L'Été dernier (2023) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Catherine Breillat
Avec Léa Drucker, Samuel Kircher et Olivier Rabourdin

Édité par Pyramide Vidéo

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Le 23/05/2024
Critique

Après un silence long d’une dizaine d’années, Catherine Breillat démontre, une nouvelle fois, sa maîtrise du traitement de thèmes délicats.

L'Été dernier

Anne, avocate renommée, vit en harmonie avec son mari Pierre et leurs filles adoptives de 6 et 7 ans. Un jour, Théo, 17 ans, fils de Pierre d’un précédent mariage, emménage chez eux. Peu de temps après, il annonce à son père qu’il a une liaison avec Anne. Elle nie.

L’Été dernier, retenu à Cannes en 2023 dans la sélection pour la Palme d’or décernée à Justine Triet pour Anatomie d’une chute, est l’adaptation par Catherine Breillat, avec la collaboration de Pascal Bonitzer, du scénario du film danois Dronningen, réalisé par Maren Louise Käehne en 2019, dont le producteur Saïd ben Saïd avait acheté les droits.

Catherine Breillat réalise L’Été dernier dix ans après son film précédent, Abus de faiblesse (2013), une adaptation de l’ouvrage éponyme dans lequel elle relatait l’escroquerie dont elle fut la victime de la part de l’acteur Christophe Rocancourt qui profita de son handicap, une hémiplégie provoquée en 2005 par une hémorragie cérébrale et de son état dépressif.

L’Été dernier traite d’un thème délicat, même transgressif, mais avec une grande pudeur, notamment démontrée dans la deuxième scène d’amour, cadrée en gros plans sur les visages des deux acteurs, celui d’Anne inspiré de l’Extase de Marie-Madeleine du Caravage. Une scène chargée d’émotion, mais jamais pornographique. Le film ne cherche pas, non plus, à édulcorer la gravité du comportement d’Anne, ni à donner d’elle un portrait flatteur quand elle s’enferme dans le déni.

L’Été dernier tient son atout majeur d’un scénario qui expose avec clarté l’évolution de la relation complexe entre Anne et Théo et de la beauté, par instants poétique, des dialogues, confirmant l’importance qu’a toujours accordée Catherine Breillat à l’écriture dans son oeuvre cinématographique.

L’autre point fort du film, outre la photographie de Jeanne Lapoirie qui venait d’achever celle de L’Île rouge de Robin Campillo, est, avec le soutien d’Olivier Rabourdin et de Clotilde Courau, la performance de Léa Drucker qui surpasse encore celle pour Jusqu’à la garde de Xavier Legrand qui lui valut, en 2019, le César de la meilleure actrice. On découvre aussi un débutant, le fils des acteurs Irène Jacob et Jérôme Kircher, Samuel Kircher, qui venait de passer son bac quand commença le tournage. Le naturel avec lequel il interprète Théo laisse penser qu’on le reverra sur les écrans.

L'Été dernier

Présentation - 3,5 / 5

L’Été dernier (103 minutes) et ses suppléments (52 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50, logé dans un Digipack.

Le film est proposé avec le choix entre deux formats audio, DTS-HD Master Audio 5.1 ou 2.0 stéréo.

Piste d’audiodescription DTS-HD MA 2.0.

Sous-titres pour malentendants.

À l’intérieur du Digipack, un livret de 20 pages propose des propos recueillis par Caroline Vassé au cours d’un entretien avec Catherine Breillat. « Ce qui m’intéresse, c’est le désir, l’amour, la pulsion amoureuse, la culpabilité »… dit la réalisatrice qui rejette l’étiquetage « sulfureux » ou « érotique » apposé par certains sur son cinéma et se voit comme une « cinéaste des émotions ». Avec Théo, Anne « revit l’adolescence qu’elle n’a pas eue ». Leur rapport est devenu « la relation de deux êtres humains » effaçant la différence d’âge et la notion d’abus. La réalisatrice évoque le choix des acteurs proposés par Saïd ben Saïd, Olivier Rabourdin dans le rôle du mari, Romane Violeau dans celui d’une mineure violée, et, pour interpréter Anne, Léa Drucker, à laquelle elle n’aurait pas pensé, avec « son côté à la fois bergmanien et hitchcockien ». C’est l’acteur Paul Kircher (Le Règne animal) qui lui a présenté son frère Samuel, « lumineux et en même temps totalement mystérieux ». La collaboration avec la nouvelle équipe proposée par le producteur a été facile, avec Jeanne Lapoirie pour la photo, François Quiqueré pour le montage. Catherine Breillat, à 75 ans, termine ainsi cet entretien : « Je peux être vieille, mais mon cinéma est jeune. Je suis infirme, mais mon cinéma n’est pas infirme ! ». Ces intéressants propos sur le film et sur l’approche du cinéma par la cinéaste viennent compléter Je ne crois qu’en moi, le recueil des propos de Catherine Breillat par Murielle Joudet (Capricci, 2023), salué par le Prix Michel Ciment du meilleur ouvrage français sur le cinéma décerné par le Syndicat Français de la Critique de Cinéma et des films de télévision.

L'Été dernier

Bonus - 3,5 / 5

Scènes commentées par Léa Drucker (21’) Le bar (3’14”), Anne et Théo dans l’herbe (5’23”), Marie-Madeleine en extase (2’29”), Confrontation avec le mari (6’05”), Confrontation entre Anne et Théo (3’17”), Anne et sa soeur joue contre joue (1’23”). « On peut utiliser sa propre gêne et l’intégrer au personnage », dit Léa Drucker qui souligne la dimension dramatique de la séquence dans l’herbe, « faussement légère », et donne ses impressions sur la scène de sexe, sur la délicate scène de déni d’Anne confrontée à son mari, sur l’émotion dégagée par la scène de « l’affrontement impitoyable d’Anne et Théo ».

Essais de Samuel Kircher (3’10”) et de Romane Violeau (11’27”), l’interprète d’un personnage secondaire, une adolescente victime d’abus sexuels, cliente d’Anne et ses réactions aux directives de Catherine Breillat, hors champ.

La leçon de cinéma de Catherine Breillat - Festival international de Films de Femmes (2001, 16’). À l’occasion de la sortie de Brève traversée, la cinéaste et romancière souligne l’importance de l’écriture qui assure la compréhension du film et lui donne « la musicalité de la langue ». Elle évoque la bibliothèque municipale de Niort où, avec l’autorisation parentale d’emprunter les « livres des grands », elle eut « accès au savoir », ce dont les femmes ont été longtemps privées. Elle n’est pas entrée à l’IDHEC, qui n’accueillait les femmes que dans les filières montage ou script, la formation à la mise en scène étant réservée aux hommes. Comme elle avait appris la littérature en lisant des livres, elle a appris le cinéma en regardant des films. Parmi les premiers films qu’elle a vus, elle se souvient de La Nuit des forains (Gycklarnas afton) d’Ingmar Bergman et de Viridiana de Luis Buñuel. Écrire et réaliser un film, c’est « inventer un monde (…), comme si c’était à chaque fois un premier film », pas chercher à « améliorer son savoir-faire ».

Bandes-annonces de L’Été dernier, Toute la beauté et le sang versé (All the Beauty and the Bloodshed, Laura Poitras, 2022), Nos soleils (Alcarràs, Carla Simón, 2022) et Chronique d’une liaison passagère (Emmanuel Mouret, 2022).

L'Été dernier

Image - 5,0 / 5

L’image numérique, captée par une caméra Arri Alexa Mini, au ratio de 1.85:1, encodée au standard 1080p AVC, finement résolue, lumineuse et agréablement contrastée, déploie des couleurs naturelles, avec un étalonnage soigné.

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 5.1 (avec une alternative 2.0 stéréo) délivre, avec clarté et dans un bon équilibre entre les dialogues, l’illustration musicale et l’ambiance qui reste située sur le plan frontal. D’où peu de différences entre les deux formats proposés.

Crédits images : © SBS Productions, Pyramide Productions

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 24 mai 2024
L’Été dernier traite avec une grande pudeur d’un thème transgressif. Ses dialogues, souvent poétiques, confirment l’importance qu’a toujours accordée Catherine Breillat à l’écriture dans son oeuvre cinématographique.

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L'Été dernier
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