Au pays du sang et du miel (2011) : le test complet du Blu-ray

Alors que la guerre fait rage en Bosnie, Danijel et Ajla se retrouvent dans des camps opposés malgré ce qu’ils ont vécu. Danijel est un soldat serbe et Ajla une prisonnière bosniaque retenue dans le camp qu’il surveille. Pourtant, avant le conflit, l’un et l’autre partageaient d’autres sentiments. C’était une autre vie, avant la barbarie, avant que cet affrontement ethnique violent ne prenne leur futur en otage. A nouveau face à face dans cet épouvantable contexte, leur relation devient complexe, ambiguë, incertaine. La guerre a miné leur lien.

Angelina Jolie a fait ses débuts en tant que réalisatrice en 2007 avec A Place in Time, documentaire qui mettait en parallèle 27 endroits du monde au cours d’une même semaine. Avec Au pays du sang et du miel, elle signe un premier long-métrage ambitieux, courageux, très réussi et prometteur.

Le scénario qu’elle a écrit seule se révèle passionnant, les personnages sont bien dépeints et la reconstitution évite tout manichéisme. Engagé et réaliste, Au pays du sang et du miel (titre provenant de la région des Balkans, Bal qui signifie le miel et Kan, le sang) interpelle les spectateurs, pris malgré eux dans une spirale de violence brute, la réalisatrice ne leur épargnant rien des violences faites aux femmes, dont les viols, utilisés comme une arme de guerre. On en ressort sonné, exténué. Tourné dans la langue du pays avec un casting local superbe où trônent Zana Marjanovic et Goran Kostic, loin des clichés attendus ou des effets de style propres au cinéma de genre, ce film intense, éprouvant, sincère et terrible tourné loin d’Hollywood, sur la guerre de Bosnie ne peut laisser de marbre et fait preuve d’une réelle maîtrise.

Le superbe visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche du film, un peu plus centré ici. Le menu principal est animé et musical, lumineux et élégant.

L’éditeur livre une douzaine de superbes séquences laissées sur le banc de montage (16’32”). Ne ratez pas la scène de la rencontre entre Ajla et Danijel, ainsi qu’une confrontation entre les soldats et un journaliste français. Ces scènes, dont certaines prolongent le quotidien d’Ajla cloîtrée dans sa chambre, sont présentées avec un très beau fondu au noir.

Un making of (10’24”) donne un bel aperçu du tournage, en proposant quelques impressionnantes images des prises de vue croisées avec des propos très émouvants de l’équipe du film. Nous voyons ici l’osmose des protagonistes, investis dans un projet qui leur tient véritablement à coeur.

Mais le plus gros de cette interactivité est le tchat réalisé avec Angelina Jolie et la comédienne Vanessa Glodjo (Lejla). Pendant plus d’une heure et malgré un début plutôt chaotique où les deux interlocutrices semblent mal à l’aise, tous les aspects d’Au pays du sang et du miel sont abordés, longuement, posément. Si quelques redondances semblent inévitables (les questions posées par les internautes sont souvent les mêmes), ce supplément remplace un commentaire audio traditionnel, d’autant plus qu’Angelina Jolie se confie sans langue de bois sur l’entreprise du film, mais également sur certains aspects de sa carrière, dont sa collaboration avec Clint Eastwood.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces et des liens internet.

Faites confiance à Metropolitan pour assurer le service après-vente ! Le film d’Angelina Jolie n’a certes connu (et malheureusement) aucun succès dans les salles mais se trouve choyé par l’éditeur. Le master HD tient toutes ses promesses, la colorimétrie froide souvent désaturée est splendide, les contrastes denses, les détails ciselés (merci au cadre large) et le relief omniprésent. Si la définition n’est pas optimale - certaines séquences en intérieur sont plus douces - le piqué est tranchant, et la photo du chef opérateur Dean Semler (Danse avec les loups, Apocalypto) est admirablement restituée, le grain original étant également conservé.

Les pistes DTS-HD Master Audio 5.1 serbe/bosniaque et française instaurent un confort acoustique dynamique, dense et souvent percutant. L’éditeur a bien fait de ne pas proposer la version anglaise (le film avait été tourné dans cette langue pour le marché américain) et nous vous conseillons évidemment de sélectionner la langue serbe/bosniaque. Non seulement cette piste apporte évidemment plus de réalisme au film, mais la piste en elle-même se révèle plus homogène dans son rendu des dialogues, des effets et de la musique de Gabriel Yared. Quelques séquences sortent du lot, le caisson de basses retentit souvent, et les scènes plus intimistes baignent dans un silence glaçant.