Minuit à Paris (2011) : le test complet du Blu-ray

Un jeune couple d’américains dont le mariage est prévu à l’automne se rend pour quelques jours à Paris. La magie de la capitale ne tarde pas à opérer, tout particulièrement sur le jeune homme amoureux de la Ville-lumière et qui aspire à une autre vie que la sienne.

Après une autre escapade londonienne, Woody Allen parvient enfin à poser ses bagages à Paris, 15 ans après Tout le monde dit I Love You. Plus attachant que Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu, Minuit à Paris se veut un hommage du réalisateur new-yorkais à la Ville lumière, sa culture, ses artistes, ses rues pavées, ses antiquaires, en oubliant les quartiers populaires qui sont inexistants chez Woody Allen. Bien lui en a pris puisque cette vision fantasmée de la capitale française lui aura non seulement offert l’un de ses plus gros succès en France mais aussi son plus grand succès commercial aux Etats-Unis.

Derrière la comédie se dessine tout de même un certain désenchantement, celui de ne pas être né à la bonne époque. Le personnage impeccablement interprété par Owen Wilson, véritable alter ego du metteur en scène, se promène tranquillement dans les rues parisiennes qui lui rappellent les tableaux impressionnistes (repris sur l’affiche) qui ont le pouvoir de ramener à la vie ses auteurs, musiciens et peintres de prédilection à la vie (F. Scott Fitzgerald, Ernest Hemingway, Salvador Dali, Cole Porter, Pablo Picasso) quand frappent les douze coups de minuit. L’aspect clinquant contemporain de Paris et de ses hôtels de luxe laisse alors la place à des ambiances tamisées, où la fête règne et les différences sociales semblent abolies. C’est dans ce monde fantasmé que le personnage principal apprendra enfin ce qu’il veut réellement dans le vie et surtout qui il est réellement.

Avec son casting quatre étoiles, sa vision carte-postale de Paris, la photo lumineuse et chatoyante de Darius Khondji et la musique de Sidney Bechet qui rythme le film, Minuit à Paris s’avère être un film drôle, émouvant, intelligent, empreint d’une magie propre au réalisateur aux lunettes rondes qui pour info est déjà en post-production de son prochain opus The Bop Decameron qu’il a tourné à Rome. Mais ça, c’est une autre histoire…

Après un petit détour chez Warner, c’est TF1 vidéo qui édite Minuit à Paris en proposant un menu joliment illustré par les images du film, Si tu vois ma mère de Sidney Bechet en fond sonore. Le changement de langue est impossible en cours de route.

C’est assez rare pour le signaler, mais pour une fois, un film de Woody Allen est accompagné de deux sections d’interviews (40 minutes au total) menées par Laurent Weil. L’une du metteur en scène enregistrée avant la présentation du film en ouverture du Festival de Cannes en 2011, l’autre avec le réalisateur, Owen Wilson, Rachel McAdams, Léa Seydoux et Michael Sheen pour la sortie du film en France.

Le premier entretien réalisé dans la salle de montage de Woody Allen dans ses bureaux new-yorkais est peut-être le plus intéressant mais les propos tenus sur le casting, l’histoire, le petit rôle de Carla Bruni, dans les deux modules demeurent anecdotiques et redondantes.

Les interviews de l’équipe du film (visiblement en plein décalage horaire) ne s’apparentent qu’à une succession de qualificatifs dithyrambiques où « amazing » et « exiting » reviennent à chaque phrase. Seule Léa Seydoux apparaît vive et spontanée, tandis que Woody Allen s’endort aux côtés d’Owen Wilson.

Woody Allen s’est octroyé les service du chef opérateur Darius Khondji (Panic Room, Se7en) pour Minuit à Paris. À l’instar des partis-pris esthétiques de Vicky Cristina Barcelona, la photo fait la part aux couleurs vives et chatoyantes, les comédiens semblant constamment éclairés avec des spots de couleur jaune. Ce master HD restitue avec brio les volontés artistiques originales mais le piqué en prend un coup et l’image paraît parfois trop douce. Cela est d’autant plus notable sur les plans d’arbres où les teintes vertes manquent sensiblement de fermeté. Heureusement, Woody Allen n’est pas un adepte des mouvements de caméra et les plans fixes, à l’instar de la succession de plans sur Paris en ouverture, sont magnifiques et le relief fort appréciable. Les séquences extérieures diurnes sont les mieux loties tandis que les scènes du Paris après minuit apparaissent délicieusement ouatées et feutrées. Mises à part quelques légères pertes de la définition notables sur le rendu des visages, cette édition HD demeure un très bel objet.

Nous retrouvons le fameux mixage mono cher à Woody Allen encodé en DTS HD Master Audio 2.0. La version originale enterre sans aucune commune mesure son homologue française qui repose essentiellement sur les dialogues. La piste anglaise distille avec fluidité et ardeur la musique de Sidney Bechet, Cole Porter et Joséphine Baker, alliant également les effets sonores et les voix des comédiens avec une réelle homogénéité. Privilégiez évidemment cette option acoustique d’autant plus que la version française manque cruellement de naturel et de peps. Et pour info, oui Carla Bruni se double elle-même en français.