Réalisé par Zoltan Korda
Avec
Paul Robeson, Leslie Banks et Nina Mae McKinney
Édité par Elephant Films
Au Nigeria britannique, le préfet de région Sanders a réussi à pacifier sa province grâce à l’aide d’un chef de tribu autoproclamé, Bozambo. Mais à peine Sanders a-t-il quitté la région pour aller se marier en Angleterre que des trafiquants annoncent sa mort. Les guerres tribales, suscitées par le roi Mofolaba mettent le pays à feu et à sang.
Bozambo (Sanders of the River), réalisé par Zoltan Kora en 1935 et produit par son frère Alexander Korda, réalisateur réputé et patron de London Films, est un film à la gloire de l’Empire britannique » sur lequel le soleil ne se couchait jamais « , quand le Nigeria était encore une colonie de la couronne jusqu’à son indépendance en 1963, point de départ d’une série de coups d’état.
Le scénario de Bozambo est l’adaptation d’un roman d’Edgar Wallace écrit en 1911, Sanders of the River, le premier d’une série de douze titres consacrés au personnage de Sanders. Écrivain prolixe, Edgar Wallace est surtout connu en France pour ses romans policiers, presque tous traduits dans notre langue.
Quatre-vingts ans après, le récit paraît naïf. Bozambo, le bon Africain, loyal du grand roi d’Angleterre, s’oppose au sanguinaire Mofolaba, trafiquant d’esclaves. L’interprétation de Paul Robeson dans le rôle de Bozambo n’est pas des plus crédibles, pas plus que les chansons qu’il entonne au long du film ne sont vraiment traditionnelles. Il connaît la chanson, pourtant : son interprétation de Sixteen Tons lui valut une renommée mondiale dans les années 50.
Le rôle des Sanders est tenu par Leslie Banks, interprète du comte dans Les Chasses du Comte Zaroff (The Most Dangerous Game) réalisé en 1932 par Irving Pichel et Ernest B. Schoedsack dont les décors allaient l’année suivante être réutilisés pour le King Kong de Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack.
Un des atouts du film est d’avoir fixé sur la pellicule des images d’une Afrique disparue. Cela lui donne une valeur quasi-documentaire avec des séquences de danses rituelles particulièrement bien photographiées qui font facilement oublier des transparences cousues de fil blanc.
Comme beaucoup des autres titres de la collection d’Elephant Films Cinéma MasterClass, le DVD-9 est présenté dans un boîtier glissé dans un fourreau cartonné. La jaquette (imprimée recto-verso) est conçue dans le style des autres titres de la collection, cohérent avec l’époque des oeuvres, tout comme le menu animé et musical.
En supplément, une présentation du film par Jean-Pierre Dionnet (10’). Il nous dit que Paul Robeson, activiste pour la cause des noirs, n’était pas très heureux d’avoir tourné dans un film en hommage au colonialisme britannique, que Leslie Bank tirait parti d’une cicatrice au visage et d’une paralysie laissées par une blessure de guerre pour jouer les personnages inquiétants. Trois directeurs de la photographie ont successivement oeuvré au tournage du film. Charles Crichton faisait ses premières gammes pour le cinéma en assurant le montage de Simba et n’allait pas tarder à voler de ses propres ailes en réalisant une série de films qui se terminera en 1988 avec Un Poisson nommé Wanda.
Pour finir, une maigrichonne galerie de 2 photos en format vignette, les bandes annonces d’une flopée de films de la collection et une courte promotion par Jean-Pierre Dionnet de trois autres titres de la collection Cinéma MasterClass édités simultanément (et testés pour vous) : Simba (1955) de Brian Desmond Hurst, Ma vie commence en Malaisie (A Town Like Alice) de Jack Lee (1956) et Aux frontières des Indes (1959) de J. Lee Thompson.
L’image (noir et blanc, 1.33:1) est d’une qualité variable. Assez propre, en dehors de quelques séquences relativement dégradées, elle est affectée par du pompage occasionnel et un scintillement assez constant. Le niveau moyen est, malgré tout, acceptable compte tenu de l’âge du film.
Le son Dolby Digital 1.0 (et non 2.0 comme indiqué au verso de la jaquette) est correct pour un film tourné en 1935. Peu de souffle, peu de craquements, mais un spectre relativement étroit et quelques saturations.
Crédits images : © Elephant Films