Réalisé par Luc Besson
Avec
Michelle Yeoh, David Thewlis et Jonathan Raggett
Édité par EuropaCorp
« The Lady » est une histoire d’amour hors du commun, celle d’un homme, Michael Aris, et surtout d’une femme d’exception, Aung San Suu Kyi, qui sacrifiera son bonheur personnel pour celui de son peuple. Rien pourtant ne fera vaciller l’amour infini qui lie ces deux êtres, pas même la séparation, l’absence, l’isolement et l’inhumanité d’une junte politique toujours en place en Birmanie. « The Lady » est aussi l’histoire d’une femme devenue l’un des symboles contemporains de la lutte pour la démocratie.
Il y avait bien longtemps que Luc Besson ne nous avait pas autant enthousiasmé. Certes sa peinture de la junte militaire birmane, volontairement édulcorée, prête souvent à sourire (on pense à la représentation de Kim Jong Il dans Team America) et le réalisateur ne résiste pas à certaines séquences légères voire naïves, mais ce superbe portrait peut compter sur la solide interprétation de Michelle Yeoh, qui trouve probablement ici le rôle de sa vie. La comédienne, bouleversante, se met dans la peau d’Aung San Suu Kyi, activiste opposée au pouvoir militaire dominant en Birmanie, qui après une longue lutte et malgré la victoire de son parti politique aux élections, a été emprisonnée pendant plus de quinze ans, puis libérée en novembre 2010.
The Lady retrace en un peu plus de deux heures, le parcours (son enfance, les débuts de son combat, la fondation de la Ligue nationale pour la démocratie, son Prix Nobel de la Paix en 1990) et la vie personnelle (son époux - magnifique David Thewlis, ses enfants) de cette femme d’exception. La mise en scène est aussi maîtrisée que virtuose et même Eric Serra semble avoir retrouvé l’inspiration qui lui manquait depuis belle lurette. Se collant au plus près de la réalité, Luc Besson parvient à captiver les spectateurs, sans pathos, sans effets spectaculaires, sans esbroufe inutile, avec justesse et respect. Finalement, The Lady s’impose comme l’un des meilleurs films du réalisateur de Nikita.
Un superbe surétui renferme le boitier classique qui comprend le Blu-ray et le DVD du film. Le menu principal est très élégant, soigné, sensiblement animé et musical.
En premier lieu, nous trouvons un making of passionnant revenant sur tous les aspects de la production (la genèse, les repérages clandestins en Birmanie, les prises de vue) de The Lady à travers des entretiens avec l’ensemble des comédiens et le réalisateur Luc Besson. Les images de tournage sont nombreuses et montrent l’implication de toute l’équipe dans le projet. Nous y voyons également l’équipe de la décoration reconstituer à l’identique la maison où était assignée Aung San Suu Kyi, tandis qu’un montage soigné fait un parallèle entre les véritables apparitions de la femme politique birmane et les scènes reconstituées avec Michelle Yeoh. En fin de documentaire, l’équipe se remémore la libération d’Aung San Suu Kyi survenue à la fin du tournage.
Ensuite, l’éditeur joint un reportage intitulé Happy World : Birmanie, la dictature de l’absurde réalisé en caméra cachée par Gaël Bordier en Birmanie, en compagnie du journaliste Tristan Mendès. La Birmanie subit les affres d’une dictature de fer depuis son indépendance en 1962. Depuis cette date, l’opposition démocratique et les minorités ethniques font face à une répression permanente. Les protestations démocratiques en 1988 furent réprimées dans le sang, la révolution de Safran de 2007 coûta la vie à de nombreux moines. Sans compter la gestion désastreuse du cyclone Nargis qui frappa le pays en mai 2008, emmenant avec lui plus de 100 000 birmans et un million de sinistrés - toujours sans assistance internationale à ce jour. Illustré par quelques animations humoristiques, chaque segment de ce reportage démontre l’absurdité du régime totalitaire : les voitures ont le volant à droite et roulent à droite, un musée de plusieurs milliers de mètres carrés est dédié à la lutte contre la drogue alors que la Birmanie est le deuxième producteur d’opium du monde… le tout étant illustré de spots réalisés par la junte pour faire venir les touristes ( » la douceur de vivre règne en Birmanie « , » ici c’est l’harmonie « ). Comme le résumait Aung San Suu Kyi : » La Birmanie est un Disneyland fasciste « .
L’interactivité se clôt sur des liens internet.
En dépit d’un léger bruit vidéo, d’un grain occasionnel et d’un piqué pas aussi tranchant qu’espéré, ce master HD en met souvent plein la vue et restitue habilement les superbes partis-pris de la photo signée par le fidèle collaborateur de Luc Besson, le chef opérateur Thierry Arbogast. La colorimétrie affiche une densité ainsi que des teintes chatoyantes jamais prises en défaut, le cadre large offre une profondeur de champ abyssale et les séquences en extérieur jouissent d’une multitude de détails. La luminosité est étonnante, le relief des textures est indéniable et les contrastes, bien que parfois trop appuyés, s’en tirent avec tous les honneurs.
Les mixages anglais et français DTS-HD Master Audio sont logés à la même enseigne et exploitent tous deux les possibilités acoustiques de votre installation sonore. Evidemment, nous ne saurons trop vous conseiller de visionner le film dans sa version originale, d’autant plus que celle ci se révèle plus dense et riche que son homologue, au doublage parfois douteux et misant souvent plus sur le rendu des voix. Dans les deux cas, les latérales sont autant mises à contribution que les frontales, les ambiances naturelles sont immersives, la balance est constante, le caisson de basses soutient les quelques séquences d’affrontements, tandis que les scènes plus intimistes sont délicates et pures.