12 hommes en colère (1997) : le test complet du Blu-ray

Première édition vidéo en France de l’intéressant remake du film de Lumet par Friedkin. Une très bonne idée de L’Atelier d’Images !

Le sort d’un latino d’origine modeste, tout juste majeur, accusé du meurtre de son père, assisté par un avocat commis d’office, est suspendu à la décision unanime d’un jury composé de douze hommes. Si les douze jurés estiment que les débats laissent subsister un doute sur la culpabilité du prévenu, il sera acquitté. S’ils sont tous convaincus du bien-fondé de l’accusation, le jeune homme sera condamné à peine de mort ou, au mieux, à la prison à vie. Avant toute discussion des rares éléments à charge, un couteau à cran d’arrêt au manche sculpté, un témoignage visuel et un témoignage auditif, les jurés conviennent d’un premier vote à main levée. Onze jurés sont en faveur de la culpabilité, un seul, le juré numéro 8, estime que des doutes l’empêchent d’être certain que le jeune homme est l’auteur du meurtre…

12 hommes en colère (12 Angry Men), sorti en 1997, est un téléfilm adapté par William Friedkin d’un texte original de Reginald Rose, initialement écrit pour la captation faite en 1954 par Franklyn J. Schaffner d’une pièce jouée sur un plateau de télévision. Henry Fonda le proposa à Sidney Lumet qui, après s’être fait la main pendant cinq ans à la télévision, le retint en 1957 pour son premier film sur grand écran, 12 hommes en colère (12 Angry Men), trois fois nommé aux Oscars et salué à Berlin par l’Ours d’or, avant de devenir un grand classique du cinéma universel et une des meilleures mises en scène de procès criminel avec Du silence et des ombres (To Kill a Mockingbird, Robert Mulligan, 1962).

A man is dead and the life of another man is at stake!

« Un homme est mort et la vie d’un autre est en jeu ! ». Par cette justification d’un vote opposé à tous les autres, le juré n° 8 tend le ressort dramatique du film. Après l’intérêt soulevé par la médiatisation du procès de l’ex-joueur de football O. J Simpson, accusé du meurtre de son épouse et de l’amant de celle-ci, acquitté en octobre 1995, l’idée d’un remake du 12 hommes en colère de Sidney Lumet a probablement été perçue par William Friedkin comme un moyen de sortir du creux de la vague dans lequel il était resté depuis le remarquable succès de French Connection en 1971, de L’Exorciste (The Exorcist) en 1973 et de celui, un peu plus modeste, en 1977, de Sorcerer, un remake de Le Salaire de la peur (Henri-Georges Clouzot, 1953).

Les moyens alloués à la production de 12 hommes en colère lui ont permis d’obtenir le concours de Reginald Rose pour l’indispensable actualisation d’un scénario écrit quarante ans auparavant, mais reprenant pratiquement tous les dialogues originels. Une altération notable est la présence de quatre Afro-Américains dans le jury, exclusivement composé de WASPs en 1957. La seconde est la création d’un deuxième lieu, les toilettes attenantes à la salle de délibération où les jurés pourront échanger quelques mots en aparté. La version de Friedkin, plus sombre que celle de Lumet, souligne les incertitudes auxquelles peut souvent être confrontée l’administration de la justice.

12 hommes en colère rassemble une belle distribution avec, pour interpréter les principaux jurés n° 8 et n° 3 (incarnés dans le film de 1957 par Henry Fonda et Lee J. Cobb), Jack Lemmon, ici dans son meilleur dernier rôle, et, deux ans avant sa mort, George C. Scott, Oscar du meilleur acteur pour le rôle-titre de Patton (Franklin J. Schaffner, 1970). On y voit aussi James Gandolfini, deux ans avant que la fameuse série Les Soprano (The Sopranos) n’assoie sa renommée internationale.

Efficacement cadré, avec des mouvements de caméra au service du récit par le directeur de la photographie Fred Schuler (Gloria, John Cassavetes, 1980 ; La Valse des pantins / The King of Comedy, Martin Scorsese, 1982…) 12 hommes en colère nous est proposé au ratio « historique » de 1.33:1 qui allait, au cours des années 90, céder la place au 1.78:1. Le téléfilm nous est proposé par L’Atelier d’Images au seul ratio 1.33:1 alors que le Blu-ray édité par Kino Lorber aux USA en 2022 offrait le choix entre les deux formats.

12 hommes en colère (117 minutes) et ses suppléments (19 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50, logé dans le boîtier traditionnel.

Le film est proposé dans sa version originale, l’anglais, avec sous-titres imposés qui auraient pu être placés plus bas sur le cadre, et dans un doublage en français, les deux au format audio DTS-HD Master Audio 2.0 mono.

Une tonalité complétement différente (18’). Stéphane Moïsssakis (Capture Mag) compare le film de Sidney Lumet avec la version plus sombre que Friedkin a proposée à Showtime. Il rappelle que le tournage n’a commencé qu’après une dizaine de jours de répétitions, passe en revue la distribution…

Bande-annonce (49”).

L’image, au ratio de 1.33:1, encodée au standard 1080p AVC, très propre, lumineuse, agréablement contrastée, offre une résolution satisfaisante pour un film essentiellement composé de plans rapprochés et déploie des couleurs naturelles, soigneusement étalonnées. Le grain originel du 35 mm a été préservé. On regrette toutefois l’absence du ratio 1.78:1.

Le son, encodé au standard DTS-HD Master Audio 2.0 mono, très propre lui aussi, assure l’essentielle clarté des dialogues. L’ouverture de la bande passante et la dynamique concourent au réalisme des coups de tonnerre et de la pluie qui obligent les jurés à fermer les fenêtres de la salle des délibérés.

On retrouve ces caractéristiques dans le doublage en français qui place les dialogues un peu trop en avant.

Crédits images : © MGM Television