son intérêt de son authenticité. 300 des 600 prisonniers s’échappèrent le 14 octobre 1943 du camp où plus de 250 000 Juifs, accueillis sur le quai de la petite gare de Sobibor par la valse de Johann Strauss Légende de la forêt viennoise diffusée par des haut-parleurs, furent assassinés en 17 mois. Himmler, pour tenter d’en effacer le souvenir de l’évasion, ordonna le démantèlement immédiat du camp. Une statue érigée en 1993 et un musée rappellent les horreurs qui y furent commises.

Jack Gold a bien utilisé les généreux moyens investis dans la production du téléfilm qui ont permis de reconstituer, près de Belgrade, le décor du camp, baraquements, double enceinte de fils barbelés, miradors, le recrutement d’une foule de figurants, la confection des uniformes des SS et des gardes ukrainiens qui les ont assistés (dix d’entre eux furent condamnés à mort en Russie), ainsi qu’une solide distribution avec Alan Arkin, Joanna Pacula, Rutger Hauer et Hartmut Becker, glaçant, sans avoir à glisser vers l’excès, dans son interprétation de Gustav Wagner, le SS responsable du camp *.

Les Rescapés de Sobibor, en évitant un insistant étalage de l’horrible, fait intensément ressentir toute l’abomination de l’Aktion Reinhard, nom de code donné par les nazis à la « solution finale » et réussit à entretenir une forte tension dramatique pendant toute la durée du métrage.

(*) Le SS-Hauptscharführer, Gustav Wagner, caché sous une autre identité, a été découvert en 1978 au Brésil dont la Cour suprême a rejeté les demandes d’extradition d’Israël, de l’Autriche, de la Pologne et de l’Allemagne de l’Ouest. Il sera retrouvé à São Paulo, mort, un couteau planté dans la poitrine, le 3 octobre 1980. Il se serait officiellement suicidé. 27 survivants du camp de Sobibor ont pu être recensés au moment de la sortie du téléfilm en 1987. Le dernier, Semion Rosenfeld, s’est éteint en 2019 à l’âge de 96 ans.

Les Rescapés de Sobibor (148 minutes) tient sur un Blu-ray BD-50 logé dans un boîtier en compagnie d’un DVD-9.

Le téléfilm est proposé dans sa langue originale, l’anglais, avec le choix de sous-titres français ou anglais, et dans un doublage en français, les deux au format audio standard Dolby Digital 2.0 mono.

Deux autres éditions single sont disponibles, l’une sur Blu-ray, l’autre sur DVD.

Aucun supplément.

Elephant Films n’a pas repris les bonus de ses deux premières éditions DVD, sorties en 2006 et 2007.

L’image, au ratio de 1.33:1, très propre, affiche une résolution pointue, obtenue au prix d’un effacement du grain originel qui tend à donner un aspect cireux aux visages en gros plans.

Curieusement, le Blu-ray offre l’option d’une image rognée par un recadrage au ratio 1.77:1 pour qu’elle recouvre toute la surface de l’écran des téléviseurs 16/9 qui se sont progressivement imposés au cours des années 90.

Deux manipulations qui donnent le poli du neuf à une réalisation qui va fêter ses quarante ans, mais dénaturent sa texture originelle.

L’édition respecte le format mono d’origine, proposé au standard Dolby Digital 2.0. On aurait préféré un réencodage DTS-HD Master Audio 2.0. Mais il faut reconnaître que la qualité du son, très propre, répond aux attentes, avec une forte dynamique, une bonne ouverture de la bande passante et un juste équilibre entre les dialogues, l’ambiance et l’accompagnement musical de Georges Delerue.

Ce constat vaut pour le doublage en français, au même format.

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