Réalisé par Brian De Palma
Avec
Michael J. Fox, Sean Penn et Don Harvey
Édité par Sony Pictures
Le Vietnam fût une sale guerre. Bon nombre de cinéastes, tels
Oliver Stone et son Platoon, Francis Ford Coppola avec
Apocalypse Now nouvellement Redux, sans oublier
Stanley Kubrick et son Full Metal Jacket, ont apportés
leurs visions sur un sujet qui bouleversa l’Amérique. Il
semblait donc normal que l’un des plus grands cinéastes
contemporain s’y arrête un jour…
Pour ce film, De Palma ne cherche pas à produire du grand
spectacle, car il sait qu’il tient entre ses mains un sujet
brûlant qui vaut bien plus qu’un « simple » film de guerre. Il
ne veut pas d’un film qui raconte la guerre, mais il désire
montrer l’enfer de ceux qui l’ont faite. Lui-même à tout fait
pour ne pas y prendre part, et c’est peut-être ça qui fait
toute la différence.
L’histoire qu’il décide de porter à l’écran ne traite pas des
conflits de l’époque, ni des conséquences engendrées, mais
bien de la jeunesse américaine. De ces jeunes, soldats ou pas,
à qui on a fait vivre le pire, pendant que d’autres encore y
laissaient leurs vies. Alors comment garder une conscience et
rester soi-même dans un cas pareil ? Comment ne pas sombrer
dans une folie totale quand, par exemple, on voit le corps de
son frère d’arme, et de bien d’autres, déchiqueté par les
balles ou explosé par une mine ? Comment supporter la peur de
ne pas connaître le même sort ? Et comment (sur)vivre dans de
telles conditions ? Les personnages de son film sont, en
quelques sortes, les réponses à toutes ses questions.
Le sergent Meserve (Sean Penn) n’est pas fou. Il est même un
excellent soldat. Mais, les trop grandes visions d’horreur
qu’il dû encaisser ont pas mal contribuer à son changement
brutal. Il devient alors un être qui ne distingue plus le bien
du mal. Un être insensible, sans coeur, auquel on a enlevé
toute parcelle d’humanité. Il n’était sans doutes pas comme ça
avant de subir une expérience aussi atroce que fut cette
guerre…
Eriksson (Michael J. Fox) est certainement plus fort
mentalement, car il réussi à surmonter tout ce que Meserve à
avaler. Il fait la part des choses, connaît les limites à ne
pas franchir et garde toujours ses valeurs, ses principes si
fondamentaux qui font de lui, un homme, encore, « normal ».
Malgré toutes ces qualités, il ne peut rivaliser avec Meserve.
Il n’est pas à la hauteur. Même si lors du viol de la jeune
vietnamienne, il peut et veut intervenir, il ne bouge pas. Ne
trouvant pas assez de courage en lui pour agir, il préfère
partir loin, que d’assister à ce drame horrible.
Le vrai face à face, mis en place depuis le début, peut alors
commencer et la vraie question est lancée. Eriksson se
retrouve seul, face à sa conscience. Doit-il dénoncer et
accuser un homme, qui lui a sauvé la vie, d’avoir commis un
acte épouvantable, ou, au regard et à la demande de tous,
oublier tout se qui vient de se passer ?
Sans jamais pardonner, ni même excuser, et dénonçant la
pitoyable attitude américaine durant le Vietnam, De Palma
dévoile un des cotés les plus méconnus de cette guerre. Aidé
par un scénario tiré de faits réels, un casting somptueux, où
il offre ce qui restera comme le plus grand rôle dans la
carrière de Michael J. Fox, et sur une musique éblouissante de
l’habituel compère Ennio Morricone, il signe une oeuvre
magistrale, puissante, dure et qui restera encore, et pendant
longtemps, présente dans les mémoires…
Presque une habitude chez l’éditeur, un fourreau, où le noir
est sobrement et magnifiquement utilisé, abrite un boîtier
classique. Le DVD s’ouvre sur des menus tous fixes et muets,
mais tous fort bien réussis graphiquement…
Tous les suppléments sont intégralement sous-titrés en
français.
Le making of, réalisé par Laurent Bouzereau,
n’en est pas vraiment un à proprement dit. Les très courtes
séances de tournages se comptent facilement et ne servent à
pas grand chose… Il s’apparente donc plus à une interview
qu’à un vrai making of.
Par contre, les propos tenus par De Palma, son producteur et
son monteur de l’époque, sont une vraie mine d’or. Le
réalisateur explique d’abord ce qui l’a poussé à faire ce
film, des thèmes qui lui sont chers. De sa première lecture en
1969 d’un article, paru dans un journal américain, au succès
en salles de Les Incorruptibles et Platoon qui lui
ont permis de réaliser un projet qu’il préparait depuis bien
longtemps. Il parle ensuite de son casting minutieux pour
lequel il auditionna dans le monde entier. Il rend par la même
occasion un hommage cinglant à tous ses acteurs…
Le reportage continue et se termine par des analyses
spécifiques de De Palma sur l’histoire de son film, son
scénario, sa dureté et les significations de certaines scènes,
et par des explications concrètes apportées par le monteur sur
de nombreux plans de tournage…
Court, trente minutes environ, mais très bien réaliser, ce
petit documentaire a le mérite de nous en apprendre long sur
la conception du film, les motivations de chacun et sur De
Palma lui-même. Car, s’il n’évoque que très brièvement sa
position sur la guerre du Vietnam, les questions soulevées par
son film en disent déjà beaucoup.
Dans La guerre d’Eriksson, la parole est donnée à
Michael J. Fox. Il revient sur le film, expliquant en détail,
les thèmes qui lui paraissent important. Il parle aussi de ses
relations avec le réalisateur qui furent très bonnes, mais
plus tendues avec Sean Penn. Il explique qu’ils se sont
tellement investi dans leurs personnages, qu’aucune amitié ne
put se créér entre eux. La tension était trop grande et, comme
il le précise lui-même, aucun d’eux n’en avait réellement
envie. Il nous livre ensuite ses souvenirs de tournages, ses
moments difficiles et beaucoup d’autres anecdotes.
A n’en pas douter, De Palma offrit à Michael J. Fox son plus
grand moment de cinéma. Il n’a pas oublié, et rend un hommage
particulier à son réalisateur.
Les cinq scènes supplémentaires n’apportent rien de
bien concret au développement de l’histoire. Trop courtes pour
avoir de vrais atouts, elles ne montrent qu’un peu plus la
dureté du film.
On termine par les habituelles filmographies, et une
partie bandes-annonces où sont présentés
Dans la ligne de mire, Ouragan sur le Caine,
Des hommes d’honneur, et « Outrages », bien
évidemment.
Quel bonheur de redécouvrir ce film avec une image aussi impressionnante de qualité. Le master ne présente vraiment aucun défaut, et cela est déjà une prouesse pour un film datant de plus de dix ans déjà et tourné sur des décors naturels riches en couleurs. Une compression parfaitement maîtrisée, un contraste parfait et des couleurs superbes font que l’on éprouve un confort et un plaisir visuel non dissimulés. Seul quelques arrières plans peu définis empêchent la note d’atteindre le seuil maximum.
La piste en VO bénéficiant d’un remixage en 5.1, retranscrit
au mieux l’ambiance du film. La superbe partition d’Ennio
Morricone est rapidement privilégiée et accentue réellement la
tension lors des moments forts. La pression omniprésente va
crescendo et les voies avants sont là pour vous le faire
sentir. Au niveau des arrières, le mixage ne cherche pas à
être explosif, mais plutôt à transporter votre salon en plein
coeur de la jungle vietnamienne. Les effets surround font
pleinement « vivre » la jungle et dégagent une impression de
naturel assez surprenante…
La VF en Dolby Surround ne peut offrir le même spectacle. Si
les voies avant gardent toute leur ampleur, les voies arrière
sont pour ainsi dire muettes tout au long du film. On garde à
peu près la même intensité, mais on perd pratiquement toute
l’ambiance naturelle du film…