Un Eté en Louisiane (1991) : le test complet du Blu-ray

The Man in the Moon

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Robert Mulligan
Avec Sam Waterston, Tess Harper et Reese Witherspoon

Édité par Rimini Editions

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Le 14/06/2024
Critique

Robert Mulligan, pour son dernier film, nous a offert un des plus belles chroniques sur le temps délicat de la sortie de l’adolescence.

Un été en Louisiane

En Louisiane, pendant l’été 1957, dans la ferme des Trant. Dani, 14 ans, la seconde des trois filles, a toujours été proche de sa soeur Maureen, 17 ans, jusqu’à l’arrivée d’un nouveau voisin, Court, 17 ans lui aussi. Dani s’éprend aussitôt du garçon, vite attiré par Maureen…

Un été en Louisiane (The Man in the Moon), présenté au festival de Deauville en août 1991, sorti aux USA en octobre et dans nos salles en décembre, est le dernier de la vingtaine de films réalisés par Robert Mulligan (1925-2008). Comme beaucoup, il a fait ses premières armes à la télévision, à partir de 1952, chez CBS, en réalisant des épisodes de séries et aussi quelques téléfilms, parmi lesquels, avec Laurence Olivier, en 1959, The Moon and Sixpence, une adaptation du roman de W. Somerset Maugham qui lui valut un Primetime Emmy Award.

C’est en 1957 que Robert Mulligan réalise son premier long-métrage pour le cinéma, Prisonnier de la peur (Fear Strikes Out). Il attire vite des stars, Tony Curtis et Karl Malden en 1960 pour Le Roi des imposteurs (The Great Impostor), Rock Hudson et Gina Lollobrigida en 1961 pour Le Rendez-vous de Septembre (Come September), Rock Hudson, Burl Ives et Gena Rowlands en 1962 pour L’Homme de Bornéo (The Spiral Road), Natalie Wood, Christopher Plummer et Robert Redford en 1965 pour Daisy Clover (Inside Daisy Clover)…

Mais il restera surtout connu du grand public pour Du silence et des ombres (To Kill a Mockingbird, 1962), une émouvante adaptation du roman de Harper Lee dénonçant le racisme, saluée par trois Oscars, et pour Un été 42 (Summer of ‘42, 1971) qui valut à Michel Legrand le deuxième de ses trois Oscars. En marge, plus confidentiel, L’Autre (The Other, 1972), un drame psychologique insolite flirtant avec le fantastique, a particulièrement attiré l’attention des cinéphiles.

I’m not a little girl: I’m 14!

Un été en Louisiane a en commun avec Du silence et des ombres, Un été 42, L’Autre et Le Secret de Clara (Clara’s Heart, 1988) de mettre en avant des personnages sortant de l’enfance ou de l’adolescence, et confirme le flair du cinéaste pour repérer et diriger des jeunes débutants : les jumeaux Chris et Martin Udvarnoky pour les rôles de Niles et Holland dans L’Autre, Mary Badham et Phillip Alford pour ceux de Scott et Jem Finch, les enfants de l’avocat incarné par Gregory Peck dans To Kill a Moockingbird, Neil Patrick Harris pour Clara’s Heart et Reese Witherspoon pour Un été en Louisiane.

Un été en Louisiane met en images un scénario original de Jenny Wingfield que Robert Mulligan a élagué pour en faire une histoire toute simple, centrée sur Dani, présente dans pratiquement tous les plans, économe en dialogues, dans un lieu unique et dans un espace de temps limité, à quelques jours de la fin d’un été. Reese Witherspoon, une découverte de Robert Mulligan, illumine un film qui lancera sa carrière d’actrice, aujourd’hui déjà bien remplie par près de 70 rôles, notamment dans Mud - Sur les rives du Mississippi (Mud, Jeff Nichols, 2012) ou Wild (Jean-Marc Vallée, 2014), ou encore Big Little Lies (2017-2019), une remarquable série créée par David E. Kelley. Elle est aussi productrice d’une cinquantaine de films et séries, dont Gone Girl (David Fincher, 2014) et Là où chantent les écrevisses (Where the Crawdads Sing, Olivia Newman, 2022).

Un été en Louisiane

Un été en Louisiane, dont le beau titre original est un rappel des secrets et doutes que partageaient les deux soeurs certains soirs avec l’homme dans la lune, permet d’apprécier la fluidité de la mise en scène de Robert Mulligan et la beauté de la photographie de Freddie Francis qui, à côté de la réalisation d’une trentaine de films fantastiques pour Hammer Films et Amicus, a prouvé qu’il était le grand chef-opérateur d’à peu près autant de films tels que Amants et fils (Sons and Lovers, Jack Cardiff, 1960) et Glory (Edward Zwick, 1989) qui lui valurent un Oscar, Elephant Man (1980) et Dune (1984) de David Lynch, Les Nerfs à vif (Cape Fear, Martin Scorsese, 1991) ; sans oublier un joyau du cinéma universel, Les Innocents (The Innocents, Jack Clayton, 1961).

À tous ces atouts, Un été en Louisiane ajoute une distribution solide dans les seconds rôles, dans celui du père de Dani, Sam Waterston, rendu célèbre en 1984 par La Déchirure (The Killing Fields, Roland Joffé) et, dans celui de la mère, Tess Harper (Tendre bonheur / Tender Mercies, Bruce Beresford, 1983), ainsi que la belle composition originale pour orchestre symphonique de James Newton Howard, auteur de près de 200 partitions, en 2005 et 2008 de la musique de Batman Begins et Batman - The Dark Knight, le Chevalier Noir de Christopher Nolan, d’Une vie cachée (A Hidden Life, Terrence Malick, 2019), du thème principal de la série Urgences (ER)… Quelques tubes, Loving You par Elvis Presley et Only You par The Platters, nous rappellent que l’histoire se déroule au milieu des années 50.

On applaudira donc Rimini Éditions pour la ressortie de ce beau film, depuis trop longtemps absent de nos catalogues, la dernière édition DVD par MGM, sans bonus, remontant à 2006.

Un été en Louisiane

Présentation - 1,5 / 5

Un été en Louisiane (99 minutes) et ses suppléments (34 minutes) tiennent, dans cette édition combo, sur un Blu-ray BD-50 et un DVD-9, logés dans un boîtier au format Blu-ray, glissé dans un étui.

Le film est proposé dans sa version originale, en anglais, et dans un doublage en français, les deux au format DTS-HD Master Audio 2.0, stéréo pour la version originale, mono pour le doublage.

Bonus - 2,5 / 5

Interview de Nicolas Cébile, enseignant à l’université Rennes 2 (31’). Robert Mulligan a gardé de son expérience de réalisateur de dramatiques à la télévision l’habitude de faire répéter les acteurs avant le tournage de ses films. Alan J. Pakula produira ses premiers longs métrages, avec des futures stars venues de la télévision, Robert Redford, Steve McQueen, Natalie Wood, ainsi que son oeuvre la plus connue, To Kill a Mockingbird. Ses films évoquent souvent des problèmes de société, Escalier interdit (Up the Down Staircase,1967), le système scolaire, Love with the Proper Stranger (1963), l’avortement. Il touche à plusieurs genres, au fantastique avec The Other, au western avec The Stalking Moon (1968). Sa direction d’acteurs vise à communiquer subtilement les émotions : le coup de foudre de Dani pour Court est révélé quand elle jette à la poubelle les photos de son idole, Elvis Presley. Les personnages de ses films ne sont jamais monolithiques.

Bande-annonce (3’).

Un été en Louisiane

Image - 4,5 / 5

L’image, au ratio originel de 1.85:1, encodée au standard 1080p, AVC, après restauration (probablement celle opérée pour l’édition Twilight Time sortie aux USA en 2017), est stable, lumineuse, agréablement contrastée avec des noirs denses. Elle affiche un bon piqué, apprécié dans les extérieurs, et des couleurs naturelles avec un délicat rendu des tons de peau. La préservation du grain respecte la texture du 35 mm. Quelques petites taches occasionnelles sont presque indétectables.

Un été en Louisiane

Son - 4,0 / 5

Le son stéréo d’origine, très propre lui aussi, sans souffle, encodé au standard DTS-HD Master Audio 2.0 (Dolby Digital 2.0 mono sur le DVD), assure la clarté des dialogues. Une bonne dynamique donne à l’ambiance une présence réaliste, mais peu enveloppante en raison d’une très faible séparation des deux canaux.

Ce constat vaut, techniquement, pour le doublage (mono) en français, aux dialogues manquant de naturel.

Crédits images : © MGM

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 15 juin 2024
Robert Mulligan, pour son dernier film, a fait le choix d’une chronique sur les premières amours d’une adolescente. Cette œuvre émouvante, longtemps introuvable, nous revient enfin, pour la première fois en haute définition, après une belle restauration.

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