Flo (2023) : le test complet du Blu-ray

Un beau premier film sur les extraordinaires défis relevés par la navigatrice Florence Arthaud. Passionnant !

Une évocation de la vie de Florence Arthaud qui, en 1990, fut la première femme à remporter la Route du rhum, la course à la voile en solitaire organisée tous les quatre ans, ralliant Saint-Malo à Pointe-à-Pitre. Après avoir survécu aux fortunes de mer, elle disparut au cours du tournage d’une stupide émission de téléréalité.

Flo, retenu à Cannes dans la sélection Cinéma de la plage, est le premier long métrage de Géraldine Danon. Elle s’est d’abord fait connaitre comme actrice, dès 16 ans avec un petit rôle dans À mort l’arbitre (Jean-Pierre Mocky, 1984), puis dans plus d’une vingtaine de rôles sur le grand et le petit écran, notamment aux côtés de Jeanne Moreau dans La Vieille qui marchait dans la mer (Laurent Heynemann, 1991) ou d’Alain Delon dans la minisérie policière Frank Riva (Patrick Jamain, 2004). Elle a ensuite écrit le récit des onze mois de navigation de l’Arctique à l’Antarctique avec son mari Philippe Poupon et leurs deux filles, Marion et Laura dans plusieurs livres, dont Une Fleur dans les glaces, Le Continent inconnu et Sur la route des pôles, puis réalisé deux documentaires Fleur australe et À bord du Fleur australe, une aventure en famille, qui furent diffusés à la télévision dans les cases La Ligne bleue outre-mer et Grands reportages.

Flo remonte au temps où Florence, fille de l’éditeur Jacques Arthaud qui publia notamment des récits de deux navigateurs réputés, Bernard Moitessier et Éric Tabarly, commençait très jeune à apprendre la voile comme équipière au trapèze du 420 barré par son frère aîné, avant de voguer, seule à la barre du Pierre 1er, un trimaran de 60 pieds, vers la victoire de le la Route du rhum en 1990.

Flo s’appuie assez fidèlement sur Un vent de liberté, l’autobiographie publiée en 2009 par la navigatrice, et sur le second livre qu’elle écrira, Cette nuit, la mer est noire, paru dix jours après sa mort.

Une grande partie du métrage, qui la suit surtout à des moments où elle a posé son sac à terre, montre sa soif de liberté quand elle impose à sa famille son choix de naviguer en abandonnant ses études, sa force de caractère quand elle se rétablit des suites d’un grave accident de voiture, son acharnement à trouver un sponsor pour financer son trimaran, « sa Ferrari des mers »… Sans toutefois chercher à cacher quelques travers, notamment un penchant pour l’alcool et un comportement nuisible à son image publique. Peut-être peut-on reprocher au film le trop de place qu’il accorde à sa liaison avec Jean-Claude Parisis et Olivier de Kersauson, alors qu’il escamote un de ses plus grands exploits sportifs, la victoire de la Transpacifique comme équipière de Bruno Peyron.

Les scènes en mer, souvent spectaculaires, sont bien filmées, sans révéler, à de rares et furtives exceptions près, les anomalies, trop souvent récurrentes au cinéma, entre l’orientation du vent et de la houle, la position des voiles, les mouvements du bateau (le Pierre 1er, le voilier vainqueur de la Route du rhum)… À cet égard, Flo coupe en tête la ligne d’arrivée devant deux autres belles équipées en mer, All Is Lost (J.C. Chandor, 2013) ou À la dérive (Adrift, Baltasar Kormákur, 2018).

Flo tire aussi parti de la photographie de Pierre Milon, chef-opérateur d’Entre les murs du regretté Laurent Cantet, Palme d’or en 2008, d’une belle composition pour orchestre symphonique d’Adrien Bekerman reliant les tubes des années 80 et du dynamisme de Stéphane Caillard, présente dans tous les plans, bien entourée, par Charles Berling, Pierre Deladonchamps, Grégoire Colin…

Flo (131 minutes) et ses suppléments (42 minutes, sans compter le commentaire audio du film) tiennent sur un Blu-ray BD-50, logé dans le traditionnel boîtier bleu.

Piste d’audiodescription DTS 2.0.

Sous-titres pour malentendants.

Commentaire audio de Géraldine Danon. La réalisatrice, qui a bien connu Florence Arthaud, a voulu communiquer « librement » les impressions qu’elle a gardées d’elle, sa volonté. Elle a souhaité rappeler l’esprit et la liberté sexuelle des années 70 et 80, prendre quelques libertés avec la réalité, notamment en créant des personnages fictifs. Elle souligne les difficultés du tournage des scènes à bord d’un bateau… Un commentaire bien construit avec des informations utiles sur la réalisation du film et sur la personnalité de Florence Arthaud.

Entretien avec Géraldine Danon et Stéphane Caillard (10’), conduit par Nicolas Rioult. La réalisatrice a fait « le portrait d’une femme libre qui se souciait bien peu du regard des autres (…) et voulait faire de sa vie un rêve ». L’actrice garde le souvenir d’une communication facile avec Géraldine Danon…

Scènes coupées (30’), dont une belle scène, écartée du montage, dans laquelle Florence retrouve, dix ans après, le bateau à bord duquel elle gagna la Route du rhum.

Bandes-annonces de Flo (1’48”), de Song to Song (Terrence Malick, 2017), A la merveille (To the Wonder, Terrence Malick, 2012), À la dérive, Amazing Grace (Alan Elliott et Sydney Pollack, 2018) et Summertime (Vacances à Venise) (Carlos López Estrada, 2020).

L’image, au ratio de 2.35:1, encodée au standard 1080p AVC, finement résolue, avec une texture délicate, agréablement contrastée, lumineuse avec des noirs denses, offre une palette de couleurs naturelles.

Le son DTS-HD Master Audio 7.1 assure la clarté des dialogues, le réalisme de l’ambiance, avec une spatialisation cohérente, spectaculaire dans les scènes en mer, un peu trop discrète dans les autres.

Crédits images : © Laura Poupon - Les Films Manuel Munz, Louma Films, Davis-Films