Réalisé par Ernst Lubitsch
Avec
Claudette Colbert, Gary Cooper et Edward Everett Horton
Édité par BAC Films
Nice. Dans un magasin de vêtements où « on parle anglais, on comprend l’américain », Michael Brandon, milliardaire américain, veut seulement acheter la veste d’un pyjama. Une aristocrate ruinée, Nicole de Loiselle, offre d’acheter le pantalon. Scandale, le vendeur refuse de céder le lot séparé en deux. L’affaire « monte » jusqu’au président-directeur-général de l’entreprise… tout se solde par un mariage. L’épouse découvre que ce Barbe Bleue des temps modernes en est à sa huitième femme. La lune de miel, romantique à souhait (Prague-Venise-Paris), promet d’être mouvementée.
Ernst Lubitsch vient de réaliser le magnifique Ange avec Marlene Dietrich, un bide au box-office, quand la Paramount décide de lui confier une nouvelle adaptation de la pièce de théâtre d’Alfred Savoir, vaudevilliste français d’origine polonaise, La Huitième Femme de Barbe-Bleue. Cette pièce de théâtre de 1921 avait déjà été transposée au cinéma (muet donc) en 1923 par Sam Wood, avec Gloria Swanson.
Le cinéaste décide de s’y atteler immédiatement et se voit confier l’aide de deux jeunes scénaristes Charles Brackett et un certain Billy Wilder. Ernst Lubitsch y voit l’occasion de travailler à nouveau avec Gary Cooper qu’il avait déjà dirigé dans Sérénade à trois en 1933, auquel il souhaite lui donner Claudette Colbert comme partenaire. Le cinéaste avait déjà collaboré avec l’actrice d’origine française et aux magnifiques pommettes dans la comédie musicale Le Lieutenant souriant en 1931. Il s’agit là d’un des plus merveilleux couples réunis par le réalisateur. Les deux comédiens s’étaient déjà donné la réplique en 1931 dans His Woman d’Edward Sloman, et force est de constater que la complicité et l’osmose demeurent flagrantes à l’écran dans La Huitième Femme de Barbe-Bleue.
Merveilleuse et pétillante comédie loufoque aux allusions sexuelles très osées (sublimes dialogues), menée tambours battants, toujours d’une folle élégance, ce chef d’oeuvre merveilleusement interprété n’a pas pris une seule ride et reste un modèle du genre, de la première séquence avec l’achat chaotique d’un simple pyjama, en passant par la lune de miel où les époux font chambre à part, le baiser parfumé à l’oignon (scène culte) jusqu’au dénouement où Gary Cooper se retrouve en camisole de force, le tout parsemé de seconds rôles éclatants (David Niven, Edward Everett Horton) qui ont toujours fait la marque du metteur en scène. La fameuse Lubitsch touch marche à plein régime dans La Huitième Femme de Barbe-Bleue, qui connut pourtant un échec retentissant à sa sortie, vraisemblablement imputable aux très nombreuses situations irrévérencieuses et au thème de la frustration sexuelle qui ont sûrement choqué le public américain.
Le DVD repose dans un boîtier classique de couleur blanche. Avec son visuel sur fond rouge, la jaquette de la collection Hollywood Classics BAC est un peu tape-à-l’oeil. La sérigraphie reprend le visuel de la jaquette. Le menu principal est quant à lui animé et musical.
En guise d’interactivité, nous ne trouvons qu’une galerie de photos, ainsi que divers extraits issus de la collection Hollywood Classics disponible chez l’éditeur.
BAC Vidéo livre un très beau master 1.33 de La Huitième femme de Barbe Bleue. La propreté de la copie est impressionnante, la clarté est de mise, le N&B est riche avec des noirs denses et des blancs lumineux, sans oublier une large palette de gris qui flattent constamment la rétine. Si quelques points et tâches sont passés à travers les mailles de la restauration, l’image demeure stable, le grain cinéma flatteur, les contrastes concis, les fondus enchaînés sont équilibrés et le relief des textures est indéniable.
La version originale est très propre et se révèle nettement plus ardente et fluide que la piste française, au doublage calamiteux, souvent criarde et centrée essentiellement sur les voix, au détriment des effets annexes. Le changement de langue est impossible en cours de visionnage et nécessite le retour au menu des langues.
Crédits images : © BAC Films