Réalisé par Christophe Gans
Avec
Samuel Le Bihan, Mark Dacascos et Jérémie Renier
Édité par Studiocanal
France, 1766. Une bête mystérieuse terrorise la région du
Gévaudan depuis deux ans déjà. Le chevalier Grégoire De
Fronsac (Samuel Le Bihan), et son frère d’armes Mani (Mark
Dacascos), sont envoyés, par la cour du Roi, pour enquêter et
percer le secret de cet animal étrange… Mais, ils sont loin
d’imaginer ce qu’ils vont réellement découvrir, et ce à quoi
ils vont être confrontés…
Avec un budget pharaonique pour le cinéma français, un
réalisateur plus que prometteur, un casting des plus
somptueux, et à coup de grand coup marketing, on nous
promettait un film énorme et de qualité. Le résultat est-il à
la hauteur de nos espérances ? Oui, incontestablement !
Christophe Gans nous plonge littéralement dans le bon, le
beau, le grand cinéma. Son troisième film, après
Crying Freeman et le segment de « Necronomicon »,
représente une oeuvre pleinement aboutie. Avec un réel talent,
il multiplie les genres, tout en apportant une âme
particulière au film.
Gans est un cinéphile, et cela crève l’écran ! Les références
sont nombreuses, et les hommages facilement décelables. Il
invite le spectateur à le suivre dans son univers féerique,
magique, sensiblement similaire à celui de Tim Burton. Sa mise
en scène est digne de celles des plus grands noms d’Hollywood.
Bien aidé par un scénario très convaincant, et un casting des
plus méthodique, il nous livre un pur film d’aventure, au ton
bien rythmé, et ce, malgré quelques rares longueurs. Il
parvient même à nous surprendre grâce à des scènes de combats
magnifiquement chorégraphiées, d’une rare beauté.
Quel packaging ! Il est difficile de décrire le plaisir qui
nous envahit lorsqu’on ouvre pour la première fois ce fabuleux
coffret-écrin, à l’allure d’un livre ancien. Enorme ! Le
visuel du coffret reprend tous les personnages principaux du
film et chaque disque est magnifiquement sérigraphié. Le tout
est accompagné d’un livret de quarante pages.
Les menus de chaque DVD sont animés et musicaux. Pas de 3D à
outrance, de jolies animations sobres, mais très soignées.
Avec trois disques, cette édition collector regorge de
suppléments. Voyons, pas à pas, de quoi est faite cette
édition, qui s’avère être incontournable !
Disque n°1 :
Deux commentaires audio sont disponibles.
Avec celui de Christophe Gans, on a droit à deux commentaires
à la fois… Gans le cinéphile et Gans le réalisateur. C’est
tout simplement superbe ! Il nous dévoile tout sur la
fabrication de son film, plus toutes les références dont il
s’est inspiré pour certaines scènes. Il passe facilement d’une
description du tournage, parsemé d’anecdotes, à une
explication claire de l’hommage qu’il a voulu retranscrire.
Le commentaire des deux acteurs Samuel Le Bihan et Vincent
Cassel se situe dans un genre différent. Plus axé sur le
tournage du film et leurs difficultés rencontrées, ils s’en
donnent à coeur joie avec des anecdotes vraiment
intéressantes.
Disque n°2 :
Commençons par le Making of « les entrailles de la
bête ».
Tout est expliqué en détail, étape par étape, sur la
fabrication d’un tel film. On débute avec l’écriture du projet
et la proposition faite à Gans, par Canal Plus Ecriture, pour
tenir la réalisation. Stéphane Cabel, le scénariste, évoque
leur rencontre (dans un restaurant chinois) orchestrée par
François Cognard, vieux compère et ami du futur réalisateur.
Gans parle ensuite de son casting, qu’il voulu « jeune » pour
ses personnages principaux, afin de montrer la richesse du
cinéma français, mais aussi de ces monstres sacrés à qui il
confit de petits rôles.
La partie artistique est abordée par Dan Lautsen, directeur de
la photographie. Il parle surtout des difficultés qu’ils ont
dû contourner pour avoir une lumière parfaite lors des scènes
d’action.
Vient ensuite la partie réservée aux scènes de combats. Gans
explique que ces séquences sont là pour servir l’histoire dans
son prolongement (pas seulement pour donner plus de rythme au
film) et que les thèmes forts du récit sont appuyés, notamment
lors du combat final. La parole est ensuite donnée à Philip
Kwok, bien connu pour son travail dans le cinéma HK. Si Gans
évoquait la partie artistique et poétique des scènes de
combat, Kwok, lui, rentre directement dans la technique.
Beaucoup de documents issus des répétitions en studio,
viennent appuyés ses propos, et même Samuel Le Bihan,
s’exprime ici sur ces difficultés à satisfaire le maître
d’oeuvre.
Le reste du Making of est maintenant dédié à « la bête ».
Plusieurs responsables des effets spéciaux se passent la
parole, et , chacun dans son domaine, nous montre d’abord la
fabrication de la bête en animatronics, puis le travail
effectué sur ordinateur, en image de synthèse, pour obtenir
une animation plus fluide des mouvements. Ils expliquent aussi
que certaines scènes auraient été impossibles à réaliser sans
utiliser la technologie numérique, car les mouvements de la
bête n’auraient pu être aussi bien définis et aussi rapides.
Pour conclure ce merveilleux making of, on retrouve un
Christophe Gans jouant la carte de la modestie, rabaissant
même, les qualités de son cinéma à un niveau médiocre.
Surprenant de la part d’un réalisateur, non ? Ses propos sont
si bien tenus, qu’on arrive presque à le croire…
Les cinq scènes coupées, toutes introduites puis
expliquées par Gans, représentent la partie la plus
intéressante après le Making of. Le DVD offrant la version
longue du film désirée par son réalisateur, on était curieux
de savoir de quoi serait faite cette partie… A noter qu’elle
accueille aussi un clip des plans coupés.
- 1. « Le combat »
C’est une version plus longue de la première scène de combat.
On y retrouve la scène tel qu’elle fut intégrée au montage
final, mais elle se poursuit, en montrant le chevalier Fronsac
descendre de cheval, et se battre à son tour. Puis, pour
respecter l’admiration que porte Gans envers les films de
samouraï, et pour montrer la force qui les unit, les deux
« frères » infligent, côte à côte, une belle dérouillée aux
méchants.
- 2. « Le corbeau »
Clin d’oeil au personnage qu’interprète Mark Dacascos dans la
série « The Crow », elle montre aussi les liens forts qui
unissent Mani et les animaux.
- 3. « Fronsac et Sardis »
Suite aux avances de Fronsac faites Mariane, Sardis intervient
et met en garde le chevalier sur ses propos…
- 4. « L’étang gelé »
C’est dans cette scène que le vrai talent de Gans nous est le
mieux dévoilé. Capable de nous donner des scènes de combats
mémorables, il a aussi l’habilité de faire naître la magie
dans une scène romantique et très esthétique. Elle n’apporte
pas grand chose de nouveau au récit, mais qu’est-ce qu’elle
est belle !
- 5. « La maison Tessier »
Elle commence par montrer Beauterne, complètement saoul,
demander à Fronsac, où il peut trouver de la compagnie…
Vient ensuite une scène réintégrée à la version longue du film
présente sur le DVD. Elle montre Fronsac, avouant a Sylvia
(Monica Bellucci), que la vraie bête n’a pas été tuée et qu’il
est le complice de Beauterne dans cette supercherie… Elle
continue ensuite, avec Sylvia qui emmène Fronsac dans une
pièce secrète du bordel, où il peut admirer le spectacle qui
se déroule dans chaque pièce de la maison close.
Le clip des plans coupés est un montage musical de
plusieurs séquences, mis bout à bout, non retenues par le
réalisateur.
Dans La légende, la parole est donné au naturaliste
Michel Louis. Après de longues recherches, il apporte quelques
précisions historiques, au mythe de la bête du Gévaudan. Il
n’oublie pas de dire que le film, malgré quelques exactitudes,
est, en grande part, dû à la seule imagination de Gans. Un
entretien très instructif pour ceux qui ne connaîtraient que
peu l’histoire du Gévaudan, et passionnant pour les autres.
Les filmographies sont complètes. Tous les acteurs
principaux et le réalisateur y sont présentés.
Restent les bandes-annonces, au nombre de trois, toutes
offertes en 16/9 et en 5.1. Le premier pré-film annonce est
monté façon HK, avec des images fortes, et une musique
percutante.
Plusieurs contenus DVD-Rom (dont un dossier de presse)
boulent l’ensemble.
Disque n°3 :
On en arrive donc au DVD Collector. La couleur de sa
sérigraphie diffère de celles des deux autres disques, et cela
n’est pas un simple hasard. Dès que l’on arrive aux menus, on
sent déjà que l’ambiance ne sera pas la même que sur le second
DVD de bonus…
- Le documentaire
Oubliez tout ce que vous avez déjà vu en la matière… Car,
avec ce documentaire, rien, de tout ce que vous allez voir, ne
vous sera présenté sous un oeil objectif… Vous n’êtes pas là
en spectateur, ni en invité, mais bien en membre de l’équipe
de tournage. Toutes les belles choses du cinéma qu’on a
l’habitude de nous montrer sont totalement inexistantes ici.
Pascal Laugier, réalisateur du documentaire, nous dévoile
l’envers du décor avec des imprévus techniques, des péripéties
innombrables et des acteurs épuisés. Il nous livre un
documentaire extraordinaire, qui rend, à lui seul, l’achat de
cette édition collector obligatoire !
La partie Story-boards propose un nombre impressionnant
de croquis du film. Très bien réalisée et composée de douze
rubriques, elle vous demandera plusieurs minutes de
visionnage, car après avoir vu la qualité des premiers
dessins, vous voudrez absolument voir le reste.
Reste l’Album photo. Constitué de cinq parties, il
mélange dessins, photo du tournage et affiche du film. Idem
que pour les story-boards, vision obligatoire !
Les trois disques rendent cette édition indispensable. Elle
constitue une référence dans le monde du DVD.
Comme tout le reste… Une référence ! Supervisée par
Christophe Gans himself, une des meilleures images DVD qu’il
nous ait été donné de voir !
Le master utilisé est d’une définition étonnante. Les couleurs
sont splendides, et les noirs d’une profondeur exemplaire.
Après l’expérience sonore hallucinante vécue avec le DVD de
Star Wars - Episode I : La Menace fantôme, on se demandait combien de temps il
faudrait pour qu’un film nous propose une bande-son de même
calibre… Et bien, pas si longtemps… Car, les deux pistes,
qui nous sont offertes ici, sont tout simplement
impressionnantes !
La piste en DD 5.1 propose un mixage impeccable. Une
répartition des canaux spectaculaire accompagne les scènes
d’actions, avec des voies arrière qui procurent une rafale
d’effets surround tous impressionnants de précision.
La piste DTS est d’un niveau nettement supérieur. Elle offre
une bien meilleure dynamique que la piste en DD 5.1. Toujours
avec autant de précision, elle sait se faire sentir lors des
scènes de combats. Les graves sont plus puissantes encore,
mais sans jamais étouffer le reste de l’installation.
Qui a dit que le premier combat sous la pluie deviendra une
scène de démo ?