Simple comme Sylvain (2023) : le test complet du Blu-ray

Deux personnages que presque tout oppose épicent une romance un tantinet grinçante, sortant des sentiers battus.

Sophia, mariée depuis dix ans à Xavier, enseigne la philosophie à des élèves du troisième âge en attendant une hypothétique affectation à l’université de Montréal. Le couple vient d’acheter une maison de campagne dans les Laurentides. Sophia est frappée par un coup de foudre pour Sylvain, le charpentier qu’elle a engagé pour les travaux de rénovation…

Simple comme Sylvain, retenu à Cannes dans la sélection Un Certain Regard, César du meilleur film étranger, sorti en novembre 2023 dans nos salles où il attira 278 000 spectateurs, est le troisième long métrage écrit et réalisé par la Québécoise Monia Chokri, après deux comédies, La Femme de mon frêre, salué en 2019 à Cannes par le Prix Coup de coeur du jury dans la section Un Certain Regard (ex-aequo avec The Climb de Michael Covino), et Babysitter, sorti en France au printemps 2022 où, moins bien reçu par la critique, il n’a fait que 20 000 entrées. Monia Chokri conduit parallèlement à sa carrière de réalisatrice et scénariste celle d’actrice du petit et du grand écran (on la voit dans Simple comme Sylvain et dans Babysitter), de réalisatrice et de scénariste.

Simple comme Sylvain, une comédie dramatique aigre-douce, décomplexée, avec un scénario et des dialogues jouant avec les codes de la romance, reste à l’écart des clichés du genre. Le contraste entre Sophia et Sylvain est le principal ressort dramatique. Elle enseigne la définition de l’amour selon Platon, Schopenhauer et Jankélévitch et apprécie le cadeau que lui fait Xavier, Épistémologie et esthétique de l’espace chez Gaston Bachelard par Aurosa Alison, alors que Sylvain, dont la maîtrise du français est trahie par de fréquents dérapages, puise ses références littéraires dans les paroles des chansons de Michel Sardou.

Une confrontation finement mise en valeur par l’alchimie entre les deux acteurs. Magalie Lépine Blondeau, déjà à l’affiche de La Femme de mon frère, que Xavier Dolan m’avait fait découvrir avec Laurence Anyways (2012) et La Nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé (2022), illumine le film par sa présence dans tous les plans. Et Pierre-Yves Cardinal, Ben dans Le Fils de Jean (Philippe Lioret, 2016), célèbre au Québec pour une quarantaine de rôles, dont celui du Francis de Tom à la ferme (Xavier Dolan, 2013) est très convaincant dans son incarnation du rustique et spontané Sylvain. D’autres acteurs bien choisis esquissent avec naturel le portrait sans complaisance des nombreux personnages qui entourent Sophia, les membres de sa famille où d’autres que le hasard met sur sa route.

Simple comme Sylvain tire un autre atout de la qualité des cadrages des moments d’intimité entre Sophia et Sylvain et des plans larges de paysages à différentes saisons par André Turpin, chef-opérateur chevronné, notamment remarqué pour sa collaboration avec Denis Villeneuve pour Incendies (2010) ou, encore, avec Xavier Dolan pour Matthias et Maxime (2019).

Memento Films donne, avec l’édition de Simple comme Sylvain sur Blu-ray et DVD, une seconde chance à celles et ceux qui ont loupé sa sortie en salles de découvrir une romance acidulée, d’une indiscutable originalité.

Simple comme Sylvain (112 minutes) tient sur un Blu-ray BD-50, logé dans un fin Digipack.

Le film est proposé dans sa langue originale, le français québécois, au format audio DTS-HD Master Audio 5.1, avec sous-titres optionnels.

Piste d’audiodescription DTS-HD MA 2.0.

Sous-titres pour malentendants.

Aucun supplément vidéo.

L’image, au ratio de 1.85:1, captée sur pellicule Kodak 35 mm, encodée au standard 1080p AVC, avec une excellente définition, un grain fin et homogène, lumineuse, agréablement contrastée avec des noirs denses, déploie des couleurs naturelles, soigneusement étalonnées dans une palette chaude.

Le son DTS-HD Master Audio 5.1 assure la clarté des dialogues, le réalisme de l’ambiance, avec une spatialisation cohérente, mais un peu trop discrète, et restitue avec finesse l’accompagnement musical.

Crédits images : © Fred Gervais